RECHERCHE
Des outils et des solutions d’adaptation des exploitations au changement climatique

Les membres du Partenariat régional recherche innovation développement (Prid) ont présenté les résultats des travaux conduits sur le changement climatique en agriculture au lycée agricole d'Yssingeaux en Haute-Loire le 14 décembre dernier. Retour.

Des outils et des solutions d’adaptation des exploitations au changement climatique
Marine Leschiutta du Sidam et Lola Godet de la chambre régionale d'agriculture ont détaillé les travaux engagés sur l'adaptation de l'agriculture au changement climatique.

Sécheresse, grêle, inondation … le changement climatique s'est progressivement invité dans les exploitations agricoles de notre région et dans le monde de la recherche. Nombreux sont les acteurs et organismes à tenter d'appréhender l'évolution climatique et ses conséquences sur l'agriculture. Réunis au sein du Partenariat régional recherche innovation développement (Prid), dont l'animation a été confiée à la chambre d'agriculture Aura, les acteurs de la recherche (Inrae, Acta), de l’enseignement supérieur (Isara, VetagroSup), du développement agricole (chambre régionale d’agriculture), l’Aria (association régionale des industries agroalimentaires), la Région et la Draaf, ont organisé un colloque en vue de faire le point sur ce thème d'actualité.

Des outils pour étudier le climat

Dans un premier temps, Lola Godet, de la chambre régionale d'agriculture, Marine Leschiutta du Sidam et Émilie Crouzat de l'Essem Inrae ont présenté les outils et dispositifs dont dispose - ou disposera sous peu – le monde agricole pour étudier le climat de notre région. C'est le cas d'Oracle, un projet qui aboutira courant 2022 à la conception d'un livret qui compilera cinq grandes familles d'indicateurs du changement climatique. Les chambres d'agriculture ont, quant à elles, recours à trois outils (AP3C, Alpages Sentinelles, Climat 21) pour appréhender le changement climatique. Porté par le Sidam et 11 chambres d'agriculture en collaboration avec l'Idele, AP3C débouche sur une projection à l'horizon 2050 pour comprendre les évolutions actuelles et à venir à partir d'une expertise climatique. Une approche systémique permet de réfléchir à l'impact du changement climatique à l'échelle de l'exploitation et des expérimentations sont conduites sur le terrain pour tester des leviers d'adaptations. Pour mieux comprendre et anticiper les conséquences du changement climatique en alpages, les acteurs des Alpes françaises ont conçu le dispositif « Alpages Sentinelles », un outil qui repose sur trois piliers (un observatoire de long terme, des groupes de travail et un lieu pour échanger), et qui vise à coproduire des connaissances et des outils techniques opérationnels. Enfin, l’outil « Climat 21 » consiste à compiler des études conduites par les départements.

L’impact du changement climatique

Fabienne Lauer, cheffe du service développement économique des filières à la chambre régionale d'agriculture Aura, a présenté les conséquences du changement climatique sur les productions agricoles. Parmi les effets attendus et d'ores et déjà constatés sur le terrain, on constate une plus grande fréquence des glissements de boue, une photosynthèse plus importante qui génère une augmentation de la croissance des végétaux, un avancement des calendriers culturaux… « En productions végétales, les cultures utilisatrices d'eau devront miser sur les outils d'irrigation (à la bonne dose) et de nouvelles productions vont apparaître. La migration vers les zones d'altitude pourrait faire monter la viticulture… Mais nous aurons de nouveaux bioagresseurs », avance-t-elle. Concernant les productions animales, elle se montre plutôt optimiste avec des besoins physiologiques des animaux qui devraient toujours être assurés ; la capacité des élevages à produire des effluents (autonomie en engrais) et des exploitations qui, grâce au stockage de carbone dans le sol contribuent à atténuer le changement climatique. « L'agriculture et l'alimentation font la paix dans le monde. Alors prêtons-y attention. Je crois que l'on peut créer les Trente Glorieuses du XXIe siècle tous ensemble », a-t-elle conclu.

Véronique Gruber