PORTRAIT
Double activité saisonnière : Jean-Yves Mermillon façonne la neige et le bois

En début d’hiver, il est impatient d’arpenter la montagne à ski ou à bord d’une dameuse, et dès le printemps l’odeur de la forêt le rappelle à sa passion du bûcheronnage.
Double activité saisonnière : Jean-Yves Mermillon façonne la neige et le bois

Dans le Haut-Bugey, on ne peut pas bûcheronner quand il y a de la neige et on ne peut pas damer quand il n'y a pas de neige, si bien que quand celle-ci est en retard, Jean-Yves Mermillon a toujours du travail, comme cet hiver où elle n'est arrivée qu'à la mi-janvier. Au cours de la longue période de beau temps de ce mois de février, il pouvait même fendre du bois le matin et damer les pistes de ski de fond de Giron le soir. Le mot
« retraite », dans une petite dizaine d'années, n'entre pas dans son vocabulaire. Il constate que « je n'arrêterai jamais le bois, je continuerai tant que je pourrai, je ne peux pas rester sans rien faire ».

Un homme des bois heureux

Montanger d'origine, il se plaît aujourd'hui bien à Giron, dans une maison en bois ronds, avec son épouse et leurs trois enfants. Il a passé un CAP de scieur et un brevet technique d'exploitant forestier à Mouchard, près d'Arbois dans le Jura, un lycée professionnel réputé. Son père faisait alors du bois à temps perdu, et travaillait à la fromagerie Reybier à Trébillet. Il s'y est entièrement consacré en 1984, après l'année d'armée de Jean-Yves, et a embauché son fils comme ouvrier dans son entreprise. Depuis 2000, ce dernier a repris l'entreprise d'exploitation forestière de son père et part chaque jour en forêt pour couper du bois de chauffage et un peu de résineux pour la COFORET (coopérative de propriétaires forestiers privés), l'Office national des forêts et des particuliers. Il possède un tracteur et un camion, mais comme il travaille tout seul il ne prend pas de trop gros chantiers. Là, non seulement il savoure sa tranquillité en solitaire, mais encore il travaille quand il veut et peut se libérer pour ses enfants. « J'aime les efforts physiques nécessaires à ce métier et les grands espaces forestiers autour de Giron, et tant pis si c'est parfois dur, surtout quand il fait mauvais temps », note l'homme des bois avec un grand sourire. Sa petite entreprise est inscrite au registre du commerce si bien qu'il peut acheter et vendre comme il le souhaite, et il a un comptable, si bien que les travaux administratifs ne lui prennent pas beaucoup de temps.

Presque des vacances

A la fin de l'automne, Jean-Yves Mermillon est en plein forme physique pour chausser ses skis de fond et démarrer la saison en station. Il a travaillé comme perchman à Lélex dès 1984. Il a ensuite saisi l'occasion de reprendre un poste de dameur de ski alpin qui s'est libéré sur ce même site en 1990. Tout seul dans sa grosse machine de 3 heures du matin à 11 heures, il a savouré les paysages de la Haute Chaîne, particulièrement à l'aube où il a réalisé de somptueuses photographies. Mais il note que « les quinze premiers jours étaient toujours un peu difficiles, car il fallait prendre le rythme en se couchant vers 9 heures du soir avec une sieste obligatoire l'après-midi. Ensuite, c'était presque des vacances. » Jean-Yves Mermillon conciliait ces horaires tant bien que mal avec sa vie de famille, ses trois jeunes enfants étant à l'école l'après-midi, à jouer dehors ou aussi calmes que possible. La mairie de Giron cherchait un dameur pour la saison 2018-2019 et il a une nouvelle fois saisi cette occasion. « Je vais maintenant à pied au travail et c'est plaisant de damer pour le ski de fond, avec rails et plan lisse, sur les kilomètres de chemins qui sillonnent la forêt de Champfromier », constate-t-il. En début de saison, il a aussi fait un peu de déneigement pour remplacer l'employé communal en arrêt maladie. Sinon, avec ses deux collègues pisteurs-secouristes, il fait du contrôle au départ des pistes et l'entretien courant des dameuses et du scooter. Pour Jean-Yves Mermillon, le bonheur est sans nul doute en famille à Giron, dans la forêt et sur les grandes étendues blanches.

Ursula Rhyner