FILIERE LAIT /
« On le donne mais on le jette aussi »

En raison de l’épidémie de Covid-19, les professionnels du lait demandent aux éleveurs de réduire leur production au mois d’avril.
« On le donne mais on le jette aussi »

Ce sont des images que personne ne voudrait voir... Du lait jeté dans une fosse pour cause de surproduction. Pas de chance, le pic habituel de production laitière printanier - moment où les veaux naissent et où les vaches retrouvent les prairies après un hiver à l'étable - coïncide avec l'écroulement simultané de pans entiers de la consommation : fermeture des restaurants, des cantines, marchés de plein air et baisse des exportations. À tel point que l'Europe se retrouve en surproduction avec des prix orientés à la baisse

Plus de place dans les caves

La fruitière de Simandre-sur-Suran qui fabrique du Comté, n’échappe pas à la crise. Elle a demandé à ses adhérents de baisser leur production. Les affineurs n’ont plus de place en cave pour stocker. Alexandre Morel du Gaec Py, qui est encore sur les bancs de l’école lorsqu’elle n’est pas fermée, donne un coup de main à l’entreprise familiale. Il témoigne : « Les éleveurs sont appelés, sur la base du volontariat, à réduire leur production du mois de 8% par rapport au volume d’avril 2019, c’est énorme surtout que les vaches sont en plein pic. Nous produisons 1600 litres par jour. Je vous laisse faire le calcul ! ». La filière comté entend produire 8 % de moins sur les trois prochains mois.

Donner et jeter

Au Gaec Py, le cheptel se compose de 70 vaches en montbéliardes et Simmental. « Nous avons 20 vaches de plus que l’an dernier, allez leur faire comprendre qu’il faut moins manger pour moins produire ! ce n’est pas gagné ». Déjà deux samedis que le Gaec jette son lait dans la fosse, 1400 litres à chaque fois « ça fait mal » soupire Alexandre. Mais pour que la perte passe mieux, les agriculteurs ont eu cette belle initiative de donner leur lait sur leur exploitation. Samedi après-midi des consommateurs des environs sont venus chercher pas moins de 120 litres. « C’était sympa, on voyait que les gens étaient contents de revenir à l’essentiel. Certains nous disaient, cela me rappelle mon enfance lorsque nous allions à la ferme chercher le lait » décrit Alexandre. Un éleveur de volailles de Bresse qui nourrit ses volailles au lait entier est venu aussi chercher 200 litres de lait.

Une belle solidarité entre les filières et les gens de la ville.

 

Y.C.