SÉCURITÉ
Vols dans les exploitations : un fléau encore peu maîtrisé

Ludivine Degenève
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La Chambre d’agriculture a organisé son annuel Comité agricole de territoires le 15 juin dernier à La Boisse, sur l’exploitation de Gérard et Yannick Raphanel. Élus, exploitants et forces de l’ordre se sont retrouvés pour évoquer un combat permanant pour les agriculteurs : les vols sur les exploitations.

Vols dans les exploitations : un fléau encore peu maîtrisé
Élus et exploitants se sont retrouvés à l’EARL Raphanel pour aborder la problématique des vols dans les exploitations. PHOTO/ LD

Les vols sont, dans le milieu agricole, quelque chose de très courant, trop aux yeux des exploitants. Voilà pourquoi lors du Comité agricole de territoires organisé par la Chambre d‘agriculture sur l’exploitation de Gérard et Yannick Raphanel à La Boisse, deux gendarmes ont été invités pour apporter des solutions aux exploitants et élus présents.
Dans la plaine de l’Ain, 47 vols ont été recensés entre 2019 et 2022. Dans la Dombes, 23 faits ont été déclarés en cinq ans, et 12 sur le canton de Trévoux. « La délinquance agricole représente 1 % des délinquances totales », explique Étienne Roux, adjudant-chef du groupement de gendarmerie départementale de l’Ain, cellule prévention technique de la malveillance, référent sûreté.
Deux risques sont à prendre en compte lorsqu’on parle de vol dans le milieu agricole : le vol de matériels et le vol lié à l’activité, comme les dégradations qui relèvent de l’agribashing par exemple. Du côté des exploitants, certaines mesures sont à mettre en place. « Ce sont des évidences d’enlever les clés du tracteur, par exemple. Il y a également des manières de ranger les véhicules et de les court-circuiter », enchaîne l’adjudant-chef.
Les éléments qui ont le plus tendance à être sujets aux vols sont les pièces mécaniques, le cuivre, mais aussi des légumes, des animaux, ou encore des objets électroniques tels que les GPS. « C’est peu courant, mais ça arrive. On préconise de les brancher avec de la visserie spécialisée », précise Étienne Roux, après qu’un exploitant ait expliqué que les branchements de ce genre d’objet étaient sensibles, et que les enlever tous les jours pour les ranger revenait à les endommager plus rapidement.
 
« Même avec une vidéo, j’ai porté plainte et il n’y a pas eu de suite »
 
Pour lutter contre les vols, ou du moins pouvoir signaler plus facilement les faits, plusieurs moyens de protection sont proposés par la gendarmerie. « Je voudrais insister sur la vidéoprotection des communes », continue l’adjudant-chef. Il est également possible d’installer une caméra dans l’exploitation, tant que celle-ci ne filme pas les lieux publics.
C’est à ce moment-là que le ton monte au sein de l’assemblée. « Même avec une vidéo, j’ai porté plainte et il n’y a pas eu de suite », s’indigne Marilyne Thiévon, éleveuse de vaches laitières à Rignieux-le-Franc. Étienne Roux évoque également la possibilité de se munir d’une caméra de chasse, ou de drones, bien que les exploitants aient souligné le fait que ce ne soit pas son utilisation première.
Même si la colère et la violence peuvent être les premières réactions d’un exploitant face à un délinquant, les gendarmes préconisent une attitude plus calme, de sorte à ne pas se mettre en danger. Il est donc conseillé d’interpeler le malfaiteur sans agressivité, d’appeler le 17 et de récolter le plus d’informations possible. Après avoir déposé plainte, les gendarmes demandent également de ne toucher à rien, pour retrouver plus facilement les empreintes de la personne. Malheureusement, le vol est également quelque chose de connu pour Gérard Raphanel et son fils Yannick Raphanel, les hôtes de la matinée, notamment sur les melons. « La vraie question, c’est de savoir ce que l’on fait si on attrape une personne qui a volé une remorque de melons. Elle sait très bien qu’elle ne risque rien. Je peux y aller à n’importe quelle heure, il y a quelqu’un dans les melons », s’exclame Yannick Raphanel.

L’EARL Raphanel : plus de 30 variétés de légumes
Yannick Raphanel a rejoint l’exploitation de son père en 2007. PHOTO/ LD

L’EARL Raphanel : plus de 30 variétés de légumes

C’est en 2007 que Yannick Raphanel rejoint l’exploitation céréalière de son père mais décide de se lancer dans la production maraîchère. Aujourd’hui l’EARL s’étend sur 265 ha dont 20 ha de légumes. « On a développé les légumes pour la vente directe, confie Yannick Raphanel. Mais la difficulté c’est qu’on produit quasiment de tout pour satisfaire tout le monde. » L’EARL Raphanel en produit aujourd’hui 30 variétés : concombres, fenouils, tomates, courges, brocolis, et bien sûr du melon, le produit phare de l’exploitation.
À termes, l’objectif est de vendre 75 à 80 % de légumes en vente directe. Yannick Raphanel est aujourd’hui en train de mettre en place un processus qui lui permettrait d’en produire assez pour répondre à la demande du client, mais de manière contrôlée, en cas de creux de ventes.
Les légumes représentent 10 % de la surface de l’exploitation, mais 60 % du chiffre d’affaires. Bien que la vente directe soit le crédo de l’EARL Raphanel, 20 % de la production est vendue hors de la ferme. Et Yannick Raphanel de terminer : « On est arrivé à mettre un pied ailleurs, à Annecy. »