TROPHÉES DE L'AGRICULTURE
Huit distinctions pour l'agriculture locale
Ce jeudi 15 septembre, les acteurs de l'agriculture locale ont mis à l'honneur huit initiatives sociales, environnementales, économiques, agronomiques ... et exploitations lors des Trophées de l'agriculture organisés par Le Progrès Événement.
Huit prix ont été remis à des exploitants agricoles, Cuma, et Gaec ce jeudi 15 septembre dans la salle des fêtes de Péronnas lors de la septième édition des trophées de l'agriculture organisés par Le Progrès Événement. Intialement prévue au Parc des Oiseaux, la pluie, mais aussi la présence dans le département de l'influenza aviaire ont poussé à la migration de la soirée. Pas de quoi en tout cas entamer l'enthousiasme des partenaires, élus et OPA, venus nombreux pour célébrer l'agriculture locale. « Les agriculteurs sont une chance pour l'économie locale, ils donnent des emplois et des produits locaux pour les consommateurs », a rappelé en préambule Bernadette Loubier, présidente du jury et directrice des éditions du Progrès de l'Ain. Après un été de sécheresse, et des mois d'inflation et de pénurie de matières premières et de main-d'oeuvre, la résilience et l'adaptation de l'agriculture face aux aléas climatiques et à la conjoncture ont été au coeur des intiatives mises à l'honneur.
Trophée Agrilocal : Nicolas Zimerli (Thil)
Nicolas Zimerli, céréalier bio à Thil, reçoit le prix Agrilocal décerné par le Conseil départemental. Photo/MLM
Comme traditionnellement, le trophée Agrilocal, décerné par le Conseil départemental de l'Ain, a ouvert le bal. « Depuis sa mise en place en 2017, le chemin parcouru par Agrilocal 01 a été fulgurant. Depuis 2020, la plateforme est la première de France en termes de chiffre d'affaires avec 1,2 million d'euros (M€). En 2021, 680 000 repas ont été conçus 100 % agrilocal. (...) Dans les collèges, il y a moins de gaspillage et les enfants apprennent à bien manger. Les restaurants privés et les élus locaux doivent jouer le jeu, c'est une affaire de tous », soulignait Jean Deguerry, président du Conseil départemental avant de remettre son prix à Nicolas Zimerli, céréalier sur la commune de Thil. Certifié Agriculture biologique depuis mai 2018, il cultive maïs, soja, sorgho, blé, orge, luzerne et depuis peu des lentilles vertes, blondes, corailles et pois cassés qu'il vend en vente directe. « Au début, je travaillais avec des Biocoop lyonnaises, et depuis que je suis inscrit sur Agrilocal, je travaille avec des collectivités locales sur la Côtière. Je fournis des lentilles biologiques à deux collèges », s'est réjoui l'exploitant.
