CULTURES
Avec sa sœur Anne ils veillent aux grains

Apporter de la valeur ajoutée à son exploitation grâce aux semences de maïs. Un choix qu’a fait l’Earl Fauvet à Lent. Reportage.
Avec sa sœur Anne ils veillent aux grains

« En 2014, c'était la première année que Terre d'Alliances lançait ce projet. J'arrêtais la production laitière, il fallait trouver quelque chose qui face de la valeur ajoutée alors j'ai pensé que c'était un bon créneau de se lancer dans la semence de maïs. Pour condition, il fallait des terres irriguées, nous étions dans les normes » explique Etienne Fauvet-Messat qui possède aussi un atelier d'engraissement de vaches de réforme.

Deux parcelles

La superficie des champs est de 23 ha en conventionnelle et 7 ha en bio. « En bio les rangs sont plus serrés. C'est la première année que nous avons planté du maïs, il faut que le terrain se réhabilite » fait observer Anne, sa soeur en dépiautant une jeune panouille qu'elle croque avidement. « Lorsque j'étais au Canada je me régalais avec le blé d'Inde » comme ils appellent ça. Sur une année le travail se divise en 6 mois pour la préparation du terrain et les autres 6 mois nécessitent un travail intense avec de la main d'œuvre comme c'est le cas en ce moment pour castrer les plants. « Il faut broyer les maïs mâles et laisser de la place pour que les femelles s'épanouissent. Chaque soie doit être fécondée » explique Anne aux jeunes qui sont sur la parcelle depuis 7h du matin, mouillés de la tête aux pieds par la rosée du matin. « C'est un travail physique. Durant 3 semaines, il ne faut pas se louper ».

Une opération très technique

Anthony, 17 ans, un « pro » pour le rendement !

 

Le maïs est planté en respectant une géométrie : 4 rangs femelles encadrés de 3 rangs mâles. Pour s'assurer que les maïs du rang femelle ne vont pas s'autoféconder, leurs panicules vont être castrées avant émission du pollen. Ainsi, ces dernières ne peuvent qu'accueillir le pollen d'un maïs du rang mâle. Ce sont les soies de l'épi qui vont guider le pollen au cœur de l'épi et permettre la fécondation. Après cette étape, les épis de maïs vont grossir et jaunir, jusqu'à donner des semences prêtes à être récoltées.

Du matériel et des humains

Le gros du travail s'effectue avec une machine appelée Castreuse enjambeur, mais il faut ensuite des petites mains pour vérifier, fignoler le travail. Arracher aussi les jeunes pousses qui ne produiront pas. Chaque année se sont 25 jeunes gens âgés de plus de 16 ans qui viennent travailler sur la parcelle durant 3 semaines. Certains en sont à leur deuxième année. A l'heure de la pose, les jeunes gens harnachés de la tête au pied pour ne pas se couper et se griffer avec les feuilles sortaient des rangs. Tous venaient boire de l'eau bien fraîche sortie de la glacière avec des croissants offerts par Anne. « C'est sympa, nous sommes une bonne équipe, c'est agréable d'être au grand air » avouait Margot qui avait eu connaissance du travail par le bouche à oreille. Pour d'autres c'était déjà la deuxième expérience. Anne, les filles et les garçons présents sur la parcelle ce jeudi matin s'accordaient pour décerner l'oscar du meilleur travailleur à Anthony, 17 ans, élève au lycée agricole de Villars-les-Dombes et qui était déjà là l'an dernier. « C'est un pro pour le rendement » lâche Anne ! Un job d'été qui se déroule dans la bonne humeur.

Yolande Carron

Une fécondation savamment organisée

La production de semences de maïs s’organise autour de 2 types d’acteurs clés : les entreprises de production de semences et les agriculteurs-multiplicateurs de semences. Les entreprises passent des contrats avec des agriculteurs spécialisés pour que ces derniers, à partir d’une petite quantité de semences, en récoltent un nombre plus important. La récolte des agriculteurs-multiplicateurs est ensuite nettoyée, triée, contrôlée, traitée et conditionnée dans les usines de l’entreprise de production. Quelques mois après la récolte, elle sera commercialisée auprès des agriculteurs, qui pourront semer dans leurs champs des plants de maïs aux débouchés variés.

 

Et la suite ?

 

Le ramassage du maïs se fera fin septembre. Après traitement et conditionnement en usine, les semences pourront être commercialisées auprès des agriculteurs. A chaque étape clé, des contrôles de la qualité seront assurés, comme l’impose la réglementation française et européenne.