FILIERE PORCINE
Div'Porc Aura veut créer une filière porc en liberté « haut de gamme »

Promouvoir une viande de porc de haute qualité gustative, reconstruire des lignées porcines régionales, mettre en place des filières locales équitables et rémunératrices… Telles sont les missions de l’association Div’Porc Aura, aujourd’hui en recherche d’éleveurs.
Div'Porc Aura veut créer une filière porc en liberté « haut de gamme »

Div'Porc Aura, association pour la promotion de la diversité porcine en région Auvergne Rhône-Alpes, était créée en 2014 par un agro-économiste, Antoine Marzio, qui en est le président. Composée d'éleveurs, de techniciens d'élevage, de fournisseurs d'alimentation animale ou de matériels d'élevage, de transformateurs et de distributeurs, elle regroupe aujourd'hui une quarantaine d'adhérents. Sa vocation : « agir pour la promotion de la diversité des races porcines et de leurs modes d'élevage ». Pierre Arcan, vice-président en charge de l'élevage, nous en explique les fondements :
« L'industrialisation de l'élevage de porcs depuis le milieu du XXème siècle a entraîné une hyper sélection des races, orientée vers des performances de reproduction, de croissance, pour réduire les coûts de revient. Moins productives, les races d'origine, sélectionnées ou croisées sur d'autres critères, ont vu leurs effectifs se réduire et les petits élevages se raréfier. Les filières d'élevage en plein air qui ont été créées depuis 40 ans limitent la vie en plein air aux onze dernières semaines, les dix-sept premières semaines de vie étant en bâtiment. Le prix carcasse, un peu plus élevé que le porc industriel, ne permet cependant pas, à cause du coût de l'alimentation, une durée d'élevage maximum de six mois, aux bouchers et salaisonniers de proposer une offre de viande aux qualités remarquables ».
12 mois d'élevage en liberté
Le cahier des charges, axé sur le plein air intégral, prévoit deux filières d'élevage : le « Grand porc Premium en liberté », pour des porcs de douze mois minimum (jusqu'à 24 mois selon les races) avec une densité de dix porcs adultes à l'hectare et un poids de carcasse de 130 kg minimum ; et le « Porc Premium en liberté » : des porcs de huit mois, pour une densité de 20 porcs adultes à l'hectare et un poids de carcasse de 100 kg minimum. Ce sont les premiers labels français portant l'engagement de soins « zéro antibiotique ». L'élevage du porc en liberté présente l'avantage de pouvoir être conduit sous n'importe quel climat, aussi bien en plaine qu'en montagne. De plus, il répond à l'intérêt collectif de remise en valeur de territoires en déprise, friches, bois-taillis sans valeur, anciennes pâtures abandonnées.

Le Cinta Senese de retour en France

Si toutes les races sont autorisées par l'association, certaines sont néanmoins vivement recommandées, à l'instar du Gascon, Duroc, Large White, Blanc de l'Ouest... car adaptées à l'élevage et l'engraissement en liberté. « Si vous voulez faire de la race grasse comme le Gascon ou le Mangalitza, assurez-vous que votre filière aval l'accepte. Nous sommes également les premiers à réintroduire des reproducteurs porcins italiens Cinta Senese pour la relance de la lignée Bresse-Savoie. On retrouvera donc du porc noir avec l'écharpe blanche un de ces jours dans la région... L'association est également en discussion pour devenir une des filières de l'élevage Slow Food et obtenir le label », ajoute Pierre Arcan.

Un prix carcasse de 4,20 € à 7 € le kg

Div'Porc Aura se chargera de la mise en relation entre les adhérents de l'amont et de l'aval pour contractualiser des programmes de commercialisation entre éleveurs, ou groupements d'éleveurs, et la filière aval, sur la base d'une grille tarifaire équitable en rapport avec le coût de ce type d'élevage. Et Pierre Arcan de préciser : « Le prix carcasse varie de 4,20 € le kilo, à 5,45 € en bio, pour le Porc Premium ; et de 5 €, à 7 € en bio, pour le Grand Porc Premium. La réflexion sur la commercialisation est en cours. Nous avons une très forte demande des filières aval, aujourd'hui insatisfaite car la seule offre dans la région est le porc fermier d'Auvergne ». Pour un élevage de 250 porcs, qui permettra de dégager un bon revenu, l'investissement est estimé à environ 200 000 € pour un éleveur naisseur - engraisseur comprenant l'achat des truies, des clôtures (35 000 € subventionnés à 45 % via le Feader) et le financement du cycle de production. Pour un éleveur engraisseur, compter environ 140 000 €. Une production qui occupe un temps plein, entre 30 h et 40 h par semaine (surveillance, alimentation, entretien des parcs, etc.).

Patricia Flochon
Pour tous renseignements, contacter Pierre Arcan (l'Abergement-de-Varey) : 06 45 40 17 93.