PORTRAIT
Le porc noir Gascon s’élève aussi dans l’Ain

A Confrançon, Benjamin André élève des porcs noirs Gascon ainsi que des veaux de lait nourris sous la mère. Une viande haut de gamme commercialisée chez des artisans bouchers qui jouent la carte du local et de la qualité.
Le porc noir Gascon s’élève aussi dans l’Ain

A 29 ans, Benjamin André fait partie de cette génération de jeunes éleveurs passionnés, soucieux de produire des animaux qui donneront une viande de très haute qualité gustative. Benjamin s'est installé le 1er janvier 2017. Il reprend alors l'exploitation familiale suite au départ en retraite de son père qui produisait déjà quelques porcs noirs Gascon « pour le plaisir ». Sur une SAU de 90 ha (des prairies permanentes et 10 ha de céréales valorisées en autoconsommation) il élève une cinquantaine de limousines et dix laitières destinées à nourrir les veaux de lait.
Lorsque l'on arrive sur l'exploitation, les cochons sont là, en totale liberté, répartis dans des parcs en fonction de leur âge et de leur croissance. Deux parcs sont réservés aux reproducteurs : six truies et deux verrats. La nurserie a quant à elle été aménagée dans d'anciennes porcheries, d'où les jeunes sortent à l'âge d'un mois et demi (selon la saison). Son Bepa et Bac pro CGEA(1) en poche, Benjamin André a effectué deux stages dans des élevages de porcs naisseurs engraisseurs avant de s'installer. « Après on apprend sur le tas », souligne ce jeune très attentif au bien-être de ses animaux.

Croissance lente et viande persillée

Il commercialise aujourd'hui environ 50 cochons par an, produits en exclusivité pour la Boucherie du Centre, basée à Bourg-en-Bresse. Il faut quinze mois pour élever un porc noir Gascon.
« Cette race, le porc noir du Bigorre, est à croissance très lente, ce qui donne une viande savoureuse avec du gras persillé. C'est l'Angus (2) des cochons. Il faut donc rationner les animaux doucement pour que la viande se persille avec le temps, et qu'à l'inverse elle ne présente pas de gras de couverture excessif », explique Benjamin. La ration se compose pour un tiers d'orge aplati et deux tiers d'aliment complet acheté ; soit 1,5 kg d'aliment. Les deux derniers mois la ration est réduite à 1,3 kg afin de « gérer le gras de couverture ».
« C'est une race très résistante qui ne nécessite pas de vaccination, ni d'apport en fer qu'elle trouve dans le terrain. Je les vermifuge simplement, une première fois lorsqu'ils sont jeunes et ensuite aux deux tiers de leur vie », ajoute l'éleveur. Pas de queues ni de dents coupées non plus car étant en liberté, les animaux sont très sociables et ne sont pas soumis au stress. Une portée produit en moyenne sept porcelets vivants sevrés.

Des productions à forte valeur ajoutée

A quinze mois, les porcs atteignent130 kg de poids vif. Ils sont alors achetés à l'éleveur au prix de 2,80 € le kg vif. Les veaux de lait, sont commercialisés à l'âge de quatre mois et demi – cinq mois, à un poids de 135 kg de carcass e, pour une rémunération de 7 €/kg. « Le prix est fixe toute l'année, aussi bien pour les cochons que pour les veaux. Je vends également mes génisses au boucher à prix fixe », précise Benjamin qui est pour l'heure double actif, salarié à mi-temps d'une exploitation qui élève des bovins allaitants, avant de pouvoir investir davantage pour développer sa production et être totalement autonome.
Du côté du boucher, la satisfaction est pleine et entière. Pour Philippe Pochon, artisan boucher depuis 35 ans (la Boucherie du Centre), la qualité, l'approvisionnement local, le respect et le bien-être de l'animal, ont toujours été au cœur des priorités. La boucherie, qui fait partie du réseau Etik'table, travaille cette viande d'excellence de porc noir Gascon en filet mignon, côtelettes, saucisses natures ou au piment d'Espelette, jambon, civier, saucisson à cuire, terrine... pour le plus grand plaisir d'une clientèle avertie et exigeante.

Patricia Flochon

(1) Conduite et gestion de l'exploitation
(2) L'Angus ou Aberdeen-Angus est une race bovine britannique, à la robe unie rouge ou noire