Investissements
Trois ministres pour accélérer la troisième révolution agricole

Le 6 novembre dans la Drôme, trois ministres (Agriculture, Recherche, Industrie) ont annoncé le déploiement de 877,5 millions d’euros (M€) sur cinq ans pour la recherche en agriculture et en alimentation.

Trois ministres pour accélérer la troisième révolution agricole
Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et l’Alimentation, a ouvert, à Valence, la table ronde sur l’investissement et l’innovation dans les secteurs agricole et agroalimentaire. A ses côtés, les ministres Frédérique Vidal (Enseignement supérieur et Recherche) et Agnès Pannier-Runacher (Industrie) ainsi qu’une partie des nombreux intervenants.

Accélérer la troisième révolution agricole et agroalimentaire par l'innovation, voilà l’objectif fixé par le gouvernement. Pour ce faire, deux milliards d’euros (M€) sont réservés au secteur agricole français dans le cadre du plan France Relance 2030 ainsi que 877,5 millions (M€) au titre du quatrième programme d'investissements d'avenir (PIA4). Le 6 novembre, trois ministres - Julien Denormandie (Agriculture et Alimentation), Frédérique Vidal (Enseignement supérieur, Recherche et Innovation) et Agnès Pannier-Runacher (Industrie) ont choisi la Drôme pour annoncer le déploiement jusqu’en 2025 des fonds du PIA4. « Nous devons innover pour concilier trois principaux défis : nutritionnel (lien entre alimentation et santé), environnemental (adaptation au changement climatique, transition agroécologique) et compétitivité pour assurer la souveraineté alimentaire de notre pays », a dit Julien Denormandie en ouverture d’une table ronde organisée à Valence. Pour y parvenir et sortir des impasses techniques, le ministre de l’Agriculture évoque « le numérique, la génétique, la robotique et le biocontrôle », outils d’une « troisième révolution agricole qui se déroule sous nos yeux après celles du machinisme et de l’agrochimie dans la deuxième moitié du XXe siècle ».

« Une course contre la montre »

La ministre de la Recherche a mis en avant les programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) pilotés par l’Inrae (Institut national de recherche agronomique) et l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique). Il s’agit de « travailler sur les défis technologiques, savoir ce qu’il faut absolument résoudre dans les trois à quatre prochaines années pour notre agriculture et accompagner ces découvertes vers leur mise en marché. Mieux vaut se projeter dans un avenir meilleur que de se lamenter », a estimé Frédérique Vidal. Agnès Pannier-Runacher, elle, constate qu’« agriculture et agroalimentaire français, malgré leurs atouts, perdent des parts de marché. Il faut renverser la vapeur, a indiqué la ministre de l’Industrie. Nous sommes dans une course contre la montre pour retrouver de la vigueur industrielle ». Guillaume Boudy, secrétaire général à l’Investissement, a rappelé l’intérêt des précédents PIA dans l’émergence de start-up comme Naïo, Ynsect ou encore Carbon Bee. La stratégie agricole du quatrième programme (428 M€) vise à « affermir la position de la France dans les secteurs technologiques et agroécologiques clés tout en améliorant les conditions de travail, l’attractivité et en relevant le défi environnemental », a-t-il expliqué. Le volet sur l’alimentation durable et favorable à la santé (449,50 M€) du PIA4 entend, lui, « promouvoir l’émergence de leaders technologiques de la foodtech pour une alimentation plus équilibrée et diversifiée ».

« Se concentrer sur les urgences »

Le secteur des agroéquipements est appelé à évoluer, ont indiqué lors de la table ronde les représentants d’Axema (industriels de l'agroéquipement) et de Robagri (filière robotique agricole française). L’argent du PIA4 servira à prospecter sur l’intelligence artificielle, les drones, les capteurs, l’exploitation d'images satellitaires, les objets connectés, les outils de diagnostic et d'aide à la décision… L’Institut national de recherche agricole (Inrae) fixera une priorité de recherches sur le biocontrôle, a annoncé son président. Le représentant des industries alimentaires (Ania) estime nécessaire de redevenir leader à l’export et de résorber le déficit de protéines produites en France, tant animales que végétales. Des recherches sur les ferments du futur et le microbiote seront lancées, d’autres sur les nouveaux emballages écoresponsables. « L’attente de moyens pour accomplir les transitions est forte dans le monde agricole, a fait remarquer Dominique Chargé, président de La coopération agricole. Il y a 400 000 solutions à inventer, c’est-à-dire une par exploitation. » Pour Sébastien Windsor, président de l’APCA (chambres d’agriculture), « l’innovation est à emmener dans toutes les cours de ferme ». « Les agriculteurs sont impatients et attendent des solutions, a fait remarquer Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta (instituts techniques agricoles). Il faut prioriser les projets et se concentrer sur les urgences afin d’éviter la disparition de filières sur nos territoires. » Seule voix discordante de cette table ronde, celle de la Confédération paysanne pour laquelle « l’urgence est d'installer un million de paysans d'ici dix ans. » Réponse du ministre de l’Agriculture : « La jeunesse de France est passionnée par l’innovation, laquelle est un moyen de faciliter les installations en agriculture ».

Christophe Ledoux