De toutes les races, c'est la Limousine qu'ils préfèrent

Margaux Legras-Maillet
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A la ferme de Lusignat à Chevroux, la famille Grosbon, installée depuis trois générations, vit sa passion pour la race limousine et la vente directe. Aujourd'hui, elle souhaite commercialiser davantage de mâles reproducteurs sur le département et les environs. 

De toutes les races, c'est la Limousine qu'ils préfèrent
Vincent Grosbon, un passionné d’élevage et le nouveau reproducteur Redon arrivé depuis peu sur l’exploitation. Il a été acheté en copropriété avec le Gaec Robin Vannier situé en Saône-et-Loire, ce mâle s’est déjà démarqué en concours c’est un fils de Gagneur. Photo/Yolande Carron

Si la Charolaise et la Montbéliarde règnent en maîtres sur les exploitations aindinoises, Vincent Grosbon, lui, préfère la Limousine qu’il a eu l’occasion de découvrir en apprentissage lors de son Bac Pro chez Maurice Roux un éleveur installé à Montblet en Sâone-et-Loire. « Pour une qualité de viande, c’est la bête la mieux adaptée assure Vincent, elle a un super rendement carcasse et un très bon taux de muscles, son volume de viande est parmi les meilleurs grâce à la finesse de ses os, elle possède aussi des aptitudes bouchères remarquables. Sa viande au grain fin est réputée pour sa tendreté. » C’est entendu, l’éleveur est un passionné de la race limousine. Installé depuis 2012 en Gaec sur une exploitation familiale créée par Paul Grosbon le grand-père, le ferme de Lusignat à Chevroux regroupe trois associés, Michel le père de Vincent et Béatrice sa tante. Ils sont spécialisés dans l’élevage allaitant, la reproduction et la vente directe (dont ils fêteront les 20 ans l’an prochain), pour ces agriculteurs, la limousine est la race la plus adaptée pour faire de la vente directe. L’exploitation possède aussi un atelier porcs avec découpe et transformation sur place.
 
Une race rustique
 
Avec sa robe froment vif, la Limousine est la seconde race allaitante française. Ni la plus grande ni la plus lourde, elle conjugue qualités maternelles et d’élevage. « Les vaches sont très rustiques et ne craignent pas le froid, elles restent toute l’année en plein air semi intégral, avec juste un abris tunnel pour se mettre à l’abris en cas d’intempérie, notre terrain est composé de sable chaud très filtrant, explique Vincent, le fait qu’elles soient dehors évite la concentration dans les bâtiments et limite les frais de vétérinaire car elles n’ont pas de problème respiratoire ou de diarrhée. » Les génisses d’un an restent en stabulation, « nous avons très peu de service de bâtiment par rapport au cheptel, c’est une économie. » Réputée pour ses facilités de vêlage, la Limousine évite les nuits blanches aux éleveurs, « les césariennes on ne connaît pas, confirme Vincent, c’est rare que nous allions les aider pour les vêlages, on va dire que moins de 5 vaches par an le font avec aide. » Les vêlages se déroulent du 15 août au 15 octobre en plein air, mais toujours à proximité d’un bâtiment au cas où la vache rencontrerait un problème.

« « Les vaches sont très rustiques et ne craignent pas le froid, elles restent toute l’année en plein air semi intégral, avec juste un abris tunnel pour se mettre à l’abris en cas d’intempérie, notre terrain est composé de sable chaud très filtrant », explique Vincent Grosbon. Photo/ Yolande Carron 

A entendre l’éleveur on pourrait croire que ses Limousines n’ont aucun défaut, toutefois il leur reconnait un point faible : « Ce sont des animaux un peu sauvages qui ne supportent pas la contention, aussi nous les prenons à la corde tous les jours pour leurs faire des soins et les dresser en même temps. »
 
Lanaud, la consécration
 
Bien connue des éleveurs, la Station nationale de qualification de Lanaud située à Limoges occupe une place centrale au sein du programme français d’amélioration génétique de la race bovine Limousine. Son objectif principal est de proposer de futurs reproducteurs aux qualités reconnues, améliorant ainsi la race Limousine. Pouvoir y déposer un bête en pension, c’est la récompense d’un travail bien fait pour un éleveur et l’assurance d’assurer de bonnes ventes. Les associés du Gaec de Lusignat savourent ce plaisir depuis quelques années puisqu’en 10 ans, ils ont apporté trois veaux à Lanaud. Le regard bleu de Vincent s’illumine lorsqu’il raconte ses voyages à Limoges, « nous visons à mettre un a deux taureaux tous les ans. Ils restent là-bas pendant 4 mois et partent entre 9 et 10 mois chez un acheteur aux termes de la vente aux enchères. C’est beaucoup de travail et pas mal de stress aussi avant qu’il soit installé, on le soumet d’abord à l’inspecteur du Herd-book Limousin du secteur (livre généalogique répertoriant les animaux appartenant à la race), s’il le valide on part avec la bétaillère et le jour de l’arrivée il y a encore une personne à la commission d’entrée. Pendant l’expérimentation le taureau peut être refoulé, cela nous est déjà arrivé de retourner le rechercher. Il faut aller jusqu’au bout quand on fait de la sélection, on le sait, ce n’est jamais gagné d’avance. » Pour Vincent, Lanaud est la seule vitrine qui permet de réaliser de belles ventes. « Les critères de Lanaud et la sélection limousine correspondent pleinement à la commercialisation dos et culotte imposée par le marché. On travaille sur de la génétique haut de gamme. »
 
Conduite de la reproduction
 
Au Gaec, on travaille sur l’accouplement en sélectionnant les souches. Un quart des génisses sont inséminées artificiellement et le reste en monte libre. « Pour les mâles reproducteurs nous travaillons avec Lanaud, on essaye d’acheter toujours des RJ (reconnu jeune) dans les meilleures sélections. Notre but ultime c’est de faire rentrer nos taureaux à la station et d’être classés RJ. »
Concernant les veaux de l’année ils sont triés, 4 à 5 mâles sont destinés aux éleveurs de l’Ain et les autres pour faire des croisements avec des laitières en juin. Quasiment toutes les vaches du cheptel sont inscrites au Herd-book.
 
Côté concours
 
Les éleveurs envisagent de participer au concours interrégional Bourgogne Rhône-Alpes PACA qui se déroulera dans les Hautes-Alpes au mois d’octobre.
Sur les trois taureaux qu’ils possèdent, deux sont en copropriété avec un élevage de Saône-et -Loire.
Ils projettent également avec le taureau Redon d’aller au national et après, pourquoi pas à Paris.
 
 Yolande Carron 

250 ha de SAU ;
130 ha culture maïs blé soja seigle soja, une partie pour l’alimentation des bovins et l’autre est commercialisée ;
80 vaches allaitantes limousines ;
Un atelier porcs poste sevrage engraissement de 300 places ;
3 points de vente directe : à la ferme, en magasin de producteurs à Pont-de-Vaux et Feillens dans leur propre magasin ;
12 porcs par semaine, 1 génisse ou une vache est part pour la vente directe tous les 15 jours ainsi que 10 veaux rosés par an ;
Un atelier pain/pâtisseries complète l’activité.