INVITÉ
« Ouvrez et montrez vos élevages »

Le docteur François Courouble, vétérinaire et président de la commission bien-être animal de la société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) a livré sa vision des élevages français, lors de l'assemblée générale du GDS.
« Ouvrez et montrez vos élevages »

« On ne peut pas avoir de bien être animal si l'éleveur n'est pas bien » avance François Courouble. Dans 99% des élevages, les animaux sont bien traités. Bien des éleveurs ont vite compris qu'il n'y aurait pas d'avenir pour l'élevage sans montrer patte blanche en matière de bien-être animal. Mais les images et les actions qui circulent sur le net provoquent chez certains citoyens une rupture irrémédiable avec l'idée d'élever des animaux pour les manger. C'est d'ailleurs l'objectif d'une partie des militants de la cause animale.
« Pour répondre à la montée en puissance de ces associations de protection animale il faut ouvrir vos élevages, faire des portes ouvertes et montrer que vos animaux sont bien traités ». Ce message François Courouble l'a lancé avec beaucoup de conviction.

Bien observer

Il a rappelé quelques principes qui méritent réflexion. « Les mesures environnementales existent, les 9m2 paillé par bête, ils sont respectés par l'éleveur mais on ignore ce que l'animal en pense. Le bien être animal, ce n'est pas que mesurer. Il faut regarder comment les animaux se débrouillent. Juger si le couloir pour aller à l'abreuvoir est suffisant, si l'eau est propre. En un mot sortir des normes techniques écrites. 6 à 8 h sont nécessaires pour évaluer le bien être animal d'un bâtiment et 48 h pour l'élevage. La socialisation existe chez les bovins, il y a une hiérarchie. Une mère adoptive, 3 ans, après reconnaîtra le veau qu'elle a
nourri ». Le vétérinaire en a fait l'expérience dans l'élevage de sa fille à Ambronay où une vache Highland a nourri un veau Montbéliard.

Ce qu'il pense

François Courouble n'a pas caché sa façon de voir les choses : « écorner les bovins, et les castrer, ce n'est pas bien, les éleveurs devraient arrêter de le faire. Lorsque les vaches ont des mammites, l'éleveur doit être attentif. On ne peut pas dire que quelque chose est douloureux et ne pas le prendre en charge. Vous devez donner une image positive de votre métier ».

Signaler n'est pas dénoncer

« Nous avons tous affaire à des éleveurs qui maltraitent leurs animaux, rarement de façon volontaire, mais souvent par négligence, et le vétérinaire est le mieux placé pour jouer un rôle d'alerte, car il connaît à la fois les élevages dans lesquels il intervient et les signes de mauvais traitement. » Souvent, les cas sont connus depuis longtemps, mais personne n'ose rien dire, en raison de l'historique personnel de l'éleveur, des problèmes familiaux ou économiques qu'il rencontre : « Là où il y a du mal-être humain se trouve toujours du mal-être animal », a assuré François Courouble en précisant que « signaler n'est pas dénoncer. La protection animale fait partie de la santé publique vétérinaire depuis l'ordonnance du 31 juillet 2015. Ainsi, pour lui, « il est de notre devoir, par notre mandat sanitaire, de signaler tout problème de maltraitance. Le secret professionnel n'existe pas entre confrères ».

Y.C