POISSONS DE DOMBES
Une bouffée d’oxygène pour la filière piscicole dombiste

Après une sécheresse catastrophique pour les étangs de Dombes qui devait menacer d’asphyxie la filière toute entière l’an passé, cette dernière a su rebondir grâce à la réactivité de tous ses acteurs et l’aide des collectivités.
Une bouffée d’oxygène pour la filière piscicole dombiste

« De mémoire de dombiste, nous venons de passer une année historique pour la pisciculture. Toutefois la fédération de notre filière a permis notre survie », souligne Francis Ballandras, le président de l'Apped (Association de promotion du poisson des étangs de la Dombes) qui a tenu son assemblée générale le 9 juin dernier à Péronnas, conjointement avec celle du syndicat des étangs de la Dombes. Grâce à la réactivité de tous, la filière a pu éviter le pire. Ainsi que l'explique Stéphane Mérieux, le président du syndicat : « une sécheresse exceptionnelle de cette ampleur aurait dû mettre à mal, voir détruire notre filière. Nos « marchands », avec une baisse de collecte de 50 %, risquaient de disparaître. Heureusement, Département et Région ont encore été à l'écoute de nos demandes et ont participé très activement au maintien et au sauvetage de notre filière. Tous les acteurs ont été pris en compte et je tiens particulièrement à les remercier ! ».

Entre novembre 2016 et octobre 2017, il est tombé l'équivalent de la moitié de la pluviométrie d'une année normale. Les conséquences ont été dramatiques pour les étangs et le poisson : faible reproduction naturelle, déficit de croissance, niveaux d'eau insuffisants et manque d'oxygène... Les baisses de volume sont alors estimées à plus de 40 % par rapport à une année normale. Un chiffre qui a pu toutefois être limité grâce aux investissements réalisés depuis 2014 sur les étangs afin de pouvoir conserver l'eau : électricité, aérateurs, consolidation des chaussées, etc. Heureusement la filière a pu bénéficier d'aides exceptionnelles de la Région et du Département à hauteur de 713 750 €.

Forte progression de la valorisation locale

En 2017, 629 t de poissons ont été collectées et valorisées dans deux marchés différents : le repeuplement, pour 273 t et la consommation, pour 356 t. Les poissons de Dombes sont soit transformés dans des ateliers adhérents à l'Apped (pour 82 t), soit dans des ateliers situés hors région ou hors Apped (274 t) essentiellement dans la région du Sundgau dans le Haut-Rhin, mais aussi dans la Brenne. Si le rendement net et la marge brute kg/ha ont été pratiquement divisés par deux depuis 2014, par contre le point fort à souligner est la multiplication par quatre de la valorisation locale du poisson (77 t). « Notre pari de développer la carpe régionalement se confirme encore cette année », souligne Francis Ballandras ; « des poissonneries spécialisées dans le poisson d'eau douce se développent dans les départements voisins, en Isère, Haute-Savoie, Saône-et-Loire et le nombre de magasins de producteurs explose en région Auvergne Rhône-Alpes. Dans ce contexte, les perspectives sont nombreuses pour notre carpe et nos entreprises ont su saisir cette opportunité ». A noter que le Fumet des Dombes a été récompensé l'an passé par le prix coup de cœur innovation catégorie frais à Quimper lors des Assises de la mer, pour son médaillon de carpes. Homards Acadiens et la Sarl Fenouillet développent également la transformation de la carpe avec des volumes en constante augmentation : 77 t en 2017 contre 20 t en 2014.

Patricia Flochon

 

 

Chiffres clés 2017

629 t de poissons collectés (- 27 % / 2016, - 38 % / 2014)
64 % de carpes sur la collecte totale, soit 433 t
43 % valorisés en repeuplement, soit 273 t
57 % valorisés en consommation, soit 356 t
560 étangs pêchés (adhérents de l’Apped)
158 kg/ha de rendement net (contre 240 kg en 2016)
218 €/ha en marge brute (362 € en 2016)
77 t valorisées en Poissons de Dombes en région AURA (37 t en 2014)

 

 

En bref...

Livre blanc de la filière

Grâce au 2livre blanc financé par le Département (2017 – 2021) pourra continuer de bénéficier de 800 000 € de crédits annuels. 99,8 % des subventions ont été utilisées en 2017 et 78 % ont déjà été attribuées en 2018.

Commission de conciliation

Une commission de conciliation a vu le jour l’an dernier, dont l’organisation a été confiée au syndicat des étangs de la Dombes. Elle permet de gérer les éventuels conflits liés à la gestion de l’eau, de favoriser le règlement amiable des différents entre les personnes concernées et de  rendre des expertises concernant la gestion des étangs. 

Cormoran

Grâce au soutien du Département, la réalisation d’une étude a été confiée au Gipsa, centre de recherche à Grenoble et à l’Ecam, école d’ingénieurs de Lyon, afin d’imaginer un appareil de lutte contre le cormoran. L’objectif pour 2018 étant dans un premier temps de détecter son arrivée sur les étangs de la Dombes. Affaire à suivre…

Nouvelles cultures sur assec

En 2017, des tests sur des nouvelles cultures, comme le sarrazin, ont été réalisés. Moins demandeuse en intrants, cette culture est bien valorisée en France et peut donc s’avérer une source intéressante de revenus supplémentaires. En 2018, un exploitant a également implanté du chanvre afin de tester cette production sur 10 ha. 

Contrat de territoire Dombes Saône

Alexandre Nanchi, conseiller régional a indiqué samedi que le contrat de territoire Dombes Saône, signé en 2018 (33 M€ alloués sur cinq ans), associant la Région et le Département, a placé au premier rang de ses priorités la structuration de la filière piscicole et l’accompagnement de l’agriculture. Une enveloppe de 500 000 € a été mobilisée par la Région pour aider la filière à investir. 

Le syndicat des étangs de la Dombes fête ses 100 ans

Le syndicat a 100 ans cette année ! Créé en 1918, il était alors appelé « la chambre syndicale ». Son but : fixer les prix des empoissonnements et l’écoulement des poissons. Il compte alors 55 adhérents. En 2015 le syndicat des propriétaires et exploitants d’étangs de Dombes change de nom pour s’appeler désormais syndicat des étangs de la Dombes, regroupant propriétaires et/ou exploitants et/ou des agriculteurs et des professionnels. De 1018 à aujourd’hui, se sont succédés à sa présidence messieurs de Monicault, de Sallmart, Jean Pingeon, Claude Rolland, Jacques Verzier, Jean-Luc Payet Pigeon et Stéphane Mérieux. (Nous reviendrons en détails prochainement dans nos colonnes, sur les actions développées par le syndicat durant ces 100 ans).