Trophées de l'agriculture
Sept lauréats pour célébrer l’excellence de l’agriculture aindinoise

Vitrine de l’excellence des filières agricoles aindinoises, coup de projecteur sur des agriculteurs et agricultrices innovants, la 9ème édition des Trophées de l’agriculture s’est déroulée le 12 septembre à Péronnas. Présentation des sept lauréats de ce millésime 2024.

Sept lauréats pour célébrer l’excellence de l’agriculture aindinoise
Lauréats et partenaires de cette 9ème édition, réunis le 12 septembre à Péronnas. ©PF

Après la fête de l’agriculture et la finale départementale de labour fin août, la cérémonie de remise des Trophées de l’agriculture est l’un des évènements phares de la rentrée, offrant un formidable coup de projecteur sur les initiatives agricoles et l’excellence de l’agriculture aindinoise. En préambule de cette remise de prix, une table ronde abordant les enjeux liés à la gestion de l’eau, la préservation de la biodiversité, le bilan carbone, les productions sous labels et les circuits courts…, donnait la parole à Jean Deguerry, président du Département, ainsi que Michel Joux et Gilles Brenon, respectivement présidents de la Chambre de l’agriculture de l’Ain et de la CGA (Confédération générale agricole).

L’eau, un enjeu d’avenir majeur

Le président du Département n’a pas manqué de rappeler que l’eau et la forêt figurent au premier plan des enjeux de la mandature : « Nous avons pris des dispositions assez franches en la matière. Nous faisons en sorte de moins consommer d’eau et d’énergie, notamment avec la récupération de l’eau de pluie réutilisée dans les sanitaires des collèges. Il faut que chacun s’imprègne de ces nouveaux modes de consommation. Dans l’Ain, nous avons créé le premier Comité de pilotage de la préservation de la ressource en eau. Un travail réalisé en concertation avec la préfète et les services de l’Etat. Mais il faudra un vrai courage politique. Moi aussi je suis favorable aux retenus collinaires. J’ai demandé à ce que l’on soit un département expérimental. On croit toujours que l’agriculture consomme plus d’eau que les autres secteurs, c’est faux. » Une volonté également de préserver la biodiversité : le Département a déjà labellisé 40 sites naturels en Espaces Naturels Sensibles (ENS). Et ce n’est pas Michel Joux qui contredira l’élu, appuyant ses propos : « seuls 3 % de l’eau qui tombe du ciel sont consommés pour les besoins domestiques, industriels… Il faut expérimenter des choses pour pouvoir la stocker, la réinfiltrer pour alimenter les nappes, et pourquoi pas créer des infrastructures sur les cours d’eau comme ça se fait déjà dans le Rhône. Il faudra des retenus multifonctionnelles pour concilier les usages et que ce ne soit pas toujours aux seuls agriculteurs d’investir. » Et Gilles Brenon de pousser un énième coup de gueule à propos de la vidange du barrage d’Allement : « On a là un gros stockage d’eau qui est dilapidé en quelques jours, sans le valoriser, et dans neuf ans on refera la même chose. », tout en mettant l’accent sur un paradoxe : « on dit que la nappe phréatique de la Dombes manque d’eau, sauf que les cultures ont été pénalisées cette année à cause des excès d’eau ! »

Résilience : biodiversité et carbone

A la question « quelles solutions pour réduire l’empreinte carbone ? », le président de la CGA apporte quelques éléments de réponse avec « l’implantation de nouvelles cultures adaptées au changement climatique, des mélanges, du sorgho, etc. On a cette capacité de s’autosuffire. A nous de créer les conditions pour le faire, au lieu d’importer. » Et Michel Joux de s’interroger : « Faire un bilan carbone sur une exploitation agricole, c’est bien, mais il faut savoir ce que l’on met dedans. Produire géographiquement le plus près possible de là où on consomme, c’est encore là où l’on est le plus efficient. » 

Quant à la préservation de la biodiversité, la profession agricole n’est pas en reste en matière d’arguments, ainsi qu’en témoignent Gilles Brenon : « Notre intérêt, c’est de ne pas la sacrifier » et le président de la Chambre d’agriculture : « En France, nous avons les standards de production les plus hauts du monde. Il faut donc un pacte de confiance qui soit donné à l’agriculture. On ne rappellera jamais assez l’importance de l’élevage pour préserver la biodiversité. Malheureusement on décapitalise, on perd des éleveurs et on perd de la production. C’est un schéma qui, si l’on n’y prend pas garde, pourrait mettre en péril cette biodiversité. Sans oublier la nécessité de garantir la souveraineté alimentaire. »

