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Négociations commerciales : des bonnes intentions aux actes

Les syndicats agricoles majoritaires et La Coopération agricole déplorent un manque de volonté de la part des distributeurs à renégocier leurs tarifs avec les industriels malgré la signature d'une charte d'engagements.

Négociations commerciales : des bonnes intentions aux actes
Yannick Fialip, le président de la commission économie à la FNSEA. ©Haute_Loire_paysanne

« Si des hausses de tarif ne sont pas passées très rapidement, la durabilité des filières sera remise en cause », alerte Yannick Fialip, le président de la commission économie à la FNSEA. La FNSEA et Jeunes agriculteurs (JA) sont ressortis « abasourdis et en colère devant le comportement de certains distributeurs » de la réunion hebdomadaire au ministère de l'Agriculture consacrée au suivi des « nouvelles négociations commerciales » le 8 avril. « Une semaine après la signature de la charte, certaines enseignes sont prêtes à bafouer son contenu sans aucun scrupule », affirment-ils dans un communiqué commun. Le 31 mars, les fédérations représentant les industriels et les distributeurs avaient signé une charte engageant leurs adhérents à respecter de grands principes dans le cadre de la réouverture de leurs contrats.

Un décalage avec le reste de l'Europe

La continuité de l'activité des entreprises est remise en cause face à la montée de leurs charges qu'elles peinent à répercuter vers la distribution, ne cessent de marteler les organisations professionnelles de l'industrie agroalimentaire. Dans les rayons français, l'inflation des prix des produits alimentaires (+ 2,8 % sur un an en mars selon l'Insee) est en décalage par rapport au reste de l'Europe. « Dans certains pays, elle atteint même 10 à 12 %, là où la répercussion des hausses de charges est plus réactive », souligne le communiqué de la FNSEA et de JA. « Le nouveau contexte économique créé par la guerre en Ukraine impose une renégociation immédiate si l'on veut assurer la continuité des approvisionnements alimentaires », insistent les syndicats. « La distribution n'a absolument pas conscience de ce qui se joue pour la santé des entreprises, déplore le président de La Coopération agricole, Dominique Chargé. La charte ne traduit que des intentions. Les distributeurs jouent d'artifices pour reporter le sujet et restent dans leur logiciel de guerre des prix. » À titre d'exemple, la FNSEA et JA font savoir que des distributeurs exigeraient « dès maintenant de revoir les prix à la baisse dans quelques mois ». Or, « le retournement des marchés n'est pas à l'ordre du jour » sur les intrants agricoles et les hausses « ne vont pas s'arrêter de sitôt », anticipent-ils. En pleine épidémie d'influenza aviaire, des enseignes expliqueraient à la filière volailles « qu'il faudra attendre plusieurs semaines pour conclure des hausses de tarifs ». Selon des sources concordantes, les opérateurs se plaindraient particulièrement de difficultés avec les distributeurs Leclerc et Carrefour.

J.G