SECHERESSE
Ressource en eau : malgré un hiver pluvieux, la Dombes va rester en alerte renforcée

Margaux Balfin
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Mardi 12 février s’est tenu le premier comité départemental Ressources en eau en séance plénière de l’année à la DDT de l’Ain. Avec un hiver très pluvieux, la majorité des nappes du département se sont rechargées, à l’exception de celle de la Dombes. 

Ressource en eau : malgré un hiver pluvieux, la Dombes va rester en alerte renforcée
Photo/MB

C’est le nouveau nom donné au comité sécheresse. Après le premier comité départemental Ressources en eau qui s’est tenu en séance plénière mardi dernier, la préfète de l’Ain et les services de l’État ont fait le point sur l’état des réserves d’eau départementales après un hiver marqué par une forte pluviométrie. Entre le 1er septembre et le 1er février, il est tombé en moyenne 921 mm contre 673 mm pour une année normale, soit 37 % d’eau en plus en cinq mois. « Ce sont toutefois des chiffres à relativiser, relève Sébastien Viénot, directeur-adjoint de la DDT. Ce n’est pas un record de pluie puisque 2023 se place au sixième rang des années au cumul de pluies le plus important depuis 1959. » Plus importantes sur la partie Est et en Bresse, les pluies ne sont également pas équitablement tombées sur l’ensemble du département : de 10 à 15 % supérieures aux normales de saison sur certains secteurs et jusqu’à 50 % supérieures. 

Un mois de février historiquement chaud : + 4,2 °C

A cela s’ajoute des températures anormalement élevées cet hiver. Avec 4,1 °C en plus par rapport aux normales de saison, le mois de septembre 2023 a été le plus chaud jamais enregistré depuis 1947. Le mois d’octobre, le troisième le plus chaud depuis le début des enregistrements météorologiques avec 3 °C en plus par rapport aux normales. En novembre et décembre, les températures moyennes ont baissé progressivement sans toutefois jamais atteindre des normales hivernales habituelles, le dernier mois de l’année affichant 2,1 °C en plus en moyenne dans l’Ain. Et le mercure a continué de monter depuis le début de l’année avec + 1,7 °C en janvier et + 4,2 °C en février. Et Sébastien Viénot de préciser : « Ce qui est clair, c’est que la végétation est plus précoce et consomme l’eau qui tombe du ciel, qui ne vient donc plus recharger les nappes. » 

Ces pluies abondantes ont permis de remplir une bonne partie des nappes du département. « Cette pluviométrie ne dit rien du printemps et de l’été que l’on aura. Les réserves sont plutôt favorables et on retrouve cette eau dans toutes les nappes, excepté pour la Dombes, mais tout dépendra de la météorologie à venir », souligne Sébastien Viénot. 

Nappe des Cailloutis : on sait que l’on ne sait rien 

Toujours en alerte renforcée, les deux zones d’alerte de la Dombes (Dombes Sud et Dombes-Certines-Nord) restent le point noir du département. Demandée depuis longtemps par la profession agricole, une étude devait pourtant permettre de comprendre son comportement de rechargement. Des résultats ont bien été présentés en janvier 2023 par la préfète de l’Ain à la presse, restée sur sa faim. « Nous avons tout de même appris des choses, note Sébastien Viénot. Nous savons qu’il y a un écoulement lent dans un environnement très perturbé avec beaucoup de relief. L’écoulement est compliqué. » Pratique ? Pas de quoi en tout cas remplir une dent creuse. Et Chantal Mauchet de justifier : « Nous n’aurons jamais de modèle mathématique à suivre donc il faut faire avec ». 

Alors que la Dombes a les pieds dans l’eau, le déficit de pluie depuis quatre ou cinq ans ne permet pas de recharger la nappe d’après les relevés piézométriques. Quant aux neuf nouveaux piézomètres installés par le Département en juin 2023 dans la Dombes et la Plaine de l’Ain, ils n’entrent pour l’instant pas en ligne de compte dans la prise de décision. « Nous n’avons pas assez de recul et de moyens de comparer les niveaux relevés par ces piézomètres. On estime qu’il faut environ dix ans, donc nous les prendrons progressivement en compte », précise Sébastien Viénot. En tout cas les arrêtés sécheresse continuent eux de pleuvoir. 

Un nouvel arrêté-cadre départemental en projet

Au regard des éléments étudiés en session plénière, le comité départemental restreint proposera rapidement un nouvel arrêté à la préfète pour signature qui entrera en vigueur à partir du 1er avril prochain. Chantal Mauchet a déjà prévu de maintenir les zones d’alerte eaux souterraines « Dombes Sud » et « Dombes-Certines-Nord » en situation d’alerte renforcée. Un nouvel arrêté-cadre département hors axe-Saône est également en projet (voir encadré). 

IRRIGATION AGRICOLE/ Que contiendra le prochain arrêté-cadre sécheresse en matière ?

Toujours à l’état de projet, les propositions du futur arrêté-cadre sécheresse départemental (hors axe Saône) ont été présentées mardi 12 février lors du comité départemental de la ressource en eau. Soumis à consultation du public du 3 au 23 février, il devrait être prochainement signé par la préfète de l’Ain dans les jours qui viennent. 

Cette première ébauche introduit plusieurs évolutions. 

Entre autres, une « certaine souplesse, en situation d’alerte, pour les prélèvements en eaux souterraines ». Concrètement, pour les irrigants en réseaux collectifs : 

-        Pour les cultures de céréales, oléagineux et protéagineux : aucun changement n’est a priori prévu. Les prélèvements seront toujours interdits du samedi 12 heures au lundi 6 heures. Les irrigants individuels ;

-        Pour les autres cultures : les irrigants auront le choix entre ne pas prélever en eaux souterraines entre 11 heures et 17 heures ou de réduire du débit de référence* de 25 % sur chaque station de pompage au choix au moment du passage en alerte et pour toute la période d’alerte. Attention, si c’est la seconde modalité qui est retenue, l’Asia devra le signaler à la DDT dans les 48 heures après la parution du premier arrêté plaçant une zone en situation d’alerte, pour chacune des stations de pompage. 

Concernant les irrigants individuels, pour les cultures de céréales, oléagineux et protéagineux, ils auront le choix de ne plus prélever du samedi 12 heures au lundi 6 heures ou chaque jour de 11 heures à 17 heures, au choix, au moment du passage en alerte et pour toute la période d’alerte. De même si c’est la seconde modalité qui est retenue par l’irrigant, il devra en avertir la DDT dans les 48 heures après la parution du premier arrêté plaçant une zone en situation d’alerte. 

Le projet d’arrêté-cadre implique également « une mise en compatibilité » des mesures prises localement avec le guide national des adaptations relatives à l’irrigation agricole. L’arrêté-cadre actuel ne prévoit pas de limitation horaire en cas d’utilisation de goutte-à-goutte ou de micro-aspersion ou de paillage. Dans le projet du nouvel arrêté-cadre, une adaptation sera appliquée uniquement pour les prélèvements d’eau pour l’horticulture, les cultures expérimentales des organismes scientifiques, agricoles ou universitaires. A savoir : pas de limitation horaire en alerte et alerte renforcée si utilisation de système d’irrigation localisée (type goutte-à-goutte, micro- aspersion). Cette adaptation n’est pas autorisée en crise sauf pour les semences et plants (autorisé de 20 heures à 9 heures).