Trophée de l'agriculture de proximité : Pascal Chanel (Jasseron)
Le Conseil régional a remis le trophée de l'agriculture de proximité à Pascal Chanel, éleveur de volailles de Bresse à Jasseron. Photo/MLM
Deuxième mis à l'honneur, Pascal Chanel, éleveur de volailles de Bresse sur la commune de Jasseron. Avec 4 000 têtes produites chaque année, l'exploitant, installé depuis 1987, revendique une agriculture basée sur des savoirs ancestraux : « Je travaille traditionnellement, avec du maïs en cribs, du lait babeurre, des bottes de paille en petits ballots que je vends pour la permaculture. Je tiens beaucoup à la volaille de Bresse et je n'ai rien changé au cahier des charges. » Depuis 2008, Pascal Chanel vend 100 % de sa production en vente directe. « J'ai choisi les circuits court parce que j'étais sollicité par les clients et il y avait une vraie demande. Ca permet d'avoir une plus value et un contact avec la clientèle. » Le trophée a été remis par Xavier Breton, député de la première circonscription de l'Ain qui représentait Laurent Wauquiez. L'élu a par la même occasion cité plusieurs soutiens de la Région à l'agriculture : elle « a signé un plan de développement de 3,2 M€ pour la proximité qui a permis de labelliser 150 lycées La Région dans l'assiette. Auvergne-Rhône-Alpes est le premier budget agricole des régions de France avec 18 filières aidées. »
Trophée de la transmission : Hervé et Julien Odet (Saint-Jean-de-Thurigneux)
La SCEA du Petit Lignieux obtient le trophée de la transmission par Fiducial. Photo/MLM
Créée en 2018, la SCEA du Petit Lignieux est une exploitation familiale qui cultive 300 ha de céréales (maïs, blé, colza) et 3 ha de pommes de terre. Il y a un an, Hervé et Julien Odet ont investi pour installer 750 m2 de panneaux photovoltaïques sur un nouveau bâtiment de stockage. Mais si leur installation est récente et leur activité en rythme de croisière, le père et le fils ont déjà le regard tourné vers l'avenir. Comme l'a rappelé Éric Luc, directeur commercial et expert-comptable chez Fiducial, une transmission ça se réflechit en amont. Et Hervé Odet d'ajouter : « Pour l'instant je suis encore en activité avec mon fils, je ne suis pas à la retraite, mais ça se prépare. On veut trouver quelqu'un pour l'aider parce qu'on a des surfaces importantes et plusieurs structures. Aujourd'hui, on a décidé de prendre un apprenti pour deux ans. »
Trophée des filières : Jérôme Curt (Vandeins)
Jérôme Curt (à droite) reçoit le trophée des filières de la part du Groupe Bernard. Photo/MLM
Qui d'autre que le groupe Bernard, spécialisé en production végétale, expédition des marchandises et développement des filières, pouvait être mieux placer pour remettre ce trophée. « Nous sommes là pour accompagner, il faut aller vers une agriculture productive mais qui va dans le sens de l'environnement », a résumé Christophe Saint-Cyr, directeur général délégué du groupe centenaire cette année. Jérôme Curt, de la Ferme du trèfle à Vandeins, est le lauréat gagnant. Eleveur de vaches de race Angus (120 mères), Jérôme Curt, a femme et son fils se lance dans le croisement de filières bovines. « La filière qu'on a développée est le fruit de notre expérience, et a pour objectif de répondre aux attentes de la société. La solution retenue est le croisement de vache Montbéliarde avec des taureaux de race Angus pour un bilan carbone neutre, a expliqué l'exploitant. On a déjà fait un bilan carbone neutre cette année avec l'aide de la Chambre d'agriculture. On peut produire de la viande sans polluer et j'aime quand on ne sépare pas le bien-être animal de celui des Hommes. Quand on fait les choses bien, on a un produit sain dans l'assiette et une viande riche en omega 3. »
Trophée de l'agriculture biologique : Ferme Biodélices (Saint-Julien-sur-Veyle)
La Ferme Biodélices obtient le trophée de l'agriculture biologique décerné par la Maison Marion. Photo/MLM
Situé à Saint-Jean-sur-Veyle, le Moulin Marion produit des farines biologiques à partir de variétés anciennes (blé rouge de Bordeaux, épeautre, petit épeautre, etc.). Son directeur général, Julien-Boris Pelletier, a remis le trophée de l'agriculture biologique à la Ferme Biodélices, située à Saint-Julien-sur-Veyle et qui élèves des vaches allaitantes, porcs en plein air et des volailles de Bresse. Robin et Anne-Sophie Simon cultivent également des légumes plein champ et des céréales qu'ils transforment sur place et vendent en AMAP et magasins bio.
