AGRICULTURE BIO
La Fnab complète son label sur la biodiversité et le social

La Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) a dévoilé le 15 février les nouveaux critères de son label maison. Un cahier des charges plus ambitieux avec lequel la Fnab espère sécuriser des débouchés aux producteurs et servir d'exemple pour de futures révisions du label national.

La Fnab complète son label sur la biodiversité et le social
Philippe Camburet, président de la Fnab. ©Fnab

« Aujourd'hui, le cahier des charges bio n'est malheureusement pas à la hauteur. Nous devons pouvoir garantir au consommateur toutes les valeurs qui sont derrière les produits. » C'est un chantier que Philippe Camburet, président de la Fnab depuis mai 2021, a repris de son prédécesseur Guillaume Riou. Un projet nommé « Bio + » par les initiés, et qui prend, depuis 2020, la forme d'un label maison développé pas à pas par la Fnab. Objectif : « Ajouter des critères qui ne sont pas encore dans le cahier des charges national pour tirer toute la bio vers le haut », résume Stéphanie Pageot, secrétaire nationale en charge du label Fnab. Nommé « Fnab. Bio. France », le label maison du syndicat sera dès 2022 complété par d'autres indicateurs, dont neuf sur les critères sociaux et onze sur la biodiversité. Un cahier des charges rénové que la Fnab espère déployer auprès de 300 exploitants en 2022. « L'idée, c'est que le contrôle soit mené en même temps que celui du label AB, pour rester dans des coûts de certification assez faibles », détaille Christophe Osmond, référent des aspects sociaux du label.

Faciliter le renouvellement des générations

Pour les critères sociaux, les exploitants auront jusqu'à trois ans pour se mettre en conformité. Point de départ essentiel pour le syndicat, une réflexion sur la « rentabilité de la ferme », notamment grâce aux outils développés par la Fnab, sera exigée dès l'engagement. En fin de première année, les candidats devront également avoir supprimé le recours au travail détaché, et prouver l'encadrement de leurs stagiaires et « woofers » (travailleurs bénévoles). À l'issue de la deuxième année, des efforts devront aussi être prouvés sur la formation des salariés comme des employeurs. Dernières marches au bout de trois ans : la suppression du statut de conjoint collaborateur et la rémunération mieux-disante des salariés. Associée à l'élaboration de ces indicateurs, la CFDT Agri-Agro a salué lors de la présentation un travail « en avance sur la réglementation européenne », notamment sur la formation et la rémunération. « L'emploi salarié progresse dans les exploitations et l'image du salarié au Smic toute sa vie ne peut plus marcher », souligne Gaël David, conseiller économique de la CFDT Agri-Agro, rappelant l'augmentation de 27 % du nombre d'ETP (équivalents temps plein) en CDD dans les fermes entre 2019 et 2020. Contrairement à la Fnab, il précise en revanche que la CFDT « n'est pas opposée au travail détaché » et qu’elle « maintient des réserves sur le statut des woofers » dans les exploitations bio. Ces critères sociaux, précise Philippe Camburet, ont vocation à rassurer le consommateur, mais aussi à montrer aux candidats à l'installation que « s'engager en bio, c'est choisir un autre métier ». Onze autres indicateurs devraient même d'ailleurs être ajoutés sur la biodiversité, confie-t-il.

Sécuriser des débouchés

Alors que certains marchés bio montrent des difficultés, revoir à la hausse les ambitions du cahier des charges bio pourrait paraître à contretemps. « Nous prenons le risque de déprécier la bio simple, mais si nous voulons faire mieux, il faut trouver des solutions », assume Christophe Osmond. Le moment ne serait d'ailleurs pas si mal choisi, complète Philippe Camburet. Car si les agriculteurs ne bénéficieront pas nécessairement de primes sur leurs produits, « le gain espéré, c'est avant tout celui du débouché ». Le label n'apportera cependant qu'une partie de la réponse à la conjoncture défavorable, reconnaît le président de la Fnab. « L'idée actuellement n'est pas de se concentrer sur la Bio +, mais bien sur la bio tout court, pour montrer ses atouts face aux produits locaux ou à la HVE. » Et de rappeler que pour relancer les marchés, le syndicat attend beaucoup des discussions en cours avec le ministère autour des CVO (cotisations volontaires obligatoires). « Les interprofessions doivent mobiliser des moyens pour nous aider dans ce rattrapage », estime Philippe Camburet.

I.L.