AGROALIMENTAIRE
« Moelleux et responsable » : Harrys mise sur sa filière blé français

Patricia Flochon
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Le « Club Harrys », évènement annuel du groupe Barilla, a réuni le 18 janvier les acteurs de la filière blé Harrys au centre international de rencontres de Saint-Vulbas, témoignages à l’appui sur les défis environnementaux, avec un focus sur la biodiversité et l’agroforesterie. Du blé au pain de mie… décryptage.

 « Moelleux et responsable » : Harrys mise sur sa filière blé français
Visite de l’usine de Saint-Vulbas le 18 janvier dernier, lors du « Club Harrys ». ©Harrys

Depuis 2018, Harry mise sur une filière blé plus responsable. Avec pour mot d’ordre : utiliser des farines 100 % françaises et soutenir l’agriculture locale grâce au partenariat avec plus de 650 agriculteurs à travers sa filière « Moelleux & Responsable ». Une communication et un marketing bien ficelés caractérisent l’entreprise, avec comme phrases clés : « le bonheur est dans le blé » ou encore « chez Harrys, nous avons à cœur d’offrir à nos consommateurs un quotidien plus tendre ». Harrys ne s’en cache pas, et revendique même de faire de sa filière blé une priorité de communication. Au-delà de la démarche « séduction », on sait de quoi on parle dans le groupe Barilla, tant en termes de biodiversité, de rotation des cultures, que du choix des variétés. Avec bien sûr à la clé, une plus-value pour attirer et fidéliser les agriculteurs qui s’engagent dans la démarche. Très clairement : un système de primes encourageant, qui repose sur la mise en place par les agriculteurs d’un certain nombre de pratiques agroécologiques au sein de leurs exploitations. Les primes étant croissantes en fonction de chacun des niveaux d’engagement (un système simplifié pour arriver à un seul niveau pour la récolte 2024). La prime étant versée au moulin et ensuite déclinée jusqu’à l’agriculteur. Objectif : « acheter du blé issu des meilleures pratiques agricoles, réduire l’impact sur l’environnement et améliorer le profit des agriculteurs ». Une production basée sur un cahier des charges co-construit avec tous les acteurs de la filière, des experts en agronomie, développement durable et un organisme certificateur : Bureau Veritas.  
 
Une filière blé en progression constante et une sélection variétale qui colle aux besoins
 
La première année, en 2018, 190 agriculteurs partenaires ont produit 29 500 tonnes de blé. L’année suivante, la récolte atteignait 62 000 tonnes, pour 600 agriculteurs engagés, avec un objectif à terme de 100 000 tonnes. Objectif dépassé en 2021, avec 110 000 tonnes récoltées. Harrys achète environ 120 000 tonnes de farine par an pour ses quatre usines1 ; soit 155 000 tonnes de blé transformés dont 82 % cultivés sous filière (119 752 tonnes de blé récoltés à l’été 2022). Près de 640 agriculteurs s’engagent en moyenne avec Harrys chaque année. À la question posée le 18 janvier dernier relative au choix des variétés de blé, Fabien Guillot, directeur des achats de céréales, répondra : « Nous faisons confiance à 100 % à nos meuniers. Le fait de travailler en filière leur permet de déterminer le panier variétal en fonction des besoins de nos lignes de production. La filière est le moyen principal de travailler sur notre ressource farine pour l’adapter le mieux possible à nos besoins ». 
 
Biodiversité et agroforesterie : des stratégies concrètes  
 
Pour illustrer le travail engagé sur les défis d’aujourd’hui et de demain, le « Club Harrys » a invité à témoigner le 18 janvier, Pierre Conoir-Seznec, chargé de mission biodiversité agricole à l’association Noé (ONG créée il y a vingt ans), Charles Pautet, céréalier au sud de Dijon, ainsi qu’Hervé Martin, responsable développement filières, nouvelles cultures, HVE, à Alliance BFC2. Pour Pierre Conoir-Seznec, « l’agriculture et la biodiversité doivent être alliés, via l’agroécologie. Les agriculteurs ont un rôle majeur vis-à-vis de cette biodiversité. Tous les acteurs de la chaîne alimentaire doivent agir main dans la main ». Et Charles Pautet, producteur de blé pour Harrys sur l’une de ces parcelles, de témoigner du sens qu’il donne à sa démarche : « J’ai mis en place deux protocoles : le Leva-bag3 pour l’activité biologique du sol et des nichoirs à abeilles solitaires. Après trois ans, le bilan que j’en fais est plutôt positif. Les couverts végétaux permettent d’augmenter la vie biologique dans les sols, avec une meilleure dégradation via les Leva-bag. On retrouve également une dynamique par rapport aux insectes. Mutualiser les résultats, organiser des tables rondes, ne pourra que faire avancer les progrès ». Sur le volet agroforesterie, Fabien Guillot, directeur des achats céréales, précise que « dans le cahier des charges, les deux seuls éléments obligatoires sont de réaliser un autodiagnostic sur son exploitation et de suivre deux heures de formation sur l’agroforesterie et comment organiser un projet », ajoutant dans le même temps qu’Harrys a fait le choix de mettre en place un fonds de soutien, à hauteur d’1,5 € la tonne de blé contractualisé. Soit, pour 2024, environ 127 000 tonnes sous contrat, pour un budget de 190 000 €. Chaque coopérative partenaire ayant nommé un référent agroforesterie pour Harrys. L’objectif étant que les projets accompagnés « ne coûtent rien aux agriculteurs qui les mettent en place ». Douze projets ont d’ores et déjà été identifiés. À suivre…
 
1 Sites de production Harrys en France : Plaine de l’Ain (Saint-Vulbas), Châteauroux, Talmont (Vendée), Valenciennes.
2 L’union de coopératives Alliance BFC : Bourgogne du Sud, Dijon Céréales et Terre Comtoise.
Le Leva-bag est un indicateur global de l’activité biologique des sols par une mesure au champ de la dégradation d’une matière organique de référence