Trophée de l'innovation collective : collectif d'exploitations certifiées HVE
Vingt-et-une exploitations de l'Ain ont été certifiées Haute valeur environnementale cette année, grâce au soutien de la Chambre d'agriculture qui a remis le trophée de l'innovation collective à l'ensemble du collectif. Photo/MLM
Le sixième trophée a récompensé l'innovation collective d'exploitations engagées dans une démarche certificatrice Haute valeur environnementale. Et Michel Joux, président de la Chambre d'agriculture, d'en rappeler les principes : « Dans l'Ain comme en France, l'agriculture est très diversifiée (biologique, HVE 3, ou autre) et pour la préserver, on doit pouvoir la certifier. La Chambre d'agriculture s'est engagée dans cette démarche en auditant des agriculteurs intéressés par la certification HVE. Le collectif s'inscrit ensuite et un organisme certificateur indépendant tire au sort 20 % des exploitants du groupe. La certification est collective donc chacun s'engage pour les autres. » « C'est une façon de montrer à la population qu'on fait bien les choses, parce qu'on est souvent décrié », concluait Florian Rousset, membre du collectif.
Trophée de l'agriculture 3.0 : Cuma du Vouvray-Ochiaz
La Mutualité sociale agricole (MSA) et la Confédération générale de l'agriculture (CGA), représentée par son président Adrien Bourlez (à gauche), ont remis le trophée de l'agriculture 3.0 à la Cuma de Vouvray-Ochiaz, en mains propres de Jean-Pierre Gabut, son président. Photo/MLM
Créée il y a une trentaine d'années, la Cuma Vouvray-Ochiaz aurait pu aussi bien pu être lauréate pour le trophée de l'innovation collective. Avec le soutien de la FDCuma, elle s'est associée aux Cuma de Chanay-la-Dorche et des Cyclènes pour pouvoir investir dans l'achat de quatre tonnes à lisier, et l'installation du système informatique Magisoft qui facilite à la fois la réservation de matériel et la facturation. « Nous avons réfléchi sur la possibilité d'acheter du matériel de qualité, parce que le nôtre arrivait en bout de course, on a mis deux ans pour y arriver. Magisoft permet de réserver en ligne, de manière plus souple », a expliqué Jean-Pierre Gabut, président de la Cuma. Pour Adrien Bourlez, remercier les initiatives facilitratrices de l'activité des agriculteurs est l'affaire de tous : « On dit toujours qu'une exploitation c'est sept emplois en amont, sept en aval. Et pour gravir tous les enjeux de l'agriculture, on a besoin de toute la famille agricole.» Le président de la CGA en a profité pour faire une piqûre de rappel sur les difficultés auxquelles sont confrontés les agriculteurs aujourd'hui : « Je me suis installé il y a vingt ans et à l'époque on disait qu'il fallait de la terre pour être agriculteurs. C'est vrai, mais il faut de l'eau aussi et culturellement on n'est pas prêt à faire tout ce qu'il faut pour en trouver. On le voit avec les bassins de rétention. »
Trophée de l'avenir : Fanny Varoux (Champagne-en-Valromey)
Fanny Varoux, agricultrice avec son mari au Gaec Black Angus à Champagne-en-Valromey, a été mise à l'honneur par le trophée de l'avenir, décerné par la Fédération du Crédit Mutuel Sud-Est, représentée par son président Gérard Cormorèche. Photo/MLM
Le dernier trophée de la soirée a a été remis à Fanny Varoux, agricultrice avec son mari au Gaec Black Angus à Champagne-en-Valromey, pour le lancement de son laboratoire de transformation de viande de porc Duroc pour lequel elle a été soutenue par la banque Crédit mutuel, représentée par son président Gérard Cormorèche. Ancienne employée du notariat, l'éleveuse de porcs Duroc et de vaches Angus s'est réjoui d'avoir pu élargir sa gamme de produits en y ajoutant de la charcuterie (rouelle, saucisson de vache Angus, viande séchée, bacon, etc.). L'originalité de son travail tient également dans le fait qu'elle travaille essentiellement avec du gras musculaire et non du gras dur. Mais Fanny Varoux est aussi tournée vers l'avenir et elle envisage de mettre en vente des boxes pour la Noël.
