SECTEUR MONTAGNE
Des discussions autour de la Pac et de la prédation

Ludivine Degenève
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En cette fin d’année 2022, le comité agricole de territoire montagne de la Chambre d’agriculture a organisé une réunion le 18 novembre à Belley. De nombreux sujets ont été abordés, avec entre autres de nouvelles informations sur la Pac 2023-2027 et l’actualité par rapport à la prédation. 

Des discussions autour de la Pac et de la prédation
Plusieurs organisations étaient conviées, comme la FDSEA, ou encore le syndicat ovin. PHOTO/ LD

Une réunion haute en couleur, mais néanmoins nécessaire pour proposer de nouvelles perspectives agricoles. Le 18 novembre, le comité agricole de territoire montagne a organisé une rencontre pour établir un bilan 2022 sur des sujets précis : la Pac ou encore la prédation. De nombreuses personnes étaient présentes, avec parmi elles, Delphine Gudin, chargée de territoire montagne à la Chambre d’agriculture de l’Ain, Lionel Manos, président du comité agricole de territoire montagne, Adrien Bourlez, président de la FDSEA et 1er vice-président de la Chambre d’agriculture, et Emmanuel Blanc, président du syndicat ovin du département. Le sujet de la Pac est rapidement apparu dans la discussion, et plus précisément la question des Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC forfaitaire). L’idée est d’avoir une approche progressive sur cinq ans. « Ce qui est sûr, c’est que les diagnostics devront être réalisés par une structure agréée par la Région », explique Delphine Gudin. L’objectif de ce dispositif : « soutenir les agriculteurs qui veulent s’engager dans une démarche de transition sur l’ensemble de leur exploitation pour gagner en résilience et en diversification ».

Une aide de 18 000 € par exploitation

La première année, un diagnostic initial est réalisé sur l’exploitation, « ce qui va permettre d’établir des plans d’action », d’après la chargée de territoire montagne. Ces mesures s’appliqueront lors des années deux, trois et quatre. Enfin, la dernière année servira à faire un diagnostic final. L’aide attribuée aux agriculteurs s’élève à 18 000 € par exploitation, sur le total des cinq ans, après observation des résultats demandés. Pour avoir droit à cette somme, trois options de transition sont proposées. Il y a tout d’abord une transition carbone. L’objectif est d’améliorer son bilan de 15 %. Vient ensuite la transition phytosanitaire : baisser son utilisation de 30 %, et enfin la « transition autonomie protéique ». L’idée est d’améliorer cette pratique sur quatre leviers proposés : améliorer de 15 % ses pratiques de pâturage, augmenter de 10 à 20 % la production fermière de concentrés, baisser de 10 % la matière azotée importée, ou baisser de 5 à 10 % la matière azotée achetée par unité de production. Et pour obtenir l’aide, « il faut au moins agir sur deux leviers sur quatre », confie Delphine Gudin.

Un dossier parti au national

Les questions des espèces nuisibles et de la prédation, sujets tendus sur le secteur montagne, ont également été abordés lors de cette réunion. « En ce qui concerne les Esod [Espèces susceptibles d'occasionner des dégâts, NDLR], ces espèces sont classées pour trois années, explique Lionel Manos, président du comité agricole de territoire montagne. Et souvent, on nous avait reproché d’avoir peu d’arguments sur le plan agricole. » L’objectif principal était de classer le corbeau freux comme espèce nuisible, au même titre que la corneille noire. De sorte à pouvoir l’abattre en période et hors-période de chasse, c’est-à-dire au moment de la période de semis et lorsqu’il sort du nid. Un important travail a été réalisé par la Fredon et la FDSEA pour rassembler plusieurs déclarations de dégâts, et ils ont obtenu gain de cause puisqu'aujourd’hui, le dossier du corbeau freux va passer en commission en décembre pour une publication de texte espérée en juin 2023. Après cela, l’animal devrait de nouveau être classé Esod sur le département. Le prochain débat portera sur le blaireau.

Des troupeaux de bovins considérés comme non-protégeables

Enfin, dernier sujet de discussion, mais pas des moindres : la prédation. « Pour 2022, on a 70 brebis tuées par le lynx, et le loup, à peu près une quarantaine », annonce Emmanuel Blanc, président du syndicat des éleveurs de moutons de l'Ain. Lors de leur dernière assemblée générale, le syndicat ovin a demandé à la DDT d’ouvrir un dossier sur la non-protégeabilité des troupeaux. « C’est une situation qui nous correspond dans le département et on a du mal à mettre en place des moyens de protection », continue Emmanuel Blanc. Le président du syndicat a profité de cette réunion pour rappeler que les élevages bovins sont décrétés comme non protégeables dans certains départements, faute de moyens économiques. « L’État envisage de protéger les troupeaux de bovins avec des fils électriques et peut-être avec des bergers et des chiens », précise Emmanuel Blanc. Des mesures qui reviendraient trop chères cependant pour l’élu syndical.