CAFÉS – HÔTELS – RESTAURANTS – DISCOTHÈQUES
Malgré les crises, l’Umih réaffirme la place des métiers et industries hôtelières

Après le monastère de Brou en 2023, c’est la cuivrerie de Cerdon dans le village éponyme qui a accueilli l’assemblée générale de l’Umih de l’Ain* lundi 13 mai. Un lieu symbolique au message fort, qui associe patrimoine et tourisme aux métiers de bouche et de l’hôtellerie, alors que la profession tend à rayonner malgré les crises successives.  

Malgré les crises, l’Umih réaffirme la place des métiers et industries hôtelières
À droite, Laëtitia Prevalet, présidente de l’Umih, au côté de Martine Courbon, présidente régionale, Vivien Campion, (deuxième en partant de la gauche), et des représentants régionaux de leur partenaire EDF. Photo/MB

Depuis l’arrivée de Laëtitia Prevalet, restauratrice à Mets et vins à Bourg-en-Bresse, à la présidence de l’Umih il y a deux ans, les assemblées générales de l’union interprofessionnelle se pérennisent. Une stabilité qui avait quelque peu manqué les années précédentes, malgré la volonté de son prédécesseur Jean-Pierre Vullin. Son tonus et son envie de redynamiser l’interprofession ont fait leurs preuves. Avec l’appui de son directeur Vivien Campion, l’Umih a quadruplé le nombre de ses adhérents, passé d’une quarantaine à 165 entre 2021 et 2023. Et Laëtitia Prevalet de rappeler : « À mon arrivée, nous avons défini trois axes prioritaires de travail : occuper le terrain, médiatique et institutionnel ; renouer le lien avec les adhérents et plus largement animer la profession. » 

La concurrence déloyale pointée du doigt

Malgré une bonne dynamique de l’interprofession, le secteur fait face à plusieurs crises. Après les gilets jaunes, la Covid-19, et l’inflation galopante des prix de l’énergie, Laëtitia Prevalet a affiché son soutien aux agriculteurs mobilisés depuis plusieurs mois. « Notre profession ne peut que les soutenir dans leurs démarches. » L’Umih dénonce également la recrudescence de la « concurrence déloyale ». À commencer par l’émergence il y a quelques années des Airbnb et autres logements de particuliers proposés à la location à la nuitée sur des plateformes en ligne. Plus récemment, les métiers de la restauration font aussi face au développement de la dark kitchen. « Ce sont des entrepreneurs qui cuisinent chez eux et proposent leurs recettes à la vente, mais ils ne respectent pas forcément les règles d’hygiène et de sécurité, notamment sur la vente d’alcool. Ce que nous souhaitons, c’est que tout le monde ne puisse pas faire ce qu’il veut », précise Laëtitia Prevalet. La présidente pointe également du doigt l’utilisation des tickets restaurant, un avantage parfois proposé par les entreprises à leurs collaborateurs, dans les grandes et moyennes surfaces. « C’est un manque à gagner pour la restauration de plusieurs dizaines de milliers d’euros. L’idée, c’est de mettre en place une réglementation en différenciant par exemple les cartes paniers des tickets restaurant. » 

Énergie : la loi de finances 2024 rebat les cartes 

Après deux années de hausse des prix de l’énergie, l’assemblée générale était également l’occasion de faire le point sur les tarifs de l’électricité. Avec un prix moyen compris entre 75 et 85 € du MWh, les tarifs de l’électricité actuels renouent avec ceux de 2021. « C’est plutôt une bonne nouvelle », relève Laurent Boulay, responsable du secteur régional des cafetiers, hôteliers et restaurateurs chez EDF. Côté gaz en revanche, si le niveau des fournitures a tendance à s’amenuiser, la facture, elle se maintient. En cause, « la baisse du nombre de clients gaz donc pour entretenir ses réseaux, GRDF augmente sa part sur les factures », admet Laurent Boulay. 

La dernière loi de finances 2024 a également rebattu les cartes en matière d’aides et de plafonnement tarifaire. « On ne parle plus de bouclier ou d’amortisseur pour les TPE, mais bien de prix plafonné. Il est de 230 €/MWh, que vous soyez en tarif bleu ou jaune. Pour les PME et PMI, il est de 250 €/MWh », précise par ailleurs Laurent Boulay avec insistance. La fin progressive de l’exonération de la TICFE depuis le 1er février 2024 vient toutefois amoindrir la récente bouffée d’oxygène offerte par une conjoncture plus clémente. « Un client qui consomme 200 MWh paiera à la fin de l’année 4 100 € de TICFE donc cela a un impact direct sur vos factures », calculait Laurent Boulay. Si les décrets d’application n’ont pas encore été votés, un nouveau modèle de marché de l’électricité verra par ailleurs le jour à l’horizon 2026. Pour les clients qui auraient signé des contrats au plus mauvais moment, à savoir à partir du 1er avril 2022, de nouvelles aides ont aussi été mises en place par l’État. 

*L’Union interprofessionnelle représente es métiers de la restauration, de l’hôtellerie, les cafetiers et discothèques de l’Ain.

Margaux Balfin