RETRAITES
Comment les retraités vivent le confinement ?

La Section Départementale des Anciens Exploitants Agricoles, plus que jamais soudée en cette période de crise.
Comment les retraités vivent le confinement ?

Ils ont été actifs, leur vie ils l'ont passée à l'extérieur leur travail d'agriculteur l'imposait. Une fois la retraite sonnée, ses anciens agriculteurs sont restés unis et c'est avec plaisir qu'ils aiment se retrouver le temps d'un voyage, ou tout simplement pour une visite d'un lieu connu. René Geoffray, président de la Section départementale a su les fédérer. Mais depuis le 15 mars, date du confinement, leurs vies ont changé. Certains se retrouvent seuls, un conjoint décédé, une épouse hospitalisée, alors il faut gérer le quotidien et surtout passer des journées entières seuls sans sortir. Comment s'en accommodent ils ?

 

 

René Geoffray 78 ans, Tramoyes, président de la Section des Ancien Agriculteurs de la FDSEA

 

René Geoffray, président de la Section des Ancien Agriculteurs de la FDSEA

« Je m’occupe beaucoup au sein de la section »

Des projets il en a René, même si tout est en sommeil pour cause de confinement. Récemment mandaté pour représenter la région Auvergne Rhône-Alpes il a assisté au 45e congrès de la section nationale des anciens exploitants qui s’est déroulé à Paris le 10 mars. « Nous étions une centaine de personnes, Christiane Lambert est venue soutenir notre projet concernant les retraites. Nous menons des actions chaque jour pour que nos retraités obtiennent 85% du smic » rappelle René. Il reconnaît toutefois avoir laissé de côté le dossier retraite : « La crise sanitaire passe en priorité ». Alors, lorsqu’il ne jardine pas, René prépare l’avenir pour le jour où le confinement sera levé, « je suis très actif au sein de la section des anciens. Je téléphone aux plus faibles régulièrement ». Il manie bien l’ordinateur et répond à ses nombreux messages. 

« J’ai cette chance d’avoir mes enfants, petits-enfants et arrières petits-enfants proches de moi. Nous habitons tous dans le même rayon, nous évitons le contact mais nous nous parlons souvent ». Il s’occupe aussi beaucoup à l’extérieur dans sa propriété ou sur son ordinateur « nous travaillons à distance avec mes collègues de l’Association « Swing sous les étoiles » chargée d’organiser un festival de musique sur 5 jours et qui devrait se déroulerer du 26 juin au 1er juillet, mais aura -t-il lieu? En fait, c’est une occupation supplémentaire pendant le confinement », ajoute René qui veut y croire. 

 

 

Monique Martin-Peulet 78 ans, Vonnas

 

« Je n’ai plus le plaisir de cuisiner »

 

Sa ferme auberge ouverte en 2003 avec ses chambres d’hôtes lui assurait une activité pour la journée.

 

Il est 10h30 lorsque notre appel sonne chez Monique. Une voix chaleureuse nous répond « ah ! vous êtes mon premier coup de fil, je n’avais pas encore dit un seul mot depuis ce matin ». Monique est veuve depuis la fin 2011, avec Maurice son époux, ils étaient très engagés et dynamiques au sein de la FDSEA. 

« Il a fallu digérer, la vie continue mais ce n’est pas simple. J’ai la chance d’habiter à la campagne j’ai de l’espace un jardin, mais le lien social me manque même si le téléphone sonne dans la journée et si je vais sur le net, voir des visages c’est différent ».

Monique était très occupée par le tourisme. Sa ferme auberge ouverte en 2003 avec ses chambres d’hôtes lui assurait une activité pour la journée. « Le meilleur moment c’était le petit déjeuner, je voyais du monde, je discutais. Après Je nettoyais, je repassais. J’avais environ une centaine de nuitées pour deux personnes de réservées à l’année. Mais là plus de réservation ».