Agrilocal, une fierté pour le Département

Une transition toute trouvée pour le thème suivant : les circuits courts et labels. Jean Deguerry, après avoir rappelé que la marque Saveurs de l’Ain, créée en 2016, totalise aujourd’hui un peu plus de 500 adhérents, redira sa fierté quant à l’efficience de la plateforme Agrilocal (portail qui met en relation les producteurs locaux et les acheteurs publics en favorisant le circuit court en restauration collective) : « L’Ain est le premier contributeur de France. Créée en 2017, Agrilocal 01 conserve la première place sur les 37 départements adhérents à l’association nationale. C’est une vraie volonté politique. Nous devons ce succès aux agriculteurs, et notre agriculture le vaut bien. » Le Trophée Agrilocal exprime donc cette fierté pour le Département de porter haut et fort cette solidarité entre agriculteurs, producteurs et collectivités. Quant aux productions labellisées, au-delà de l’intérêt gastronomique et de notoriété, Gilles Brenon insistera sur l’intérêt pour les agriculteurs engagés dans ces démarches « d’en dégager de la valeur ajoutée. »

Patricia Flochon

Les lauréats

Trophée Agrilocal – remis par Jean Deguerry, président du Département – a été décerné à Damien Bruggeman, directeur de l’Ehpad La Montagne à Châtillon-sur-Chalaronne. Un établissement (700 repas servis par jour) qui utilise la plateforme Agrilocal 01 pour « la qualité des produits dans l’assiette et le plaisir gustatif que cela procure aux résidents ». Blandine Pioux, fille de Nicolas Pioux, paysan meunier bio  (Moulin Nicolas basé à Polliat) utilise elle aussi la plateforme, depuis 2020 : « un outil très simple d’utilisation et efficace pour commercialiser la gamme de produits issus de nos cultures. »  ©PF

Trophée de l’Avenir, remis par Gérard Cormorèche, président de la Fédération du Crédit Mutuel du Sud-Est, à : David Ray, de l’Earl de Bernoud, associé avec son père Jean, à Civrieux. Une exploitation de 112 ha de céréales ainsi qu’une production de cardons et framboises hors sol sous serre. Un trophée décerné également pour son projet de création de retenue collinaire de 10 000 m3.  ©PF

Trophée de l’innovation collective, remis par Michel Joux, président de la Chambre d’agriculture, décerné au Groupement foncier agricole mutuel (GFAm), représenté par Gilles Brenon, co-gérant du GFAm et Joëlline Guth, cheffe du service syndical de la FDSEA. Pour rappel, le GFAm se veut « une solution collective pour sécuriser le foncier agricole et en faciliter l’accès aux jeunes agriculteurs souhaitant s’installer ». Un modèle qui fait déjà ses preuves dans la Marne, département qui a une trentaine d’années d’expérience en la matière (et près de 28 GFAm déjà en place), dont s’est inspiré la FDSEA de l’Ain.  ©PF

Trophée des filières, remis par Xavier Bernard, président du groupe Bernard, à Romain Georges, L’Earl de Fetian à Beynost (céréales, production de canards et poulets label). Une exploitation qui valorise la culture de soja et de blé via Sojasun et Barilla, des filières créatrices de valeur ajoutée. ©PF

Trophée de la transmission, remis par Patrick Duperron, directeur de Région Fiducial Conseil : Matéo Lazzerini et Mathis Lionneton de l’association de la pisciculture de Chazey-Bons, qui produit près de 15 tonnes de poissons par an pour les sociétés et fédérations de pêche (truite fario et ombre commun principalement) et qui vise les 20 tonnes. ©PF

Trophée de l’agriculture biologique, remis par Julien-Boris Pelletier, directeur général de l’entreprise Moulin Marion, décerné à Jean-Luc Paquet et son fils Romaric, le Domaine LesCharmes à Sermoyer, producteurs de groseilles et cassis bio. Un duo père fils qui projette de créer un laboratoire de confection de confitures, nectar et produits dérivés. Ils produisent notamment du poivre de cassis, une épice extraite des bourgeons de cassis, appréciée en cuisine, aussi bien dans les plats sucrés que salés. ©PF

Trophée Coup de cœur, remis par Gilles Brenon, président de la Confédération générale agricole (CGA), à Pierre Barret, du Gaec Barret, élevage laitier situé sur la commune de Guerrins. Spécificité de l’exploitation : son séparateur de phase, permettant de séparer la matière solide, valorisée dans litière des vaches, de la matière liquide.  ©PF