MONTCORNELLES
Le chantier médiéval du Bugey ouvrira ses portes en juin

A Aranc, sur le plateau d’Hauteville, se dessinent les premiers contours d’un chantier titanesque : la construction d’un village médiéval du 14ème siècle qui s’étalera sur les quatre prochaines décennies.
Le chantier médiéval du Bugey ouvrira ses portes en juin

Une plongée immersive dans le Moyen Âge. Voilà le pari fou que s'est lancé en 2008 Régis Navarro. Ingénieur matériaux de formation, lyonnais d'origine, il vit aujourd'hui à Ambérieu-en-Bugey. En 2010, alors qu'il cherche le site idéal pour implanter son projet, son choix se porte finalement sur la commune d'Aranc et son hameau de Rougemont pour sa situation géographique. En 2017 une société coopérative d'intérêt collectif est créée ; une forme juridique associée à l'économie sociale et solidaire, qui regroupe aujourd'hui 72 sociétaires, dont la commune et la communauté de communes Haut-Bugey Agglomération. Sans oublier l'association Coraterie médiévale du Bugey, fondée en 2015, dont les 60 bénévoles adhérents assureront le volet animation du site. « Cette année, une dizaine de nouveaux associés devraient nous rejoindre, dont le Département et Aintourisme », souligne Régis Navarro. Un soutien de taille pour ce projet dont le budget global avoisine 1,6 M€, dont 950 000 € pour l'aménagement du site (financés par la communauté de communes, la Région, le Département et le commissariat de massif) et 650 000 € à la charge de la coopérative, financés par des fonds privés et des prêts avec des structures partenaires.

Une aventure qui mêle l'histoire et la science

Les charpentiers à pied d’œuvre.  Au premier plan, Simon, 30 ans, a suivi sa formation chez les compagnons du tour de France.

 

« Guédelon, dans l'Yonne, est un modèle qui nous a inspiré pour construire notre cité médiévale de Montcornelles. Je suis motivé par la réalisation d'un site où l'on va pouvoir proposer de la médiation scientifique autour des matériaux et l'expérience archéologique. C'est un projet qui mêle l'histoire et la science. Nous allons mettre 40 ans pour construire ce village qui sera ouvert de manière saisonnière au public. L'idée étant de répondre à deux questions : comment on faisait à l'époque et avec quelles techniques de construction et pourquoi on le faisait comme ça », explique Régis Navarro. La pierre utilisée est issue des carrières du territoire (Hauteville et Champdor) et le bois issu des forêts du Bugey pour l'épicéa et la forêt de Seillon pour le chêne. Pour la construction de ce village qui comprendra une quarantaine de bâtiments (échoppes, auberges, ateliers, chapelle...) et ses tours, a été mis en place un comité scientifique composé d'archéologues, historiens, architectes, universitaires... La société coopérative emploie une dizaine de bâtisseurs professionnels, charpentiers, maçon, tailleur de pierre... qui ont démarré la construction des premiers bâtiments (les ateliers) dès juillet 2018. La forge, la halle et le démarrage de la tour porte sont au programme de la saison 2019.

Voir, comprendre et participer

Le parc sera ouvert au public à partir du 29 juin prochain. Espace de découverte pédagogique, il accueillera également des groupes scolaires à la rentrée. Le public aura la possibilité d'intégrer les équipes de bâtisseurs sous forme de stages. Il pourra voir des techniques de l'époque comme par exemple de l'équarrissage à la hache, la taille de pierres à la main, les engins de levage, le transport des matériaux. En juin débutera la construction de la tour porte, l'un des bâtiments les plus ambitieux du village avec ses quatorze mètres de haut et des murs d'1,20 m. Le parc de loisirs s'étendra sur 14 ha dont 2 ha dédiés au bourg lui-même. Régis Navarro a déjà des pistes pour travailler avec des agriculteurs du secteur afin de faire pâturer le site. Interrogé sur son ressenti à quelques semaines de l'ouverture, il confie : « C'est beaucoup de stress, mais c'est aussi un aboutissement car il s'agit d'une longue aventure. Mon sentiment, c'est un peu d'avoir couru un marathon et de finir par un sprint. Tout le côté enthousiasmant, c'est la mobilisation collective, une vraie source de satisfaction et de motivation ».

Patricia Flochon

En chiffres

12 emplois directs créés en 2019
72 associés dans la coopérative
9 années de préparation, 5 mois de chantier en 2018
14 ha dont 2 consacrés à la construction du village médiéval
1,6 M€ de budget
13 000 visiteurs attendus en 2019