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Emmanuel Macron renforce la couverture des agriculteurs contre les aléas

En déplacement à Corbières (Alpes de Haute-Provence), le président de la République Emmanuel Macron a annoncé le 10 septembre dernier un doublement des fonds publics alloués à la gestion des risques climatiques en agriculture à partir de 2023. 

Emmanuel Macron renforce la couverture des agriculteurs contre les aléas
Emmanuel Macron, le 10 septembre dernier, lors de l'évènement Terres de Jim. ©DR

« C’était très attendu et c’est très fort ». Au sortir des annonces d’Emmanuel Macron à Corbières dans les Alpes de Haute-Provence, le président des chambres d’agriculture Sébastien Windsor ne boude pas son plaisir. Comme espéré par le syndicalisme agricole majoritaire, le président de la République a annoncé, le 10 septembre dernier, qu’il doublera le soutien aux deux principaux outils de gestion des risques climatiques en agriculture : l’assurance climatique privée et le régime public des calamités agricoles. 

Un bénéfice escompté dès 2023 pour les agriculteurs

Les fonds alloués à l’ensemble de ces mesures vont passer de 280 millions d’euros aujourd’hui à quelque 600 millions d’euros par an, a-t-il annoncé. Une somme qui s’inscrit dans la fourchette basse de ce que préconisait le député LREM Frédéric Descrozaille. Mais le président de la République a promis d’agir vite, ce qui rassure le syndicalisme majoritaire. Un projet de loi sera « présenté en conseil des ministres en décembre, discuté à l’Assemblée nationale en janvier et voté durant cette mandature », a promis Emmanuel Macron. Cela devrait permettre aux agriculteurs de bénéficier de la réforme à partir de 2023, s’est félicité le président des Jeunes agriculteurs Samuel Vandaele. A l’heure actuelle, le contenu précis de la réforme n’a pas encore été divulgué par le président de la République, mais son cabinet avait averti la veille qu’il reprendrait les grands principes proposés par le député Descrozaille, qui animait au printemps un groupe de travail regroupant à la fois la profession agricole et les assureurs. 

Augmenter le nombre d’assurés

L’objectif principal de cette mesure est d’augmenter le nombre d’agriculteurs ayant souscrit une assurance récolte multirisques climatiques (MRC). Créée dans les années 2000 en France par les assureurs privés avec l’appui des pouvoirs publics, cette assurance vient assurer un vaste panel de risques climatiques, que ce soit la grêle, le gel, les inondations ou encore la sécheresse. Problème : elle a peu convaincu jusqu’ici et ne concerne que 30 % des surfaces de grandes cultures, 6 % de l’arboriculture et 1 % des prairies en France. La réforme annoncée va permettre de renforcer « l’accessibilité » de cette assurance, a annoncé Emmanuel Macron. C’était l’une de ses limites, avait pointé un rapport des inspecteurs des finances (IGF) et agricoles (CGAAER) en 2015. L’assurance privé souffrait d’un manque d’attractivité notamment au regard de la traditionnelle assurance grêle. Elle pâtissait également d’une concurrence du régime des calamités agricoles, que la réforme doit permettre de gommer. 

Un aboutissement pour la FNSEA

Cette enveloppe était demandée de longue date par le syndicalisme majoritaire. Les précédents ministres de l'agriculture Stéphane Travert puis Didier Guillaume y souscrivaient sur le principe mais n'avaient pas obtenu le feu vert de l'Elysée et étaient venus les mains vides aux congrès de la FNSEA. Julien Denormandie devrait pouvoir assister l’esprit tranquille au prochain congrès du syndicat majoritaire, les 21-23 septembre prochains. La réforme ne devrait néanmoins pas contenter les deux syndicats minoritaires, la Confédération paysanne et la Coordination rurale, tous deux opposés au soutien public à l’assurance privée.

Mathieu Robert