QUALITE DES EAUX
Plus de la moitié des cours d’eau et des nappes ont atteint le “ bon état ”

L’agence de l’eau a présenté son rapport annuel pour 2017 sur l’état des eaux du bassin Rhône-Méditerranée. Si la tendance va vers une amélioration des résultats, les produits phytosanitaires restent les substances toxiques les plus présentes dans les eaux.
Plus de la moitié des cours d’eau et des nappes ont atteint le “ bon état ”

«Nous sommes au milieu du gué, constate Laurent Roy, le directeur général de l'agence de l'eau RMC devant la presse à Lyon le mardi 27 mars. Avec 52 % des masses d'eau du bassin Rhône-Méditerranée en bon ou très bon état, la tendance est à l'amélioration continue. » Ce travail de suivi et d'analyse de la qualité des eaux sur une zone s'étendant sur le quart Sud-Est de la France s'appuie sur 4,5 millions d'analyses réalisées dans les rivières, les nappes d'eau souterraines ou les lacs du bassin. 82 % des nappes sont en bon état chimique sur le bassin Rhône-Méditerranée. Seule la pollution par les nitrates ne régresse pas. Le directeur général a souligné les points positifs : « Nous constatons sur une période longue de réelles diminutions sur les rejets polluants dans les eaux avec une baisse très nette de la pollution domestique et une tendance à l'amélioration des concentrations en micropolluants (pesticides, métaux) en rivière même si de nouvelles molécules non mesurées jusqu'ici font leur apparition. » Par exemple, les niveaux de contamination par des métaux comme le chrome, le nickel ou le zinc, ont été divisés par six depuis 10 ans. Pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) formés lors de la combustion des énergies fossiles ou du bois, les concentrations ont été divisées par 4 en 10 ans. Si le nombre de matières actives liées à l'activité agricole augmente, la toxicité des résidus de produits phytosanitaires dans les rivières a chuté de moitié ces 10 dernières années, un phénomène lié au retrait progressif du marché des substances les plus toxiques. Au total, plus de 400 substances sont présentes dans les eaux des bassins Rhône-Méditerranée, dont 240 liées à un usage agricole.

Protection des zonesde captage

Laurent Roy, directeur général de l’agence de l’eau : « le budget d’intervention de l’agence RMC va passer de 580 millions d’euros en 2017 à 400 millions d’euros en 2019 suite aux différentes dispositions de la dernière loi de finances. »

« Les pesticides restent les substances toxiques les plus présentes dans les eaux du bassin, le glyphosate et son métabolite l'AMPA en tête, souligne Laurent Roy. Ces concentrations atteignent des niveaux élevés dans certaines zones agricoles comme dans les vignobles bordant la Saône ou dans la plaine de Bièvre en Isère. Nous faisons un lien entre les quantités utilisées sur le bassin qui oscillent entre 12 000 et 16 000 tonnes de pesticides en fonction des années et les pollutions chimiques diffuses d'origine agricole que nous détectons par nos analyses. »
Certains produits interdits depuis plus de 15 ans se retrouvent toujours à des niveaux supérieurs au seuil de potabilité dans les eaux souterraines. En application du schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage), l'agence de l'eau RMC accompagne les plans d'actions mis en place par les collectivités pour la protection des 260 zones de captage identifiées comme prioritaires pour l'alimentation en eau potable. À Saint-Romain-en-Biol en Isère, les taux de nitrates et de résidus de pesticides dépassaient largement les seuils de potabilité, le soutien financier de l'agence a permis l'embauche d'un animateur, la mise en place de nouvelles pratiques agricoles et la conversion de certaines exploitations à l'agriculture bio. Résultat, les résidus de produits phytosanitaires ont été divisés par 25 et le taux de nitrates est passé sous les 20 mg. Autre axe d'actions de l'agence de l'eau, l'attention portée aux prélèvements en eau. « Nous constatons que 40 % des rivières sont perturbées par des prélèvements trop importants, souligne Laurent Roy. Nous craignons que cette situation s'aggrave avec le changement climatique. Nous œuvrons donc pour la préservation des zones humides, véritables réservoirs d'eau, et la chasse au gaspillage de l'eau sur les réseaux. Nous finançons également des retenues d'eau pour l'irrigation quand elles se substituent à des prélèvements dans les milieux, explique Laurent Roy, mais nous n'agissons pas pour créer de nouvelles capacités. »
En 2017, l'agence de l'eau RMC a financé 550 millions d'euros d'actions dans ces différents domaines. Pour 2018, le budget devrait s'établir autour de 480 millions d'euros. « À partir de 2019, pour le 11e programme de l'agence de l'eau, nous disposerons d'un budget d'intervention de 400 millions d'euros, a conclu Laurent Roy. Il va nous falloir prioriser encore plus pour agir sur les dossiers les plus prégnants. »

Camille Peyrache