INTERVIEW
Laurent Wauquiez : « Notre agriculture régionale résiste mieux que le reste de l’agriculture française »

Après la publication des résultats du recensement agricole, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, s’est attelé à faire voter le budget du conseil régional. Avec une place toute particulière qu’il a souhaité accorder à l’agriculture.

 

Laurent Wauquiez : « Notre agriculture régionale résiste mieux que le reste de l’agriculture française »
Le budget agricole est maintenu à 110 millions d’euros, auxquels s'ajoutent 20 millions d’euros en crédits de paiement pour solder tous les dossiers Feader. ©C. Pietri

Le budget de la Région a été voté en session plénière les 16 et 17 décembre derniers. Quels sont les principaux enseignements à en retenir ?

Laurent Wauquiez : « A l’heure où l’État accumule les dettes, les économies que nous avons réalisées lors de mon premier mandat nous permettent aujourd’hui de réaliser des investissements directement vers les habitants. Cette stratégie se reflète beaucoup dans le budget agricole, sur lequel nous avions décidé de ne faire aucune économie. Ce budget est maintenu à 110 millions d’euros, et nous avons décidé de rajouter 20 millions d’euros en crédits de paiement pour solder tous les dossiers Feader. En matière d’agriculture, nos principales priorités sont le renouvellement des générations, les plans de filières, l’adaptation au changement climatique, l’amélioration des circuits de commercialisation et le soutien à la filière bois. »

Concrètement, comment ces priorités vont-elles se traduire en matière d’investissements ?

L.W. : « Concernant le renouvellement des générations, nous souhaitons poursuivre l’accompagnement des installations par une dotation jeunes agriculteurs (DJA) à 44 000 euros contre 30 000 euros en moyenne en France. Pour aller plus loin, un travail de repérage des cédants et de synergie avec les lycées agricoles va notamment être mené. Pour ce qui est des plans de filières, ils sont renouvelés jusqu’à la fin de l’année. Ensuite, il s’agira de tout remettre sur la table pour envisager la suite à donner. Certaines filières, comme la volaille de Bresse ou la noix de Grenoble, auront par exemple besoin d’être soutenues. En matière d’adaptation au changement climatique, une enveloppe de 20 millions d’euros est débloquée avec une doctrine : le changement climatique ne doit pas se subir, il faut l’anticiper. En matière de circuits de commercialisation, je veux développer à la fois les circuits courts et les circuits à l’export, car on ne peut pas avoir pour seule ambition de nourrir les habitants dans un rayon de cinq kilomètres. Enfin, concernant la filière bois, je veux renforcer nos entreprises familiales, améliorer la gestion de la forêt et promouvoir l’utilisation du bois régional. »

Les chiffres du dernier recensement agricole sont sortis il y a quelques jours. Qu’en retenez-vous ?

L.W. : « Le nombre d’exploitations est en baisse, c’est indéniable. Dans notre région, le sujet majeur est l’élevage, notamment laitier, car il demande une certaine densité d’exploitations et une capacité à travailler en commun. Je retiens aussi que la baisse du nombre d’exploitations est moins forte en Auvergne-Rhône-Alpes qu’ailleurs. Cela prouve que notre agriculture régionale résiste mieux que le reste de l’agriculture française. La surface agricole utile n’a pas baissé et nous avons conservé une taille d’exploitation familiale. Nous avons réussi à enclencher une dynamique de renouvellement des générations avec 1 700 nouvelles installations par an. Tous les éléments sont là pour surmonter ce gigantesque défi qu’est le renouvellement des générations. Les choses sont claires : pour la prochaine enveloppe Feader, priorité absolue à la DJA ! »

La dynamique d’installation dépend aussi d’un climat de confiance pour les jeunes agriculteurs désireux de s’installer. À l’adresse des éleveurs d’ovins, vous avez récemment annoncé le financement d’un comptage alternatif du loup, où en est-on ?

L.W. : « Les choses sont officiellement lancées, il s’agira d’un financement réalisé à 100 % par le conseil régional. Notre objectif, c’est d’enjamber le comptage de l’Office français de la biodiversité (OFB) pour apporter la démonstration que le loup est présent partout. L’enveloppe allouée à ce comptage est de 1 million d’euros. Nous sommes en train de travailler à la mobilisation d’un réseau comprenant des agriculteurs ou encore des louveteries. Nous réfléchissons aussi à l’utilisation des technologies par drone, avec l’objectif de lancer ce comptage dès 2022. Il faut aujourd’hui que les pouvoirs publics entendent enfin la détresse des éleveurs en cessant de laisser leurs animaux se faire égorger. Je le répète : le loup n’est pas compatible avec le pastoralisme ! »

Propos recueillis par Pierre Garcia