TRAVAUX DES CHAMPS
Un ensilage à l’Américaine

L’ensileuse de la Cuma de Saint-Trivier-de-Courtes était à Brienne chez Lionel Giraudet. Récit de chantier
Un ensilage à l’Américaine

Lionel Giraudet, administrateur de la Cuma, fait partie de ces agriculteurs convaincus de l'utilité de l'achat d'une telle machine. « Avant de se lancer nous nous sommes renseignés auprès d'entreprises de Bretagne. Elles nous ont confirmé que c'était vraiment une révolution pour l'ensilage », précise Lionel.

 

Bon pour la digestion

Installé depuis 2007 dans le cadre d'une reprise d'exploitation familiale, Lionel possède 250 bêtes dont 90 vaches laitières et 115 ha de cultures en autoconsommation. Son lait, il le livre à Bressor. Tout en montrant une poignée de maïs fraîchement coupé, il explique ce qui change avec cette nouvelle technique d'ensilage appelée « shredlage » pratiquée en Amérique. « Il y a une dizaine d'années, on coupait très court. Maintenant la longueur de coupe est pleinement maîtrisée, plus longue. S'ajoute un éclatage des grains qui consiste à déchiqueter le maïs pour un ensilage plus grossier. On ne retrouve plus de grains entiers dans les bouses. Le maïs est piquant et excite l'estomac. La surface de contact augmente et favorise le bon fonctionnement du rumen. Résultat : des vaches en bonne santé qui donnent plus de lait. On gagne vraiment en qualité et cela permet aussi d'économiser de la paille et du foin ».

Faire connaître l'ensileuse

La Cuma reste « open » pour pratiquer des essais chez des exploitants afin de montrer les possibilités qu'offre la machine. La comparaison sera vite faite entre leur ensilage d'avant et celui de cette année. Tout en parcourant l'immense parcelle à la recherche de l'ensileuse, Lionel a pris le temps de montrer la différence entre un maïs drainé et un non drainé. Lors des semis il respecte les zones classées Natura 2000 empêchant le drainage. « Sur ces morceaux de parcelles où le maïs est encore vert c'est 30% de moins à la récolte, on perd 4 tonnes de matière sèche ». Petit coup d'œil sur un fossé qui longe la parcelle, Lionel montre du doigt un terrier creusé par les renards et ramasse en soupirant un bout de plastique qui n'a rien d'agricole que les pluies auront chargé dans les maïs. « Et oui, la pollution ce n'est pas que les agriculteurs comme on entend souvent. C'est impressionnant le nombre de déchets que je ramasse » soupire l'éleveur. Cette année, Lionel se montre très positif pour la récolte : « dans notre secteur on a eu tout ce qu'il fallait, pluie et soleil ». C'est vrai que dans cette partie de Saône-et-Loire limitrophe avec l'Ain, les orages ont été plus fréquents et ont donné une pluviométrie suffisante pour un bon ensilage.

Dix pour un chantier

C'est Olivier, salarié depuis quatre ans de la Cuma, qui était aux commandes de l'ensileuse jaune New Holland. Il en maîtrisait parfaitement le fonctionnement et coupait ses 2,5 ha à l'heure, pendant que les copains de Lionel venus prêter main-forte avec leur propre matériel, ont récolté l'ensilage et assuré les allers-retours entre le champ et l'exploitation. Sur place, un autre tracteur se chargeait de tasser le maïs avant de le bâcher. Le chantier d'ensilage est un moment de partage et d'entraide entre agriculteurs. « Ce sont toujours les mêmes personnes qui reviennent chaque année, le jour où un pote manquera ou me dira non alors là je me ferai du souci » glisse Lionel. Le chantier est sous contrôle, tous sont rôdés à la tâche.

Yolande Carron