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Conseil en bâtiments : en plein dans le 1000

Mis en place en 2002 par la chambre d’agriculture, le service conseil en bâtiments en est à son 1000ème dossier. Rencontre avec Tanguy Morel, référent en la matière.
Conseil en bâtiments : en plein dans le 1000

« Avant 2002, un architecte indépendant faisait office de conseiller en bâtiments. Les éleveurs ayant émis le souhait d'un conseiller avec un profil type zootechnique, la chambre d'agriculture a créé ce service pour s'ouvrir à toutes les productions. Je donnais alors des conseils sur le logement et le bien-être des animaux dans le cadre du contrôle laitier. Au départ uniquement du conseil technique puis à partir de 2011 les éleveurs ont souhaité être accompagnés jusqu'au bout de leur projet à savoir jusqu'au permis de construire. La demande a alors explosé... », explique Tanguy Morel, rejoint il y a un an par Camille Olier, principalement en charge de la partie administrative des dossiers.
Sur une année, le service traite entre 60 et 80 dossiers. En majorité des projets de bâtiments neufs (40 %), mais aussi de l'agrandissement (25 %), de l'aménagement (18 %) et de l'estimation de bâtiments pour la vente ou cession de parts sociales (16 %). « Toutes les productions sont concernées, sachant que les vaches laitières représentent 45 % des projets. Suivent les jeunes bovins (20 %), le séchage en grange (16 %), les vaches allaitantes, mais aussi les caprins, ovins, canins, équins, volailles, porcins, poissons, escargots, maraîchage, miellerie et même élevage de vers et grillons... », ajoute le conseiller.

Veille technique et travail en réseau

Tanguy Morel, conseiller bâtiments à la chambre d’agriculture est le référent de la région Rhône-Alpes au niveau national.

 

Selon Tanguy Morel, « la mission la plus importante pour nous, c'est l'avant-projet ». Le premier rendez-vous est primordial : « un gros travail d'écoute avec l'agriculteur et lui montrer toutes les solutions existantes qui peuvent l'aider dans son projet afin qu'il n'ait aucun regret, qu'il ait bien toutes les cartes en main pour faire son choix ». La veille technique est capitale afin d'être à l'affût de toutes les innovations. « Nous avons un réseau régional de conseillers en bâtiments des chambres d'agriculture. Nous nous réunissons deux à trois fois par an et je représente la région Rhône-Alpes au niveau national », souligne Tanguy. A la clé : des échanges permanents de données, des forums et l'organisation tous les deux ans d'une biennale des conseillers qui dure une semaine. Sans oublier un fort investissement individuel et la rencontre régulière des concessionnaires et constructeurs de matériels. « Dans mon approche avec l'agriculteur, je pars toujours d'une feuille blanche. Je fais attention à ne pas apporter du clé en main car il faut que ce soit l'éleveur qui construise son projet. Je ne suis que la petite main qui dessine le projet. C'est une grosse responsabilité au regard des investissements en jeu », confie avec humilité Tanguy Morel.

« Des projets de plus en plus techniques »

Depuis quelques années les projets se font de plus en plus techniques. Selon le conseiller, « les bâtiments sont de plus en plus importants et les éleveurs à la pointe. La ventilation est primordiale. On va plus combattre la chaleur que le froid. On regarde davantage la consommation et la production d'énergie. Sans oublier l'intégration paysagère... car un bâtiment c'est aussi l'image de l'agriculture ». Ces vingt dernières années la plus grosse amélioration apportée dans la conception des bâtiments en production laitière est sans conteste la logette. « Aujourd'hui dans l'Ain, 95 % en sont équipés. On a constaté que dans les bâtiments mixtes qui ont une aire paillée et des logettes, les vaches préfèrent ces dernières. Elles présentent un gros intérêt non seulement pour le bien-être animal mais aussi pour les conditions de travail de l'éleveur ». La ventilation d'été a également été grandement améliorée, avec des ventilateurs à pales pour apporter une sensation de fraîcheur à l'animal. De nouvelles innovations arrivent sur le marché, comme les robots aspirateurs de bouses qui feront leur apparition dans l'Ain en 2019. Et Tanguy Morel de conclure : « aujourd'hui le gros point noir reste le coût. Les prix des bâtiments, ramenés à la place logée, ont quasiment doublé. Plus grands, plus confortables, ils sont donc plus chers. Sans oublier la mise aux normes et le stockage des effluents qui ont permis une meilleure gestion agronomique. La recherche & développement s'intéresse à d'autres logements possibles comme par exemple la litière compostée malaxée. Tout en gardant les qualités développées en logettes l'idée serait de revenir à des stabulations libres. Aux Pays-Bas des expérimentations sont en cours pour faire coucher les vaches sur de grands matelas absorbants, avec la présence de robots aspirateurs de bouses. On appelle ça « le jardin à vaches ». A suivre... ».

Patricia Flochon