Occuper ses journées

Monique, qui a été très active au sein du Gedaf1 de 1981 à 83, avait l’habitude de rencontrer du monde. Elle cuisinait beaucoup « j’aime cela, mais je n’ai même plus ce plaisir car plus de passage chez moi. J’essaye de rythmer mes journées, car elles sont restées calées sur le rythme des vaches pour le reste de ma vie. Je suis une lève tôt ». Monique regarde la télé, avec une préférence pour les émissions culinaires. « Lorsque mon petits-fils me téléphone je lui transmets des recettes ». Ses 3 enfants et 7 petits-enfants sont très présents. « Je joue au scrabble aussi ». Mais sa trouvaille pour rompre un peu cet isolement forcé c’est l’écriture. Elle a décidé de ressortir ses photos et un gros cahier acheté en 2000. Monique y couche dessus tous ses souvenirs de vie avec Maurice, les enfants, mais aussi ses voyages. « C’est un peu une façon de leur apporter une réponse aux questions qu’ils n’ont pas toujours le temps de me poser maintenant mais qu’ils se poseront plus tard ». 

Monique reste positive et avoue que la solidarité qui émane de la Section des Anciens Exploitants lui fait chaud au cœur « Je ne reste pas un jour sans nouvelles ».

 

1Groupe d’Etudes et de Développement Agricole Féminin

 

 

Guy Manos 77 ans, Indrieux

 

« Je ne suis pas un homme d’intérieur »

 

Il se sent bien seul Guy Manos depuis que son épouse a été hospitalisée le 18 janvier à Hauteville, suite à une fracture du fémur. « Je ne l’ai pas vue depuis le 15 mars, avant j’y allait 3 à 4 fois par semaine, depuis le confinement c’est terminé. Nous nous téléphonons 2 ou 3 fois par jour, mais ce n’est pas pareil. Je sens bien que le temps lui dure, elle a hâte de revenir ici, je suis triste car je sens que c’est plus difficile pour elle que pour moi, elle discutait beaucoup avec les gens, participait à des ateliers, plus rien ne l’intéresse là maintenant ».

Cet isolement est difficile pour Guy Manos, il l’avoue « je n’étais pas un homme d’intérieur, je m’occupais de la ferme, j’avais assez de souci avec le travail au quotidien, mon épouse gérait les repas, l’intendance et surtout la paperasse ».

La paperasse, comme il dit, heureusement ses enfants ne sont pas très loin de lui et en assurent le suivi. Son fils a repris l’exploitation en Gaec avec ses cousins et des associés. Sa fille habite Ambronay. « Elle vient le mercredi et m’apporte à manger, je vais m’asseoir à la table de mon fils le week-end ». Ses petits enfants sont bien présents aussi, même s’ils ne sont plus dans les environs ils lui téléphonent.

Son quotidien

Le petit village d’Arandas et ses environs tant primés des randonneurs aux beaux jours s’est vidé. « Plus de bruit, tout s’est arrêté, c’est ça aussi qui est difficile, ne plus rencontrer personne. On apprend à se débrouiller seul mais ce n’est pas évident. Je ramasse les œufs de mes poules, je fais ma soupe. Mais les journées sont longues » confie Guy. La solitude quelque soit l’âge de la personne n’est rarement une bonne compagne. Ajoutée à l’isolement du confinement, la vie peut devenir vite un enfer. La chance de Guy Manos c’est d’avoir ses enfants bien présents et de pouvoir compter sur la solidarité de la Section des Anciens Exploitants de l’Ain. Son président René Geoffray n’oublie pas de l’appeler pour discuter avec lui.

 

Yolande Carron

 

Des projets oui mais…

Des sorties, des voyages, il y en a au programme mais seront-ils maintenus ? René veut y croire
« pour l’instant nous n’avons pas reçu de mail nous disant que tout était annulé à cause du confinement ». 
Du 27 mai au 1er juin une croisière en Italie est prévue. Le
9 juin c’est la visite de la centrale de Saint-Vulbas qui est inscrite sur l’agenda. Pour l’instant seule l’assemblée générale de la section est repoussée.