INFLUENZA AVIAIRE
Le cahier des charges des volailles AOP modifié temporairement

Margaux Legras-Maillet
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En raison de l'épizootie, les filières n'a d'autre choix que de s'dapter. Une adaptation des pratiques validée, en concertation avec DGAL et l'INAO. 

Le cahier des charges des volailles AOP modifié temporairement
Quelque 792 000 volailles de Bresse ont été mises en place à la fin 2022 sur la zone AOP, contre 814 000 fin 2021. Photo/MLM

Une série d’arrêtés, parus le 8 janvier au Journal officiel, modifie temporairement le cahier des charges de plusieurs volailles sous signe de qualité et de l’origine (Siqo), en lien avec les mesures de prévention de l’influenza aviaire. Pour les deux volailles AOP (Bresse et Bourbonnais)*, l’obligation de placer les animaux en parcours est suspendue « tant qu'une mise à l'abri des volailles est imposée » pour prévenir la maladie. En outre, pour les volailles de Bresse, la période de « démarrage » (poussins en bâtiment) est allongée à 70 jours au lieu de 35 (avec une densité maximale divisée par deux à partir de 35 jours, à 12 animaux par m2). Durant la phase suivante (croissance et finition), la complémentation en volailles passe à 1 kg par animal maximum (au lieu de 500 g), et ce jusqu’au 98ème jour d’élevage (contre 84). La durée minimale de la période de croissance est réduite à quatre semaines pour les poulets (au lieu de neuf), six semaines pour les poulardes (au lieu de 11) et 18 semaines pour les chapons (au lieu de 23). Quant aux palmipèdes gavés en Label rouge, ils voient la conduite en bande unique assouplie (possibilité de constituer des lots avec des canetons issus de deux parquets différents, au lieu d’un seul). L’écart minimum entre deux bandes est abaissé à 14 jours, au lieu de 19.
 
Un surcoût pour les éleveurs 
 
Ces modifications prennent effet au plus tard jusqu’au 31 mai 2023. Elles ont été demandées par le Comité interprofessionnel de la Volaille de Bresse (CIVB), en lien avec les DDPP des trois départements de la zone, la DGAL et l’INAO, pour se caler à la réglementation tout en respectant le cahier des charges de l’AOP. « Ce qui est important pour nous, c’est qu’on a quand-même la possibilité d’ouvrir aux volailles au bout des 10 semaines de démarrage, sous condition d’accord du vétérinaire après visite pour vérifier la santé et le bien-être des animaux », précise Katy Molière, chargée de communication au CIVB. Les volailles seront néanmoins lâchées sur parcours réduit, les 10 m2 par volaille ne seront donc pas assurés. Un surcoût pour les éleveurs. « Parcours réduit veut dire détérioration du parcours, surtout en cette période (humidité, repousse difficile de l’herbe, etc.). On nous autorise aussi de compléter la ration. D’ordinaire on complémente très peu les volailles de Bresse, mais comme elles n’ont pas accès au parcours, ou moins, elles peuvent être très vite carencées donc il faut leur apporter ce qu’elles ne trouvent plus naturellement. » 
 
Une baisse des mises en place sur la fin de l’année
 
Hausse du coût de l’énergie, commercialisation difficile, cas d’influenza aviaire … le contexte économique et sanitaire actuel décourage certains éleveurs. « On a des baisses de mise en place. Ce n’est pas nouveau mais les crises d’influenza n’aident pas », admet Katy Molière. Avec cinq mois d’élevage et un mois de vide sanitaire entre le dernier lot et l’accueil d’un lot suivant, les éleveurs ne peuvent indéfiniment repousser la mise en place des poussins. Auquel cas, ils prennent le risque de ne pas coller aux périodes importantes pour la commercialisation. Avec les cas d’influenza aviaire, plusieurs mises en place ont donc dû être annulées sur la zone AOP. « Il va falloir vacciner très vite, souligne Katy Molière. Le problème, c’est qu’on en est encore à la phase d’expérimentation, qu’ensuite il faut produire les vaccins et certaines filières risquent d’être prioritaires. Notamment pour des raisons de fragilité. On le voit, les palmipèdes sont bien plus fragiles que les gallinacées. » À ce titre, le CIVB maintient sa candidature pour bénéficier d’une campagne de vaccination. 

Un cygne contaminé en Saône-et-Loire

Après celui de Fleurville le 21 décembre dernier, un deuxième cas d’influenza aviaire en faune sauvage a détecté en Saône-et-Loire. Une zone de contrôle temporaire de 20 km autour du lieu de la découverte a été mise en place sur 47 communes de Saône-et-Loire et du Jura suite à ce cas sur un cygne, retrouvé mort le long du Doubs à Longepierre. 

Un foyer chez Pampr’œuf, deux centres d’emballage bloqués

Un cas d’influenza aviaire a été confirmé le 12 janvier dans l’élevage de poules pondeuses adjacent à l’un des centres de conditionnement d’œufs de Pampr’œuf, à Pamproux (Deux-Sèvres), indiquent les Marchés le même jour. Situé entre Poitiers et Niort, ce site comprend deux centres d’emballage : l’un pour des œufs en cage et relié à l’élevage touché, l’autre traitant des œufs alternatifs issus d’autres exploitations. En raison du foyer, les deux centres de conditionnement sont « paralysés » pour «plusieurs jours», ajoute le média du groupe Réussir Agra. Ce blocage pourrait provoquer des « ruptures en rayon », selon les Marchés: Pampr’œuf produit environ 20 % des œufs vendus en grandes surfaces, et le marché des œufs était déjà sous tension ces dernières semaines du fait des conséquences de l’épizootie. 
Agrapresse