FILIERE LAIT
C’est qui le Patron ?! La marque des consommateurs fait un carton

La coopérative Bresse Val de Saône, ce sont aujourd’hui 40 fermes (85 producteurs) qui produisent 26 000 tonnes de lait valorisé sous la marque C’est qui le Patron ?! Retour sur l’assemblée générale du 4 juillet à Sulignat.

C’est qui le Patron ?! La marque des consommateurs fait un carton
Wilfried Paccaud, président de la coopérative Bresse Val de Saône (2ème à gauche), entouré de Martial Darbon (ancien président, à l’origine du projet C’est qui le Patron ?!), Elsa Canot, coordinatrice générale de la marque, des directeurs de la coopérative Bresse Maconnais et CApDiS et du responsable de la nouvelle usine de trituration Nutralp. ©PF

Lors de l’assemblée générale de la coopérative Bresse Val de Saône, le 4 juillet dernier à Sulignat, son président, Wilfried Paccaud débutait ses propos par un rappel du contexte climatique et de ses incidences sur la production. « Cette année 2023 fut marquée par un été relativement chaud, voir caniculaire sur la deuxième quinzaine d’août, ce qui nous a obligé à récolter nos fourrages en urgence pour préserver leur qualité nutritionnelle. Sans oublier qu’une grande partie de notre zone a été impactée par des orages de grêle qui ont littéralement dévasté certaines cultures de printemps. Et pour finir en beauté, les conditions climatiques d’automne ne nous ont pas permis d’implanter les cultures d’hiver dans de bonnes conditions. » Malgré ces aléas, la qualité du lait est toujours au rendez-vous. Et le prix payé aux producteurs, à la hauteur des attentes. Un prix (fixé par le conseil d’administration et les sociétaires de la coopérative C’est qui le Patron ?!) qui s’élève à 540 les 1 000 litres de lait.

La brique bleue, vendue 1,27 € le litre en rayon

Et le président de poursuivre : « Dans le contexte économique actuel, c’est-à-dire une baisse du pouvoir d’achat des consommateurs, il est important de redoubler nos efforts et de rester solidaires. Il est donc primordial d’expliquer pourquoi la brique bleue est actuellement vendue 1,27 € le litre en rayon. Si nous voulons toujours des producteurs laitiers en France dans les années à venir, il faut que ces jeunes gagnent leur vie et qu’ils puissent se donner le droit et les moyens d’avoir une vie sociale. Axer également notre communication sur la protéine française ; une usine nouvelle génération de trituration de graines de colza, soja et tournesol a vu le jour au cœur de notre zone. A nous producteurs de ne pas négliger cet atout afin de faire progresser notre démarche. » 

La coopérative Bresse Val de Saône a contractualisé un volume de 26 000 tonnes de lait avec C’est qui le Patron ?! (CQLP). Elsa Canot, coordinatrice générale de la marque – venue spécialement de Paris, avec deux membres de l’équipe (une équipe globale de 35 personnes) – s’est fait fort de rappeler les fondements de cette marque de consommateurs, créée il y a huit ans.

La brique de lait, locomotive de la marque 

Créée en 2016, l’aventure qui associe Nicolas Chabanne (créateur du collectif des Gueules Cassées) et Martial Darbon, alors président de la coopérative Bresse Val de Saône, affiche aujourd’hui de beaux résultats : 15 101 sociétaires (13 426 fin 2023), dont plus de 500 nouveaux en six mois. « Un coup d’accélérateur dû aux mobilisations sur le terrain, la présence au Salon de l’agriculture, la communication de Nicolas Chabanne sur les plateaux de télévision. Et plus de 14 millions de consommateurs qui nous suivent. Ce sont plus de 500 millions de produits, dont 400 millions de litres de lait, qui ont été vendus depuis le lancement. La brique bleue est la brique de lait la plus vendue en France. On a aussi les beurres bio en haut du podium, les œufs en troisième position, suivis par les yaourts. Mais la brique de lait reste la locomotive », se félicite Elsa Canot qui annonce une « très bonne tendance » pour 2024, « avec des mois records en avril et mai ».

Evolution du cahier des charges

Le cahier des charges évolue lui aussi : quatre mois minimum de pâturage, contre trois précédemment, et l’objectif (dans le plan de progrès) d’un aliment 100 % français, afin de maintenir un prix payé au producteur de 540 € les 1 000 litres. La décision sera validée en fin d’année par les sociétaires, après consultation des coopératives engagées.

Et Elsa Canot d’ajouter : « Au final, le lait continue sa croissance. Ce qui prouve qu’à partir du moment où le consommateur sait ce qu’il se passe, il est prêt à mettre quelques centimes de plus. D’où l’importance des animations en magasins. CQLP est aujourd’hui vendu à 95 % en GMS. On voudrait rééquilibrer avec la Restauration Hors Foyer. Les enseignes prioritaires restent Carrefour, Auchan, Leclerc, Intermarché et Système U. C’est la mobilisation collective qui permet la juste rémunération :  120 journées en magasins l’an passé, plus de 200 évènements qui ont réunis plus de 700 sociétaires. »

Patricia Flochon