Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a présenté le 11 août, les derniers relevés des nappes souterraines. Presque les trois-quarts des nappes restent sous la normale.
« 72 % des nappes sont en dessous des normales de saison et 20 % à un niveau très bas (19 % en juillet 2022 ndlr) » au 1er août, selon le BRGM. Un chiffre comparable à celui de juillet 2022. « Nous sommes en période de vidange des nappes et les pluies de juillet n’ont eu quasiment aucun impact sur le rechargement des nappes », a indiqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. « Seules 3 % des nappes sont en hausse, 8 % sont stables et les autres sont déficitaires. Les tendances sont très proches de juillet 2022 », a-t-elle insisté. Les seules zones à avoir bénéficié des pluies de juillet sont un quart Nord-Ouest de la France (Bretagne, et Pays de la Loire notamment) et d’une partie du Nord-Est (Alsace). Elles bénéficient des nappes dites réactives, c’est-à-dire situées sous des zones de sable et de calcaires karstiques dans lesquelles les eaux de pluies s’infiltrent rapidement.
Les nappes inertielles
En revanche, les nappes inertielles suitées sous des zones de craie consolidées, c’est-à-dire très denses (Bassin parisien, Rhône, Saône, Artois, Sud Alsace…) sont peu sensibles aux pluies « à moins qu’elles ne soient exceptionnelles comme en juin 2021 », a expliqué Violaine Bault. Entre le moment où la pluie tombe et le moment où elle rejoint la nappe, il peut s’écouler au moins trois mois. Plus encore, car en ces périodes estivales, la végétation est très gourmande en eau et la capte au passage. Les pluies de juillet ont cependant été bénéfiques « car elles ont permis d’alléger la pression, c’est-à-dire de réduire les prélèvements au profit de l’irrigation et du tourisme ». Surtout, la France ne parvient plus à recharger ses nappes comme elle le faisait il y a encore quelques années pendant les périodes automnales. Dans les vallées du Rhône et le Saône, les recharges sont déficitaires depuis quatre ou cinq ans. Au bout du compte, les nappes inertielles se dégradent lentement pour atteindre, dans certains lieux, des situations préoccupantes. Les étiages se sont de plus en plus tardivement et le risque de voir des cours d’eau à sec en octobre est réel. À cette sécheresse vient se greffer, sur les côtes, le risque d’incrustation saline, c’est-à-dire, l’intrusion d’eau de mer, donc salée, dans les eaux douces. Elle peut se révéler problématique et même désastreuse. L’eau salée peut, par un phénomène physique complexe, s’engouffrer jusqu’à plus d’un kilomètre dans les terres et par capillarité, contaminer les champs et les cultures. L’irrigation devient aussi impossible et « il est également compliqué de dessaler cette eau pour la consommation humaine », a expliqué l’hydrogéologue.
C.S