FRELON ASIATIQUE
L’ensemble des nids n’ont pas pu être détruits

Margaux Legras-Maillet
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La campagne de destruction des nids de frelon asiatique a pris fin la première semaine de novembre, une saison écourtée puisque tous les nids n’ont pu être détruits, faute de financement de collectivités qui ne jouent pas le jeu de la lutte mutuelle. 

Au total, 186 nids de frelons asiatiques ont été détruits sur le département de l’Ain cette année, 10 l’ont été de manière naturelle. Toutefois, 29 autres nids n’ont pu être neutralisés, dont 21 faute de financement. « Nous avons dépensé tout notre budget, en grande partie à cause de ces destructions de nids qui sont très hauts et donc coûtent cher », précise Georges Picot, animateur du Groupement de (GDS), missionné par l’État pour la destruction des nids de frelons asiatiques.

Un coût de 50 000 € par an 

Un nid coûte en moyenne 200 € à détruire. On estime à 50 000 € par an le coût de la lutte contre le frelon asiatique dans l’Ain. Sans moyens financiers alloués par l’État, le GDS fait chaque année appel aux collectivités locales pour subventionner ses actions, à raison de 100 € par commune depuis 2020. L'objectif : proner la mutualisation pour permettre la destruction de l'ensemble des nids du territoire sans que cela ne revienne trop cher aux communes dont la présence du frelon est particulièrement élevée en raison de la proximité de points d'eau (Ain, Rhône, etc.), mais certaines collectivités ne jouent pas le jeu. Cette saison, 228 communes ont participé par l’intermédiaire des communautés de communes (9 sur 14) à hauteur de 20 540 €. Le Département a quant à lui débloqué 15 000 €.

Des collectivités qui ne jouent pas le jeu

Malgré une plus grande participation des collectivités cette année, il manquait malgré tout 6 000 € au GDS pour détruire l’ensemble des nids repérés. Le GDS regrette entre autres la faible participation de l’Agglomération de Bourg-en-Bresse (CA3B) : « l’agglo ne nous a donné que 1 000 € alors que 31 nids ont été détruits pour un coût total de 6 200 € ». En acceptant de participer à hauteur de 100 € par commune, la CA3B, forte de 75 communes, aurait pu apporter 7 500 € à la lutte.  Le GDS a pourtant changé de positionnement dans son appel à subvention : « L’année dernière il nous a manqué 15 000 € et ils ont été pris sur les cotisations des apiculteurs au GDS ; ce sont les apiculteurs qui ont payé les destructions. Cette année, il nous a manqué 6 000 €, mais nous ne voulions pas refaire pareil. Nous n'avons pas trouvé les sous donc nous avons arrêté de détruire », lâche Georges Picot qui espère malgré tout pouvoir compter sur les élus locaux l'année prochaine. 

Le frelon pourrait être plus nombreux en 2022

Depuis son apparition pour la première fois observée en 2015, le frelon asiatique s’est largement reproduit dans le département au regard du nombre de nids détruits : 33 en 2019, 214 en 2020 et 204 cette année dont seuls 186 détruits pour 2021. Mais si les chiffres sont relativement stables depuis l’année dernière, Georges Picot craint que la progression de l’insecte ne soit camouflée par une météo particulièrement pluvieuse cette année ayant engendrée la destruction d’un plus grand nombre de petits nids. Par ailleurs, ces derniers, s’ils ne sont actifs que durant une année, sont producteurs de fondatrices qui, elles, seront les architectes des futurs nids. Ces femelles se mettent à l’abri pour l’hiver, entre le 15 octobre et 15 novembre, et ne ressortent qu’aux beaux jours au printemps pour pondre leurs larves. Avec une fin de campagne de lutte précoce, il est fort probable que plus de fondatrices auront survécu, sachant qu’elles peuvent être plusieurs par nids.

Une méthode de piégeage peu optimale 

Une situation d’autant plus problématique que le piégeage des frelons asiatiques n’est pas optimal. Deux types de pièges sont principalement utilisés : le piège bouteille, très efficace mais peu sélectif donc destructeur pour un grand nombre d’autres insectes ; et le piège sous forme de nasse, plus sélectif car pensé pour ne piéger que le frelon asiatique, mais bien moins efficace. Une autre méthode consiste à développer les prédateurs naturels du frelon asiatique comme les nématodes ; problème ces vers parasites sont tout aussi dangereux pour le frelon que pour d'autres espèces comme le bourdon terrestre. Or le frelon asiatique, beaucoup plus nerveux que son cousin européen, présente un danger réel pour la population, mais aussi pour l'environnement, prédateur redoutable pour une grande partie des insectes dont les abeilles. C'est pourquoi Georges Picot insiste sur la nécessité de détruire les nids, d'autant plus qu'elle limite considérablement la reproduction et la propagation de l’animal. A titre d’exemple, il cite la commune de Châtillon-sur-Chalaronne sur laquelle 15 nids ont été détruits en 2020, seulement 6 cette année. 

Les zones les plus touchées

CC Plaine de l’Ain : 43 nids détruits ;
Agglomération de Bourg-en-Bresse : 31 nids détruits ;
Pays de Cerdon et rives de l’Ain : 22 nids ;
Miribel : 15 nids détruits.