BRESSE
André Catherin, le roi du jardin potager

Margaux Legras-Maillet
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Amoureux du jardinage depuis son enfance, André Catherin a remporté un prix au Concours national des jardins potagers en novembre dernier. Aujourd'hui, il est pressenti pour représenter la région Auvergne-Rhône-Alpes dans une émision de télévision. 

André Catherin, le roi du jardin potager

Il s’était distingué en novembre dernier lors du Concours national des jardins potagers* en remportant le 1er prix de la catégorie « jardins privatifs », derrière deux grands prix ex-aequo. De parents maraîchers, André Catherin est un passionné de jardinage depuis toujours. Sur les 800 m2 de potager adjacent à sa maison sur la commune de Biziat (Ain), il cultive pas moins d’une vingtaine de légumes et herbes aromatiques différents (choux, radis, poireaux, tomates, céleri, patates, romarin, etc.), sans compter toutes leurs variétés, mais aussi des fruits dans son verger et des fraises. Il avait déjà atteint une place convenable au concours « Jardiner autrement » et lorsqu’il a entendu parler de celui-ci de bouche à oreille, il n’a pas hésité à se présenter. « C’était une expérience intéressante et ça m’a obligé à modifier plein de choses dans mon jardin, confie-t-il. Ce qui n’allait pas, c’était l’esthétique, donc j’ai fait des allées en tuiles et BRF, j’ai fait du rangement en mettant les cagettes, le bidim et les outils au même endroit, etc. ». 

 Grâce à sa serre bioclimatique et ses toits de jardin, il cultive toute l’année des légumes précoces. Photo/MLM
 


Des légumes précoces, quasiment toute l’année
 
Deux serres de 60 m2 chacune et plusieurs toits de jardins lui permettent de cultiver et récolter quasiment toute l’année. Notamment grâce à une serre bioclimatique dans laquelle il a installé une « chaudière » naturelle. « Une serre bioclimatique doit respecter trois critères. Premièrement, elle doit être isolée au nord et à l’est avec des cartons ou autre contre le froid (lui a planter des lauriers contre sa serre pour l’isoler, ndlr). Ça c’est pour les serres tunnels, les vraies serres bioclimatiques ont un mur en moellons, et la lumière doit couvrir 2/3 du toit, au sud et à l’est. Deuxièmement, il faut réguler les écarts de température grâce à des bidons d’eau (disposés à l’intérieur de la serre, tout au long des parois, ndlr). Ça empêche de geler. Troisièmement, il faut une couche chaude. Moi j’ai mis 25 brouettes de fumier sur 5 ou 6 m3, des feuilles et déchets végétaux et du broyat (BRF). Le cœur peut monter jusqu’à 70 °C avec la fermentation, et à 50 °C à 30 cm, ce qui fait que lorsqu’on pose des cagettes dessus, le dessous est à 25 °C, ce qui est parfait pour les semis », explique André Catherin en expert. Cette couche chaude fonctionne un mois, et lorsque la fermentation est terminée, elle devient une couche sourde, elle ne produit donc plus de chaleur, mais elle ne refroidit pas. Des toits de jardin (des tunnels couverts de deux couches de nylon, puis d’une toile de bidim) lui permettent également de faire pousser des légumes précoces. De quoi manger des patates en mars-avril, plantées au 15 décembre. « Dans la serre, elles vont mettre quatre mois à pousser, contre 90 jours en temps normal, mais ça me permet d’en avoir deux mois plus tôt et ça me libère de la place pour mettre autre chose, des tomates ou des haricots par exemple ».

                                     Il expérimente aujourd’hui les tours à patates. Photo/MLM


 
De nouvelles expérimentations  
Chaque année il tente de nouvelles expériences : « Cette année, j’ai essayé les fèves, l’an dernier, c’était les radis noirs, c’était intéressant. » Mais après plusieurs années à retourner la terre, André Catherin sait aujourd’hui ce qu’il veut. Il ne bêche plus et pour le travail du sol, il se limite au binage et désherbage à la main. Il récupère aussi ses propres graines, en achète quelques-unes, de préférence non-hybrides puis réalise lui-même ses semis, d’abord en godets, puis en terre. Fervent adepte de permaculture, il n’utilise plus aucun engrais ni produit chimique. Pour l’irrigation, il récupère chaque année l’équivalent de 18 m3 d’eau grâce à des cuves, le reste il le pompe dans la source près de chez lui. 
Ce concours lui a permis de se faire connaître et il a récemment été approché par une chaîne de télévision pour représenter la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre d’une expérience autour des « tours de patates ». Si sa participation à l’émission n’est pas encore actée, le jardinier prend le projet très au sérieux et a déjà construit plusieurs tours en cagettes, qu’il a disposées de manières différentes afin de voir les inconvénients et avantages de chaque système. 

 
André Catherin aime partager et transmettre 
 
Indéfectible jardinier, cet ancien professeur de mathématiques est aussi un passionné de pêche. Après huit ans passés au Burkina Faso avec sa femme, André Catherin profite du début de l’introduction des silures en France pour lancer dans les années 1990 à Mâcon la première école française de pêche au silure dont il avait appris les rudiments sur le continent africain. « Je pêchais le silure là-bas. Quand j’ai appris en revenant qu’il y avait des silures en France, j’ai sauté sur l’occasion. J’étais très en avance par rapport aux pêcheurs français », explique-t-il. Malheureusement le succès de son enseigne n’est pas du goût de ses concurrents et le manque de soutien de ses paires conjugué aux a priori de certains pêcheurs sur la présence du silure dans les eaux françaises auront raison de son école qui périclitera douze ans plus tard. Toutefois, André Catherin a toujours gardé l’envie de transmettre. Non avare de connaissances, il est aujourd’hui encore à la tête de Safari silure à Mâcon, et « dès qu’(il) a mis en place quelque chose, il le diffuse ». Il a d’ailleurs récemment contacté le maire du village pour lui proposer de répondre à un appel à projet lancé par la Fondation d’entreprise Rustica pour promouvoir les initiatives conjuguant jardin naturel et sensibilisation au grand public. Si son projet est retenu, André Catherin souhaite lancer un jardin partagé sur la commune, en association avec le Comité de fleurissement du village, afin de faire la même chose que dans son potager avec d’autres habitants de Biziat. 
De quoi prendre son mal en patience avant de pouvoir peut-être se représenter au concours national des jardins potagers dans trois ans, comme le règlement le permet, et cette fois-ci de briguer le grand prix. Le jardinier ouvrira également son potager au public lors des « Rendez-vous au jardin » au mois de juin prochain. 


 
*Conjointement organisé chaque année par l’association Jardinot, la Société nationale d’horticulture de France, la SEMAE (Interprofession des semences et plants) et la Fédération nationale des jardins familiaux et collectifs.