CHANGEMENT CLIMATIQUE
L’irrigation pour résister au réchauffement du climat

Lors des 18e Rencontres rhodaniennes à Orange organisées par plusieurs structures de la vigne et du vin, les résultats d’un projet explorant les voies d’adaptations techniques aux évolutions climatiques, le programme Laccave (2012-2016) ont été présenté.
L’irrigation pour résister au réchauffement du climat

L'augmentation de la température moyenne du globe modifie les équilibres provoquant des variations plus importantes du climat avec des étés plus chauds, des sécheresses plus intenses ou des coups de gel plus tardifs. En viticulture, on observe déjà depuis une trentaine d’années que les dates de vendanges sont de plus en plus précoces en moyenne. Le chercheur, Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri de l’Inra et Viviane Becart, du syndicat des vignerons des côtes du Rhône, ont abordé la question délicate du changement climatique lors du premier atelier des Rencontres rhodaniennes début avril.

Le chercheur de l’Inra a présenté les résultats du projet Laccave (2012-2016) qui a proposé plusieurs voies d’adaptations techniques, avant d’annoncer qu’un 2programme Laccave venait d’être adopté. De son côté, Viviane Becart a rappelé ce qui pouvait se faire à court-terme et en pratique, pour lutter contre le réchauffement. « La vigne transpire en moyenne entre 20 et 25 litres d’eau par jour. Des apports d’eau réguliers et quotidiens, en périodes sèches, sont conseillés, dans les plages autorisées. L’objectif est d’éviter que la vigne ne soit trop stressée entre la nouaison et la fermeture, pour ne pas impacter la phase de grossissement des baies. Pour les AOP du Sud-Est de la France, cela revient à apporter de 1 à 2 mm d’eau par jour et on peut désormais le faire dès le 1er mai au lieu du 15 juin, la réglementation venant de changer », rappelait la spécialiste du syndicat des vignerons des côtes du Rhône, en présentant des résultats d’essais menés par différentes chambres d’agriculture. « L’irrigation est un moyen de sauver une vigne et d’assurer sa pérennité. Mais nous savons qu’il n’y a pas de proportionnalité entre le rendement et la dose apportée. L’irrigation a presque toujours un effet sur le rendement, avec un gain de maturité car les témoins non irrigués sont souvent en blocage de maturation en année sèche. »

L’autre voie est aussi de choisir des cépages tolérants à la sécheresse, en n’oubliant pas que ces derniers ont un comportement particulier, comme la syrah qui perd ses feuilles en conditions stressantes. « Ainsi, pour éviter la défoliation, pensez à maintenir une bonne surface foliaire exposée, tout en limitant les feuilles d’ombre, gaspilleuses et qui transpirent sans produire. »

Projet Laccave 2 : synthétiser les connaissances

Après le premier projet Laccave (2012- 2016), l’Inra vient de valider la poursuite de ce programme dans le cadre d’un projet interne qui sera conduit entre 2018 et 2021. « Ce projet comporte trois volets », détaille le chercheur de l’Inra, Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri. Le premier volet porte sur la formalisation de la connaissance. « L’idée est de produire des documents pratico-pratiques à partir des connaissances de la science et de ce que nous avons récolté comme informations durant le premier projet, en focalisant sur des points précis comme l’érosion des sols, la gestion de l’irrigation, le lien entre les maladies et le changement climatique... Bref, faire la synthèse de la somme d’informations que nous avons collectées pour ensuite la diffuser. »

Le deuxième volet visera à travailler sur la production d’indicateurs du changement climatique. « Ces indicateurs devront être utilisables et permettre à la fois de comprendre le passé et d’anticiper l’avenir. Ils devront également être simples. Ce travail sera porté en partenariat avec le réseau des chambres d’agriculture et l’APCA avec qui nous allons co-construire les modèles afin de ne pas passer à côté de choses vues sur le terrain et que nous, chercheurs, n’aurions pas identifiées comme importantes. »

Enfin, le troisième volet sera participatif et visera à tester de nouveaux types d’exploitation « qui tiennent compte des contraintes du changement climatique, de l’environnement, des attentes sociétales... nous voulons réfléchir aux exploitations viticoles de demain », conclut Iñaki Garcia de Cortazar-Atauri.