DÉPLACEMENTS
Le monde politique au chevet de la profession

L’épisode de gel survenu la semaine dernière a bousculé les agendas. Elus locaux, responsables professionnels et politiques se sont pressés sur le terrain dès les premières heures pour constater les dégâts et apporter leur soutien aux agriculteurs sinistrés. Le Premier ministre a promis le 10 avril des aides exceptionnelles et rapides.

Le monde politique au chevet de la profession
Le Premier ministre, Jean Castex, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie (photo), et le ministre délégué chargé des comptes publics, Olivier Dussopt, se sont déplacés, samedi 10 avril, en Ardèche et en Drôme pour constater les dégâts causés par le gel survenu dans la nuit du 7 au 8 avril. ©AD

Le balai des responsables politiques et professionnels n’a pas tardé ! Dès vendredi, soit au lendemain du réveil glacial du 8 avril, Laurent Wauquiez s’est rendu dans plusieurs exploitations du territoire. Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a pu mesurer l’étendue des dégâts du gel. Abricotiers, cerisiers, pêchers, pommiers et même poiriers, toutes les espèces produites par Mathieu Chaléat à Albon (Drôme) ont été impactées. L’élu a demandé la mise en œuvre d’un fonds national exceptionnel dédié exclusivement à cet épisode de gel pour venir compléter le fonds des calamités agricoles. « Il faut une coordination nationale pour obtenir rapidement un seul et même dispositif en additionnant toutes les collectivités locales, l’État et l’Union européenne », a-t-il proposé. La Région Aura pourrait très vite mobiliser une première enveloppe d’aides de 15 millions d’euros. Le même jour, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a fait elle aussi le déplacement chez des producteurs en Drôme et en Ardèche touchés par le gel survenu durant la nuit du 7 au 8 avril.

Jean Castex et Julien Denormandie sur le terrain

Jean Castex, Julien Denormandie et Olivier Dussopt se sont déplacés, samedi 10 avril, en Ardèche. Le Premier ministre, le ministre de l’Agriculture et le ministre délégué chargé des comptes publics ont rencontré Jérôme Pasquio à Colombier-le-Cardinal (Nord-Ardèche). Ici, comme sur l’ensemble du département, les dégâts sont considérables. Dans les vergers, le thermomètre est descendu jusqu’à - 5°C. Malgré de nombreux moyens de lutte déployés pour protéger ses arbres fruitiers, le producteur estime avoir perdu 100 % de sa récolte. Julien Denormandie s’est ensuite rendu sans son Premier ministre chez Jean-François Vassy, arboriculteur à Larnage (Drôme). « On a eu un gel exceptionnel en intensité mais surtout en durée. Je n’aurai quasiment rien à récolter », a-t-il expliqué au ministre de l’Agriculture. Là aussi, le recours selon les parcelles à toute la panoplie des systèmes de lutte anti-gel (irrigation sur et sous frondaison, quatre Frostguard, bougies, tours à vent) n’a rien pu sauver. A Chabrillan (Drôme), sur l’exploitation de Pierre-Christophe Barnier qui cultive 10,5 ha d’amandiers en agriculture biologique, même constat désastreux : les températures négatives de la nuit du 7 au 8 avril, jusqu’à - 6 °C, n’ont laissé aucune chance aux amandes.

Des mesures immédiates et un travail de fond

Les représentants du monde agricole ont appelé très tôt à la mise en place d’un plan d’urgence avec des mesures exceptionnelles et rapides, pour faire face à la « fermeture climatique » consécutive à l’arrêt des productions gelées. Le Premier ministre, Jean Castex a annoncé dès sa première visite en Ardèche que « le dispositif de calamités agricoles sera déplafonné et un fonds exceptionnel mis en œuvre ». Le ministre de l’Agriculture a, pour sa part, indiqué souhaiter « que les premières aides arrivent dès le mois de juin ». Une réunion autour des ministres de l’Agriculture et du Budget avec les responsables des organismes agricoles s’est tenue ce lundi (lire encadré).

Une fois le court terme réglé, les organisations professionnelles ont demandé le week-end dernier que soit engagé « un travail de fond pour rénover entièrement le système des calamités agricoles ». Un message rappelé dans un communiqué le 13 avril par la FRSEA et les JA Auvergne-Rhône-Alpes. Le Premier ministre a lui-même indiqué le 10 avril devoir « poursuivre et amplifier des actions structurelles. C’est ce que nous faisons et allons faire, notamment dans le cadre de la nouvelle Pac et de la Loi Climat en cours de discussion à l’Assemblée nationale, pour accompagner l’agriculture à faire face et à s’adapter à ces changements. Nous avons besoin d’une agriculture forte, de renforcer cette profession et de l’adapter ». Et son ministre de l’Agriculture de confier sur l’assurance récolte : « J’ai passé des nuits sur ce dossier et j’étais même prêt à la rendre obligatoire pour constituer un socle financier. Mais ce type de risque n’est pas assurable sans la solidarité nationale ».

Sébastien Duperay (avec A.Lévêque, C.Ledoux et S.Sabot)