LYCEE AGRICOLE
Cibeins célèbre 100 ans d’histoire

Du 8 au 10 mai, les festivités du centenaire du lycée agricole de Cibeins ont réuni près d’un millier de visiteurs à Lyon et plus de 15 000 sur les deux jours sur le site de l’établissement. Retour sur trois jours de fête.
Cibeins célèbre 100 ans d’histoire

Mardi 8 mai, des bidons de lait forment une route au centre de la place des Terreaux et attisent la curiosité des visiteurs. Cette route du lait invitait les Lyonnais à venir célébrer le centenaire du Lycée agricole de Cibeins, créé en 1918 par Édouard Herriot, alors maire de Lyon. Marché de producteurs, démonstration de production de fromage par l'Enilv et de cuisine par des chefs de renom, dégustation de lait par le Criel, échanges avec les producteurs de l'initiative « C'est qui le patron ?! », dégustation de fromages de la marque « la Région a du goût », traite d'une vache fictive... les Lyonnais et les touristes nombreux à se promener en ce jour férié ont pu profiter d'un petit air de campagne en plein cœur de Lyon.
« Nous n'avons pas oublié nos racines et mettons tout en œuvre pour amener la nature au cœur de la Ville », a rappelé Alain Giordano, adjoint au maire de Lyon. Une plongée dans le monde rural, et plus particulièrement laitier, qui a ravi petits et grands. Après avoir observé avec attention la fabrication de la tomme de Savoie, une petite fille s'est exclamée, avant de repartir avec une brique de lait sous le bras : « plus tard je fabriquerai du fromage ! ».

 

L’association des anciens élèves de Cibeins regroupe 320 membres. De g. à d. : Alexandre Gagnieux (vice-président), Caroline Le Roux (présidente), Jean Fourel (président honoraire), Vanessa Tournier (vice-présidente) et François Godde (trésorier)

A Cibeins

Mercredi 9 et jeudi 10 mai, la fête s'est poursuivie sur le domaine de Cibeins, où les organisateurs avaient prévu un salon de l'agriculture régionale, avec de nombreuses rencontres, des conférences et des moments d'échanges. Dès le mercredi matin, près de 200 élèves de huit classes primaires de l'Ain et du Rhône, âgés de 3 à 7 ans, ont été accueillis sur le site, pour découvrir la mini-ferme et l'espace biodiversité, aménagés par des élèves du lycée. « C'est l'occasion d'ouvrir le lycée aux futurs élèves du territoire », a expliqué Carole Mandelli, responsable du projet du centenaire.

         
Le domaine de Cibeins avait été découpé en plusieurs pôles, permettant de montrer toute la diversité des filières enseignées au sein de l'établissement et des sujets de préoccupations sur lesquels sont aujourd'hui investis les élèves et leurs enseignants : pôle animaux, avec les filières bovine, canine et équine ; pôle découverte de l'agriculture et de l'environnement ; pôle terroir, avec un marché de producteurs locaux, des dégustations et animations culinaires, orchestrées par plusieurs chefs locaux. L'enseignement agricole public était également à l'honneur, pour informer de futurs élèves sur les formations et débouchés du secteur. Les nombreux partenaires (Région, Département de l'Ain, chambres d'agriculture de l'Ain et du Rhône, Crédit Agricole centre-est, Dijon céréales, Terre d'Alliances, Criel...) ont pu aller à la rencontre de leurs clients.

 
Sur les hauteurs du Domaine, les élèves en 2e année de BTS productions animales avaient installé une mini-ferme, conçu et mis en scène plusieurs animations pour faire découvrir aux visiteurs les métiers de l'agriculture. Un projet sur lequel ils ont travaillé dès le mois de novembre. Mais Cibeins, ce sont aussi celles et ceux qui l'ont vécu de l'intérieur : le repas de gala des anciens élèves a réuni 500 Cibeinsois le jeudi soir. « Nous avons été obligés de limiter », déclarait Caroline Le Roux, présidente de l'association des anciens de Cibeins.

Marie-Cécile Seigle-Buyat et Sébastien Duperay

 

RECONSTITUTION

Sur la route du lait

Sur la place des Terreaux à Lyon, mardi 8 mai, le lycée de Cibeins est allé à la rencontre des Lyonnais, pour rappeler le lien ville-campagne qui a fondé la création de l’établissement en 1918.   Arrivée Place des Terreaux à Lyon, la caravane est attendue avec impatience.

Le premier jour des festivités du centenaire de Cibeins, deux camions de lait ont relié le lycée à Lyon, invitant sur leur passage les visiteurs à revivre avec eux la route du lait.

Il est midi passé, mardi 8 mai, quand un étonnant cortège arrive à Lyon. Deux anciens camions de lait pénètrent sur la place des Terreaux et se garent sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Et pour les Lyonnais et les touristes qui traversent l’une des plus célèbres places lyonnaises, c’est comme remonter le temps. Tous retournent à l’époque de leurs grands-parents quand les camions en partance du lycée agricole de Cibeins, créé par Edouard Herriot en 1918, livraient le lait pasteurisé aux hôpitaux et aux crèches de la capitale des Gaules. La caravane est partie le matin même du Lycée agricole de Cibeins pour reconstituer cette route du lait.

