DEVELOPPEMENT
Les coops investissent et diffusent l’innovation

Pour répondre à la demande de leurs clients, s’adapter aux différentes évolutions ou pour capter de nouveaux marchés, les coopératives doivent s’assurer d’un approvisionnement qui réponde à leurs besoins. Pour cela, elles s’impliquent dans l’acte de production en conseillant et en accompagnant leurs adhérents. Elles utilisent, développent et vulgarisent de nombreuses innovations techniques et/ou agronomiques.
Les coops investissent et diffusent l’innovation

Terre d'Alliances est une société coopérative agricole de collecte et d'approvisionnement en grandes cultures, élevage et viticulture. Elle développe une vaste palette de services et d'outils à destination de ses 2 850 adhérents actifs. « En grandes cultures, elle accompagne ses adhérents vers des pratiques plus vertueuses en termes d'apport d'intrants en cohérence avec la situation et l'objectif de l'exploitation », déclare Benjamin Pariot, responsable offres et innovation. « L'objectif étant de rationaliser le recours aux fertilisants, phytosanitaires, semences pour une meilleure productivité et donc une meilleure rentabilité à l'hectare ». Terre d'Alliances propose un large panel d'outils d'aide à la décision. En début de campagne, avant l'implantation des cultures, les agriculteurs disposent d'une aide à l'optimisation de la fertilisation grâce à des plans de fumure prévisionnels à la parcelle. À partir des analyses du sol, du contexte pédoclimatique, des rendements des cultures précédentes, l'état de fertilité du sol est évalué pour établir un prévisionnel avec un plan d'apports d'intrants organiques.

Un apport azoté sur mesure

« Pour une intervention en cours de cycle, nous développons des outils de pilotage d'apport d'azote pour le blé et le colza », indique Benjamin Pariot. « Pour cela, on utilise la télédétection. Cette technologie permet d'identifier, grâce à des photographies prisent à différents stades de l'évolution de la culture, l'état de nutrition azotée. Ces images prisent par des drones guidés par satellite permettent d'établir des cartes des parcelles où apparaissent l'hétérogénéité des zones. Ce système génère des fichiers informatiques qui une fois téléchargés sur les ordinateurs des tracteurs permettent, en fonction des besoins, la modulation automatique et sur mesure des apports. Résultats, les rendements à l'intérieur de la parcelle vont gagner en harmonie augmentant de fait la rentabilité ».

La modulation pour tous les intrants

Benjamin Pariot, responsable offres et innovation à Terre d’Alliances.

 

« Be API* » est un réseau de coopératives partenaires sous l'égide d'Invivo. Il procure un accompagnement technique aux adhérents dans l'utilisation de cet outil de précision qui permet de moduler l'apport de tous types d'intrants. On procède dans un premier temps à l'analyse poussée du sol. La technique de la conductivité est employée ensuite pour mesurer le potentiel du sol. En effet, quelle que soit la parcelle considérée, celle-ci présente une hétérogénéité due à la différence de type de terrain. Analyses du sol et conductivité permettent d'établir des cartes de fertilité qui serviront de bases pour ajuster les apports d'intrants selon les caractéristiques identifiées. Ces cartes qui peuvent être téléchargées dans l'ordinateur de bord du tracteur moduleront l'activité de l'épandeur, du pulvérisateur ou du semoir. L'usage de Be API sous-entend d'être équipé d'un géo-positionnement par satellite.

Gestion des fongicides sur le blé

Pour garantir l'été sanitaire du blé, Atlas est un outil prédictif. Il s'agit d'un algorithme qui intègre une multitude de critères agro-météorologiques tels que la variété de la semence, la date des semis, le type et le travail du sol. Il s'applique à la parcelle et mesure le risque d'apparition des maladies sur le blé. Au cours de la campagne, les informations délivrées par Atlas permettent de piloter l'apport de fongicides ainsi que leur efficacité. Il représente ainsi une aide véritable à la décision d'intervention, à la gestion des doses. L'ensemble de ces outils est centralisé au sein d'Atland, un dispositif de gestion parcellaire qui permet aux producteurs de maîtriser la traçabilité de ses productions. C'est un élément de communication avec le technicien de la coopérative qui lui apporte son conseil. L'agriculteur bénéficie également de l'assistance du technicien agro-environnemental pour la maîtrise de toutes ces aides à la décision.

 

*API pour agriculture de précision intraparcellaire

 

Jura Mont-Blanc

Décloisonner les savoirsJura Mont-Blanc

« Les coopératives partagent et font circuler les innovations », explique Yannick Dumont, président de Jura Mont-Blanc.

Président de Jura Mont-Blanc, Yannick Dumont résume par une formule simple le rôle de la coopérative en matière d’innovations agronomiques : « Nous sommes à la fois preneurs et donneurs d’informations et de services, nous les captons et nous les donnons ».
« Dans ses pratiques culturales, comme en élevage et jusqu’au produit fini, les questions que doit se poser l’agriculteur et qui restent les seules valables sont les suivantes : de quoi je dispose déjà et de quoi j’ai besoin ? Autrement dit, le rôle d’une coopérative à ce niveau n’est pas du tout d’être un simple agrofournisseur mais un apporteur d’ensemble, de méthodes et de conseils éprouvés », souligne-t-il. La coopérative Jura Mont-Blanc est  considérée depuis longtemps par les chambres d’agriculture, les autres acteurs de la coopération et les instituts de recherche comme une référence en tant qu’initiatrice et partenaire d’essais  concernant les cultures fourragères et céréalières ainsi que celles de maïs.  « Cette transversalité obéit à la nature même de nos productions en territoire des Savoie et dans l’Ain, à savoir un système de polyculture-élevage, ce qui nous rend forcément attentifs à toutes les innovations agronomiques », commente Yannick Dumont. « Et puis nous savons ici ce que veut dire produits de qualité : le non-OGM, la réduction des IFT, les cahiers des charges stricts de nos fromages sous signe de qualité constituent à la fois un socle et un état d’esprit qui, il faut le reconnaître, nous ont donné un temps d’avance dans la pratique d’une agriculture raisonnée ».
La coopérative Jura Mont-Blanc travaille ainsi avec Arvalis, Terre Inovia, l’Ucapa (l’union des coopératives de l’Ain), les chambres d’agriculture afin d’acquérir et valoriser les données pertinentes issues de la mise en œuvre de plateformes d’essais culturaux (fourrages, céréales et maïs), le tout complété par de nombreuses visites de ces essais proposées aux adhérents. La coopérative participe également au réseau Dephy et au développement de solutions agronomiques permettant la réduction des intrants (biocontrôle, semences mellifères, interculture).  Le N-tester a fait également son entrée sur les parcelles via InVivo afin de proposer un test de cultures pour piloter le 3e passage d’azote sur blé.  Jura Mont-Blanc est à l’écoute des attentes de ses adhérents. La Journée de l’herbe et la Journée des moissons, avec des présentations d’essais sur parcelles, explications de méthodes et démonstrations d’équipements, sont des événementiels très appréciés et suivis.  À l’échelle régionale, la coopération travaille aussi sur cette donne fondamentale du service global, de l’information jusqu’à la fourniture de produits, apporté grâce au digital. L’arrivée d’une marketplace est annoncée pour janvier 2019.

Armelle Lacôte