PRÉDATION
Un troupeau de brebis attaqué à Aranc

Margaux Legras-Maillet
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Éleveur de brebis allaitantes et de vaches Aubracs, Eric Goyet est encore sous le choc, après deux attaques, a priori de loup, survenues en quinze jours. A bout, il décide de vendre son troupeau. 

Un troupeau de brebis attaqué à Aranc
L’une des brebis été achevée à quelques mètres seulement des fenêtres de l’habitation. Photo/Eric Goyet

C’est la goutte d’eau. En quinze jours, Eric Goyet, éleveur à Aranc, a subi deux attaques sur son troupeau de brebis, la première dans la nuit du 23 au 24 août, la seconde dans la nuit du 7 au 8 septembre. Cinq ont été retrouvées mortes, quatre ont dû être euthanasiées en raison de leurs blessures, l’une d’entre elle avait été éventrée. Il n’en fallait pas plus à l’éleveur pour jeter l’éponge. Alors que sa compagne Aurélie devait s’installer avec lui en élevage de brebis allaitantes, ils ont tous deux décider de stopper leur projet.

En deux attaques, Eric Goyet a perdu cinq brebis, en plus de quatre blessées qu’il a dû faire euthanasier. Photo/Eric Goyet 

Encore sous le choc, Eric Goyet a même mis en vente la totalité de son cheptel, au total 70 mères et leurs petits. Une autre démonstration de la décapitalisation par la prédation. En effet, les deux attaques seraient a priori imputées au loup, le concours éventuel d’un lynx ayant été complètement écarté. Depuis, l’éleveur, avec l’aide de l’Apacefs (Association des protections alternatives pour la cohabitation de l’élevage et de la faune sauvage), a mis en place des filets électrifiés de 1,20 m de haut, fournis par la DDT à l’association, et disposé plusieurs pièges photos autour de la ferme. Malgré ces dispositifs, Eric Goyet n’ose plus changer ses brebis de pré : « Même la journée je ne suis pas tranquille. Quand il fait beau ça va, mais s’il y a du brouillard, j’ai peur de ne pas le voir venir », craint-il. 
 
« Ça fait froid dans le dos »
 
Et tout autant que la présence du loup en elle-même, c’est l’aisance avec laquelle le loup s’approcherait des habitations qui inquiète l’éleveur. « Après la première attaque, nous avons ramené les brebis une semaine à l’intérieur – les petits n’étaient, eux, pas dehors – puis nous les avons changées de prés et placées devant la maison dans un parc électrifié. Elles étaient à 30 m de ma fenêtre et à 20 m de celles du voisin. On ne s’y attendait pas… J’ai deux enfants de deux et quatre ans, ça fait réfléchir de savoir que le loup vient jusque devant la maison, ça fait froid dans le dos », témoigne-t-il. Propriétaire d’un troupeau d’Aubracs, l’éleveur appréhende aussi pour la survie de ses deux veaux, âgés d’un mois à peine, et la naissance des autres au mois d’octobre : « c’est l’appréhension, si ça continue je vais rentrer les vaches avant qu’elles vêlent. » Après l’attaque, il a envoyé des sms à tous ses voisins pour les prévenir. Depuis, il croule sous les appels téléphoniques de collègues inquiets pour leurs troupeaux.