ORGANISATION D'ELEVAGE
Un nouveau président à la tête d’Ain Génétique Service

Ain Génétique Service, Bovi-Coop et Acsel Conseil Elevage ont tenu leurs assemblées générales le 6 décembre à Ceyzériat. Retour sur les points forts de l’exercice écoulé.
Un nouveau  président à la tête d’Ain Génétique Service

Pour Alain Vuaillat, le président d'Ain Génétique Service, l'assemblée générale du 6 décembre avait, selon ses propres dires « une saveur particulière » puisque c'était la dernière. Après vingt ans en tant qu'administrateur et dix années à la présidence, il a fait le choix de passer le flambeau. Son successeur, Lionel Carrier, éleveur laitier en Gaec sur la commune de Prémeyzel était élu samedi dernier, au lendemain de l'AG, pour lui succéder. « Lionel Carrier nous a fait part de son intention de prendre la présidence et par conséquent nous avons pu réaliser une année de tuilage nécessaire pour comprendre les mécanismes de la coopérative. Il possède toutes les qualités pour assumer cette tâche même si il aura la contrainte de l'éloignement, le Bas-Bugey étant vraiment excentré. Je suis sûr de sa réussite et lui souhaite bonne chance », soulignait vendredi Alain Vuaillat. Côté chiffres, Ain Génétique Service affiche un résultat négatif de l'exercice 2018/2019 de – 54 182 €. Les inséminations accusent une baisse de – 3,4 % pour les inséminations premières (40 851 IAP) et de – 2 % pour les inséminations totales (70 238 IAT). Près de 10 000 semences sexées ont été mises en place (- 10,7 %), dont 186 semences sexées mâles (en hausse de 33,8 %). Le suivi repro, de plus en plus demandé par les éleveurs, a franchi la barre des 60 000 actes. Le RZUE (règlement zootechnique européen), attendu courant 2018/2019 accuse un sérieux retard, la refonte du code rural n'ayant toujours pas été votée. « Le ministère de l'agriculture patauge pour agréer les nouvelles OS alors que les OS historiques ont bien du mal à se positionner dans une stratégie de rupture. Il faudra pourtant avancer pour continuer à apporter les services attendus par les éleveurs. L'inscription aux différents livres généalogiques, l'indexation, la collecte des données, le conseil et la génétique sont autant de points capitaux pour la compétitivité de nos élevages », rappelait Alain Vuaillat. Alors qu'Umotest a obtenu son agrément en tant qu'OSUE en juillet dernier, l'année 2019 restera dans les annales avec plus de 10 000 animaux exportés par le groupe Coopex-Umotest.

 

Olivier Mevel, spécialiste des relations au sein des filières.

L'activité engraissement fragilisée

Si Bovi-Coop accuse un léger recul de son activité (- 1,33 %), elle affiche une bonne santé financière avec un résultat net de 73 796 €. Ce sont plus de 81 800 bovins qui auront été commercialisés durant l'année écoulée, dont 52 % de veaux. Ombre au tableau : « Nous voyons une nouvelle fois notre activité engraissement, créatrice de valeur ajoutée sur notre territoire, fragilisée, en baisse de 4,3 %. Le fonctionnement de nos caisses de régulation ne suffit pas à compenser la perte de rentabilité », souligne son président, Régis Favier. Et de poursuivre : « J'ai annoncé lors de nos assemblées générales de section, espérer beaucoup des propositions de nos clients abatteurs sur le rajeunissement de l'âge des animaux valorisés au sein de la filière Jeunes Bovins. Les informations de ces dernières semaines ne sont pas rassurantes, la contractualisation promise ne se met pas en place, nous sommes attentifs mais prêts à nous engager si un prix du kilo de carcasse rémunérateur nous était proposé... ». Autres menaces qui continuent de planer sur la filière viande : les accords commerciaux internationaux avec les pays du Mercosur et le Ceta, et l'agribashing qui vise à toujours plus déstabiliser le consommateur dans ses actes d'achat. Point positif pour la campagne 2019/2020, un commerce vers le grand export très actif, encourageant pour les mois à venir. Comme AGS, Bovi-Coop a tenu une assemblée extraordinaire pour le retrait du type 3 « Coopérative à sections » de ses statuts et revenir ainsi au principe d'une assemblée générale unique.

Acsel : une offre de services toujours plus étendue

Acsel Conseil Elevage enregistre une baisse de 7 % de ses adhérents. En cause : des départs en retraite et arrêts de production laitière. Son résultat est cependant positif : 35 756 €, comprenant une remise globale aux adhérents de 20 000€. Ce sont aujourd'hui près de 750 élevages bovins lait et 65 élevages caprins qui utilisent ses services. Acsel valorise les données de 43 élevages robotisés et 75 élevages équipés de compteurs à lait, connectés à ses bases. Il propose également depuis le début de l'année des « solutions de monitoring » à tous ceux qui souhaitent travailler « au plus près de leur troupeau ». Sans oublier une offre de conseils toujours plus élargie avec notamment l'évaluation du comportement animal et de la santé du troupeau à partir de caméras Time lapse sur 24 h permettant d'améliorer l'efficacité économique de la nutrition et de détecter des problèmes de confort dans les bâtiments. Après la fusion réussie des services de l'Ain et de deux de Saône-et-Loire, a été établie une « nouvelle alliance stratégique » avec Loire Conseil Elevage, amenée à se déployer au travers d'un schéma de collaboration en cours de finalisation. « Cette nouvelle organisation doit nous permettre de relever plus facilement les défis de demain par une capacité accrue à innover, que ce soit dans le déploiement de nouvelles modalités de collecte de données, capteurs, GénoCellules ; par la prise en compte de nouvelles demandes ou l'acquisition de nouvelles compétences (lien sols-fourrages, bien-être animal, effets du réchauffement climatique, génomique...), ou encore en mutualisant des outils de gestion de nos entreprises », rappelait son président Michel Pivard.

 

Les présidents des coopératives réunies en assemblées générales le 6 décembre dernier.

Patricia Flochon

Mutation des attentes du consommateur, un nécessaire retour au marketing « stratégique »

Olivier Mevel, enseignant chercheur à l’université de Brest, consultant en stratégies des filières agroalimentaires et spécialiste des relations au sein des filières, expert lors de la préparation de la loi EGalim, a pointé du doigt vendredi les failles du système de négociation entre grande distribution et filières agricoles : « La LME, loi de modernisation de l’économie,  du 4 août 2008, a inoculé la déflation. Il y a eu un refus de rediscuter le seuil de revente à perte aux Etats généraux de l’alimentation. C’est une folie ! Tant que cette structure de prédation de la marge sera là, on ne pourra pas avancer ». Et d’affirmer, sans concessions que « les clés de la valeur ajoutée sont dans un juste positionnement produit / client. Il faut mesurer les attentes du consommateur. C’est fini le doigt mouillé pour sentir d’où vient le vent. Toutes les chaînes de valeur doivent être travaillées et repensées. On ne peut plus se contenter de changer les étiquettes des produits. C’est la fin du marketing transactionnel, pour le retour du marketing stratégique, relationnel. Il va falloir combler les attentes en matière de bien-être animal et de développement durable. Il faut parler véritablement au consommateur qui demande de la transparence et à être reconnecté à la nature. Or qui peut le faire, si ce n’est vous ? ».