SYNDICAT
La FRSEA Aura en route vers sa stratégie 2025

Pour sa deuxième assemblée générale commune depuis la fusion des deux structures régionales, lundi 1er juillet à La Tour-de-Salvagny, la FRSEA Aura est revenue sur les points chauds d’actualité et sur le projet stratégique FNSEA 2025 en présence d’Arnaud Rousseau, président du groupe d’orientation.
La FRSEA Aura en route  vers sa stratégie 2025

Elle n'aura pas été une assemblée générale comme les autres. La signature de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et les pays du Mercosur le 28 juin et l'annonce de l'examen du Ceta à l'assemblée nationale le 17 juillet prochain, se sont invitées à l'ordre du jour de l'AG de la FRSEA Aura. De quoi susciter l'indignation des élus et des agriculteurs présents. « On nous demande de plus en plus d'efforts, de traçabilité et de contrôles sanitaires sur nos productions, et avec ces deux accords ce sont des milliers de tonnes de viandes issues d'élevages à l'opposé de nos pratiques qui risquent d'arriver dans nos assiettes », s'indigne Patrick Bénézit, président de la FRSEA Massif central et secrétaire adjoint de la FNSEA.

Vigilance sur le statut d'agriculteur

En présence des élus de chambres départementales et de Gilbert Guignand, président de la chambre d'agriculture régionale, un point de vigilance a été soulevé sur la définition du statut d'agriculteur élargi par le syndicat national à d'autres bénéficiaires comme les propriétaires de pension de chevaux proposant d'autres activités comme le débourrage, la promenade ou des cours d'équitation. « Il faut rester attentifs à la facilité d'accès à la formation de nos métiers. D'où l'importance d'intégrer dans la définition de notre statut d'agriculteur, l'obligation de formation initiale au-delà de la formation continue comme l'ont fait le Massif central et le Grand Bassin parisien », souligne Bertrand Lapalus, secrétaire général de la section nationale des fermiers métayers (SNFM). « La future Pac pourrait venir élargir encore à d'autres bénéficiaires le statut. C'est un point prioritaire sur lequel nous devons travailler », complète Gérard Gallot, président de la FDSEA de la Loire.

Quelle stratégie pour 2025 ?

Arnaud Rousseau, président de la FDSEA de Seine-et-Marne et de la Fop, Fédération des oléagineux et protéagineux, était invité en tant que président du groupe orientation du projet stratégique FNSEA 2025. « Ces prochains mois nous allons établir la feuille de route qui sera présentée au congrès 2020. Nous travaillerons d'ici là sur des sujets importants comme le renouvellement des générations dans des départements qui se paupérisent. La Pac, la question environnementale tout comme l'organisation des filières, la construction du prix, la relation avec les OPA et la coopération ont bien sûr leur place dans le projet stratégique national », explique-t-il. Une consultation adressée aux fédérations régionales et départementales a été lancée au mois de juin et prendra fin au mois de septembre. « Saisissez l'opportunité de dire ce qui va, ce qui ne va pas. On a besoin que vous nous fassiez remonter ce que vous vivez. Si vous avez en région Aura une expertise que vous avez développée au niveau local ou régional qui fonctionne, surtout faites-le savoir », interpelle Arnaud Rousseau. Les élus régionaux se questionnent aussi sur les conventions mises en place avec les chambres et l'inquiétude « de devenir uniquement des fédérations de services ». « À force de faire de la prestation individuelle, on risque de perdre notre identité et casser le collectif. Des fédérations de services, ça ne fait pas des militants ni des votants », alerte Thierry Cubizolles, président de la FDSEA de Haute Loire. « Si on ne conserve pas des militants et une colonne vertébrale politique, on sera illisible », conclut Arnaud Rousseau.

Alison Pelotier

Table ronde / L’après-midi des échanges ont eu lieu sur l’adaptation des organisations professionnelles agricoles face au changement climatique. Comment prendre en compte les fortes chaleurs et les caprices de la météo de plus en plus violents ? Des projets et des réflexions sont en cours.

Le projet AP3C « Adaptation des pratiques culturales au changement climatique » porté par le Copamac et le Sidam et lancé fin 2015 sur dix départements du Massif central a pour objectif d’anticiper le changement climatique sur les systèmes d’élevage.


De multiples enjeux


« Nous avons pu constater que les années à venir nous réservent des hausses de températures au printemps et en été avec une estimation de bilan hydrique qui risque de se dégrader de 100 mm à 250 mm pour les départements plus au Sud comme la Lozère et l’Ardèche. On aura sur cette période un déficit en eau sur les débuts de végétation, avec un départ rapide des cultures mais aussi des gelées tardives et des phénomènes d’évapotranspiration très importants. On parle d’une augmentation de 15 % en 50 ans », explique Frédéric Valette, vice-président à la chambre d’agriculture de Lozère, représentant Copamac Sidam. « On a de plus en plus recourt au pâturage tournant qui commence à être pratiqué dans les zones de montagne. Il va aussi falloir se questionner sur les périodes des vêlages et l’adaptation des cahiers des charges de nos AOP et IGP ».


Un accompagnement technique et humain


Jean-Luc Flaugère, président de la chambre d’agriculture ardéchoise et viticulteur dans le Sud Ardèche le voit bien : « On a gagné 30 jours en maturité de vigne en quelques années. Dans mon département, on ne s’est jamais posé la question d’arroser un châtaignier.
L’APCA nous dit que sous trente ans la culture va remonter de 300 mètres d’altitude. Il va falloir commencer à planter plus haut si on ne veut pas perdre la production ». Et d’ajouter : « Nous avons un véritable rôle à jouer dans la valorisation du stockage du carbone. C’est une question que nous abordons dans le cadre des programmes Climalait et Climfourel qui évaluent les risques sur les systèmes fourragers et d’élevage, notamment dans les régions périméditerranéennes ». Face aux phénomènes météo violents, en dehors de l’accompagnement technique, « il ne faut pas oublier l’accompagnement humain et social car quand on se prend sur la tête le genre d’intempérie qu’ont subi certains d’entre vous il y a deux semaines, les nuits sont courtes et le soutien nécessaire », lâche-t-il sans filtre. Selon les élus, la question du stockage de l’eau doit inévitablement être prise en compte. « Pourquoi nous ne nous posons pas la question de la récupération de l’eau des toits de nos bâtiments agricoles ? » questionne Pierre Picard, jeune agriculteur bovin allaitant de l’Allier. « Le changement climatique est un bon moyen de repasser un deal avec la société sur de nombreux sujets où nous sommes aujourd’hui pointés du doigt », estime Arnaud Rousseau.

A. P