ENVIRONNEMENT
Ecophyto 2030 : le calendrier et la méthode précisés

Soumise à consultation jusqu’au 30 novembre, la stratégie Écophyto 2030 vise à déployer la transition agroécologique et les solutions non-chimiques de manière massive. Les filières doivent présenter leurs plans d’action mi-décembre pour une traduction sur le terrain début 2024.

Ecophyto 2030 : le calendrier et la méthode précisés
Écophyto 2030 réaffirme l’ambition de diminuer de 50 % l’utilisation des produits phytosanitaires à l’horizon 2030 par rapport à la période 2015-2017.©AP_Apasec

Après Écophyto 2018 (2009-2015), Écophyto II (2016-2018) et Écophyto II + (2019-), le gouvernement a soumis à consultation sa stratégie Écophyto 2030 au comité d’orientation stratégique et de suivi (COS) du plan national de réduction des produits phytosanitaires, le 30 octobre.

Côté calendrier, la stratégie définitive sera publiée début 2024. Sur la méthode, les changements ne sont pas encore clairs. Chapeautée par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), la stratégie Écophyto 2030 a pour ambition d’être plus globale que les précédentes moutures. « L’idée est de ne pas se concentrer uniquement sur l’amont de la chaîne agricole, nous veillerons dans les mois ou les années à venir à mieux impliquer l’aval des filières », a indiqué le ministère de l’Agriculture. Les objectifs chiffrés restent inchangés. La nouvelle stratégie réaffirme l’ambition de diminuer de 50 % l’utilisation des produits phytosanitaires à l’horizon 2030 par rapport à la période 2015-2017.

Cinq axes 

Dans le détail, Écophyto 2030 est composé de cinq axes. Le plan vise tout d’abord à accélérer la recherche d’alternatives pour se préparer à la réduction du nombre de substances actives au niveau européen. Les autres volets consistent à accélérer le déploiement des solutions agroécologiques et le déploiement de panels de solutions en privilégiant le non-chimique ; mieux connaître les utilisations et risques associés sur la santé et l’environnement ; renforcer la recherche et l’innovation ; et territorialiser la stratégie.

Le contenu concret du plan reste à construire. Huit groupes de travail avaient été constitués en mai sur les alternatives aux phytos (grandes cultures, fruits et légumes, PPAM, vigne, horticulture, semences, cultures ultramarines, cultures biologiques). Ils devront finaliser leurs travaux en novembre. Ces premiers plans d’actions dédiés par filière seront présentés mi-décembre » en comité inter-filières, lequel est constitué notamment de cinq ministères (Agriculture, Transition écologique, Santé, Enseignement supérieur, Outre-mer), de l’Anses, de l’Inrae et des collectivités, en plus des interprofessions. Ces plans d’actions s’appliqueront sur le terrain a priori en trois vagues en 2024, dont la première démarrera dès janvier. Les plans d’action seront par ailleurs complétés de méta-projets portant sur des problématiques transversales à plusieurs filières.

Sous-enveloppe régionale

Côté budget, Écophyto sera comme habituellement financé par la redevance pour pollution diffuse (RPD), à hauteur de 71 millions d’euros (M€) par an. Il sera complété de 250 M€ prévus dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2024. Sur cette enveloppe du PLF, 146 M€ devraient permettre de financer les plans d’actions des huit groupes de travail. De plus, 50 M€ financeront des aides à l’agroéquipement, 10 M€ la surveillance biologique des territoires, 8 M€ l’accompagnement des utilisateurs de produits phytopharmaceutiques. Une enveloppe régionale de 36 M€ sera attribuée aux Draaf pour soutenir la transition agroécologique. « L’idée est de pouvoir appuyer des projets territoriaux pour soutenir des dynamiques de terrain qui n’auraient pas encore été identifiées au niveau national », a indiqué le ministère de l’Agriculture.

Enfin, Écophyto sera abondé d’une troisième enveloppe de 250 M€ issue des crédits France 2030, dans le cadre de la « planification écologique », dont la répartition n’a pas été précisée. Le ministère souhaite « des projets territoriaux d’envergure plus importants » pour travailler sur « le déploiement et la massification du changement des systèmes de production et le déploiement en particulier de solutions non chimiques » (biocontrôle, parasitoïdes etc.)

« Une exploitation seule ne peut pas diminuer la pression des ravageurs, en revanche un territoire qui se coordonne peut avoir une efficience et une efficacité plus importante », a étayé le cabinet du ministre de l’Agriculture.

L.M