AGROALIMENTAIRE
La flambée des prix des matières premières inquiète l’Ania

Dans une note de conjoncture publiée le 8 juin, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania) alerte sur « la flambée du prix des matières premières et les fortes tensions sur les approvisionnements ». Elle demande en conséquence une augmentation de 9 % du prix des denrées alimentaires.

La flambée des prix des matières premières inquiète l’Ania
Les entreprises alimentaires subissent en amont une hausse globale de 22 % du prix des matières premières qu’elles transforment (céréales, produits laitiers, ovoproduits…) et de 14 % s’agissant des matières premières industrielles (papier, verre, plastique, aluminium…). DR

« Après 12 mois de hausses mensuelles consécutives, l’indice FAO des prix des produits alimentaires a atteint un niveau jamais vu depuis plus de 10 ans : + 31 % en moyenne sur un an. De même, le prix des matières premières industrielles (métaux, plastiques, emballages...) flambe », indique l’Ania dans une note de conjoncture rendue publique le 8 juin. Plus concrètement, les produits laitiers ont augmenté, selon la FAO, de 24 %, les céréales de 26 %, les huiles de 100 %, le sucre de 58 % et les viandes de 8 %. Cette hausse assez inhabituelle des prix est consécutive à la crise du Covid-19, de la fermeture des frontières qui s’en est suivie, mais aussi du dérèglement climatique qui a mis à mal de nombreuses récoltes.

« Cette situation doit être prise au sérieux », souligne l’étude de l’Ania qui pointe les « conséquences des tensions en approvisionnement » qui « pourraient affecter les capacités de production du secteur ». Un secteur déjà fragilisé par les conséquences de la crise sanitaire. L’Ania a d’ailleurs mené l’enquête auprès d’une partie de ses adhérents. Ces derniers relatent « l’insupportable pression actuellement subie par le maillon industriel pris en étau entre inflation des cours et déflation sur les prix alimentaires en GMS ». Un discours que tient également la FNSEA depuis quelques mois déjà. Les entreprises alimentaires subissent en amont une hausse globale de 22 % du prix des matières premières qu’elles transforment (céréales, produits laitiers, ovoproduits…) et de 14 % s’agissant des matières premières industrielles (papier, verre, plastique, aluminium…).

Double décrochage

Par ailleurs, 70 % des entreprises interrogées par l’Ania sont aujourd’hui pénalisées par l'allongement des délais de livraison et 40 % de ces mêmes entreprises font face à des pénalités logistiques imposées par les GMS dans leurs contrats. Or, dans le même temps, les grandes enseignes appliquent une baisse des prix au nom du maintien du pouvoir d’achat des Français, une déflation que l’Ania estime à - 0,3 %. « Ces tensions sur le prix des matières premières affectent considérablement la santé financière des industries agroalimentaires, traduisant un double décrochage de compétitivité : en France et en comparaison internationale », souligne l’étude.

S’appuyant sur des sources européennes (Eurostat), l’Ania estime que le taux de marge des entreprises a déjà atteint « son plus bas niveau historique » et que l’industrie agroalimentaire française est « celle qui présente la rentabilité d’exploitation la plus faible : 4,9 contre une moyenne européenne de 7,4 ».

2 euros par ménage et par mois

Pour sortir de la crise, les industries alimentaires ne voient qu’une solution : augmenter les prix en bout de chaîne et répercuter cette hausse en amont. Ce qu’elle appelle les « besoins tarifaires » s’élèvent en moyenne à 9 %, avec cependant de grandes disparités selon les produits : ils sont de 8 % pour la fabrication de pain, pâtisseries ; de 4 % pour la fabrication des boissons ; de 11 % pour celle des produits laitiers ; de 50 % pour celle des huiles et graisses ; de 9 % pour la transformation et la préparation de fruits et légumes. 

Une telle augmentation des prix se « traduirait par un coût d’environ deux euros par ménage et par mois, le poste alimentaire ne représentant plus que 10 % du budget total des ménages en 2021 », argumente l’Ania. Le rapport de l’Ania tombe à point nommé, alors que la proposition de loi Egalim 2 du député Grégory Besson-Moreau (LREM, Aube) est examinée depuis le 15 juin par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale (lire par ailleurs) avant une discussion en séance publique à partir du 24 juin.

Christophe Soulard