FILIERE LEGUMES
L’eau ne remplace pas une bonne pluie

Malgré la sécheresse de l’été 2018, l’année aura été correcte pour les cultures maraîchères avec toutefois un meilleur rendement pour les exploitations irriguées.
L’eau ne remplace pas une bonne pluie

« En 20 ans, le changement climatique s'est confirmé d'année en année. On pensait avoir un marché plus dynamique, mais d'une manière générale on observe une réduction du volume des légumes à l'échelle européenne. Avant, à la Toussaint il fallait arrêter d'avoir des légumes en plein champ alors que maintenant en décembre c'est encore bon. On peut dire que le rendement a été correct pour l'année 2018, les cultures ont continué de pousser pendant toute l'arrière saison, comme les poireaux par exemple », explique Jean-Daniel Ferrier, conseiller maraîchage à la chambre d'agriculture de l'Ain.

Des sols secs

Avec la sécheresse de cet été, toutes les plantations ont souffert. Elles ont grillé ou peu levé. Pour les exploitations irriguées et à ressource en eau non limitée, la saison a été bonne. C'est le cas dans le Val de Saône, mais en Dombes et sur la Côtière les maraîchers n'ont pas eu le rendement escompté. « La sécheresse ? elle est devenue une inquiétude permanente. Il faudrait irriguer sur 6 mois au lieu de 3 », observe Jean-Daniel. « L'eau est un point d'interrogation. Récupérer les eaux de lavage et de toiture pourrait être une solution pour garantir une réserve. Un maraîcher utilise 2400 m2 d'eau à l'hectare dans une année. Ils ont conscience que les ressources en eau ne sont pas inépuisables et qu'il vaut mieux les répartir. Mais ils ne vont pas changer leur mode de culture, ils s'adaptent c'est tout ».
Après deux années consécutives de sécheresse les sols n'ont pas eu une humidité suffisante. Les nappes phréatiques ont été asséchées. « Comme l'eau fait défaut en été il faudrait la stocker d'octobre à avril lorsqu'il y a pléthore » ajoute le conseiller.

Début d'année

La salade d'hiver plantée fin septembre a eu un bon rendement, elle n'a pas été impactée par les deux épisodes gélifs. La saison démarre même plutôt précocement. Les radis ont été semés entre Noël et le jour de l'an, c'est déjà le troisième semis. Mais il faut se méfier des gelées de février et mars. Toutefois si le temps continue à se montrer plutôt clément, radis, salades et petits pois devraient se ramasser courant avril. « De la pluie, il y en aurait besoin autant qu'il en est tombé en octobre et novembre, l'eau ne remplace pas une bonne pluie ! »

Le retour des haies

Jean-Daniel Ferrier

 

Pour Jean-Daniel Ferrier : « lutter contre le dessèchement des sols, pourrait passer par la plantation de haies de 3 à 4 mètres de haut qui abriteraient la parcelle à hauteur de 10 fois la hauteur de la haie. Pourquoi ne pas envisager aussi de sédentariser certaines parcelles ? Les producteurs en sont conscients. Nous avons besoin de légumes locaux, alors il faut s’en donner les moyens, principalement sur la
Côtière et la Dombes ».

Yolande Carron

 

Les rendements

Pommes de terre : la variété dite primeur n’a pas été impactée sur le Val-de-Saône. La collecte s’est faite du 20 juin à fin juillet. En Dombes et sur la Côtière le rendement est en baisse dû au manque d’irrigation et au taupin.
Courgettes : un virus connu a fait son apparition dans les cultures. Il n’avait pas refait surface depuis 10 ans.
Haricots verts : ils ont subi une coulure des fleurs
Légumes d’hiver : globalement la récolte a été bonne pour les cardons et les choux. Les céleris raves, les navets et les rutabagas ont nécessité un deuxième semis. Le premier ayant été infecté par les mouches. De ce fait la croissance n’a pas été forte.