Étapes en musique

Première halte à Trévoux devant l’agence du Crédit agricole centre-est vers 9 h où l’Harmonie de Trévoux, Vaga’Band accompagne en musique ce premier arrêt. Le temps de danser et d’admirer pour les plus jeunes les deux camions, qu’il est déjà temps de repartir pour « la livraison ». Le cortège attendu à 10 h à Neuville-sur-Saône arrive à l’heure pour se garer sur les quais de Saône. L’agence locale du Crédit agricole et les Cuivres en Dombes les guettent avec impatience. Les curieux attirés par les notes de musique qui s’élèvent sous un soleil rayonnant se réunissent devant la Saône pour partager ce moment convivial et se replonger dans l’histoire. Les organisateurs espèrent qu’ils les suivront jusqu’à Lyon où de nombreuses animations sont prévues pour célébrer les 100 ans du lycée (lire par ailleurs). La route se poursuit direction Caluire où le cortège, toujours accueilli par le Crédit agricole et les Cuivres en Dombes (groupe Groove General Store), fait une nouvelle halte. La dernière avant d’arriver place des Terreaux à midi, où là aussi le cortège est accueilli en musique.

Marie-Cécile Seigle-Buyat

 

INAUGURATION

Cibeins, trait d’union entre ville et campagne

Marie-Jeanne Béguet, présidente du conseil d’administration du lycée de Cibeins, Pascal Couvez (micro), actuel directeur de l’établissement, Jacqueline Fournet, présidente de l’association du centenaire et Jean Fourel, président honoraire de l’association des anciens élèves de Cibeins, ont orchestré pendant plus d’un an la préparation des trois journées de festivités.
Durant trois jours, le lycée agricole de Cibeins a célébré cent années de progrès technique, de lien entre ville et campagne, d’excellence scientifique et pédagogique. Ces valeurs fondatrices ont été rappelées lors de la matinée d’inauguration du 9 mai.« En créant l’école d’agriculture de Cibeins, j’ai voulu avec le conseil municipal de Lyon, permettre aux enfants des citadins, lesquels appartiennent bien souvent à des familles originaires de la campagne, de développer leurs goûts, leurs aspirations vers la vie des champs, afin de restituer ainsi à la culture les éléments qui lui sont souvent  enlevés par la prospérité industrielle et l’attrait des grandes villes. » Cette déclaration d’Édouard Herriot, créateur de Cibeins, illustre parfaitement l’idée portée à l’époque par celui qui, cent ans plus tard, apparait toujours comme un visionnaire. « La culture est toujours à la base des grandes évolutions », a commenté Stéphane Travert lors de la matinée d’inauguration du centenaire de l’établissement d’enseignement agricole, mercredi 9 mai. Ne pouvant être présent pour les célébrations, le ministre de l’Agriculture s’est exprimé par message interposé.
« Édouard Herriot a choisi le terme de culture à double sens, car au-delà de la culture agricole elle-même, c’est bien une culture qu’il sentait menacée après la saignée qu’avait connu le monde rural après la première guerre. Cette approche marque une prise de conscience de la mutation d’un monde qui s’industrialise à toute vitesse. » L’ancien maire de Lyon avait compris, avant les autres certainement, l’importance de la formation et du lien entre les villes et les campagnes, qu’il a su traduire en créant, en 1918, l’école municipale d’agriculture de la Ville de Lyon, qui devînt en 1968, le lycée agricole de Cibeins, sous tutelle du ministère de l’Agriculture. Avec Cibeins, Herriot voulait former des techniciens, des ingénieurs de haut niveau, capables de diffuser les techniques d’une agriculture moderne. Avec Cibeins, c’est aussi le lien entre une ville et son
territoire qui prenait sens, lien économique, mais également humain et culturel.
Présent et avenir
Durant trois jours, du 8 au 10 mai, Cibeins a célébré l’héritage de son illustre créateur : progrès technique, lien entre la métropole et son territoire, excellence scientifique et pédagogique. L’ensemble des festivités du centenaire ont ainsi été organisées pour rappeler ces valeurs fondatrices, mais aussi pour parler du présent et de l’avenir, avait averti Pascal Couvez. « Nous avons souhaité des célébrations inscrites au cœur de notre métier : la pédagogie », a déclaré l’actuel directeur de Cibeins. Plus de 30 projets ont ainsi été adossés à l’événement, parmi lesquels la réalisation d’une bande dessinée sur l’histoire de l’établissement. « La pédagogie de projet fait partie de l’ADN de l’enseignement agricole et nous montrons, grâce à l’implication exceptionnelle des élèves et des enseignants, toute la plus-value de cette méthode », a-t-il développé.
L’événement a aussi été imaginé en associant les acteurs du territoire et du monde professionnel, traduisant ainsi l’ancrage de l’établissement dans son environnement, proche de Lyon et des terres agricoles de l’Ain et du Rhône. L’une des missions du lycée agricole, définie par le code rural, est justement de participer à l’animation et au développement des territoires. Ces célébrations n’étaient pourtant que « le premier étage d’un projet plus global autour de la thématique du lien ville-campagne », a annoncé Pascal Couvez, donnant rendez-vous, à la fin de son discours, à tous ses partenaires « pour poursuivre la dynamique ainsi enclenchée ».
 Sébastien Duperay