SALONS
Jérôme Despey : « Nous ne sommes, ni ne serons, concurrents avec le Sima »
Le 13 mars dernier, Jérôme Despey a été élu président du Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), la structure propriétaire du Salon de l'agriculture. Interview.
Vous allez reconduire en 2025, en marge du Salon international de l’agriculture (SIA), le SIA’PRO. Cela veut-il dire que vous avez été satisfait de l’édition 2024 ?
Jérôme Despey : « Oui complètement. Pour cette première édition, nous voulions nous adresser à un public de professionnels du monde agricole, agriculteurs, coopérateurs, constructeurs de matériel et de machines agricoles, institutionnels agricoles, représentants et acteurs des filières… Nous avons eu une très belle fréquentation et l’espace dédié au SIA’PRO dans le pavillon 4 s’est révélé trop étroit pour accueillir. C’est pourquoi SIA’PRO devient le Salon international des équipements et des solutions agricoles réservé aux professionnels de l’ensemble de la filière agricole et s’installe au Parc des expositions du Bourget. Il comprendra une offre complète allant du machinisme, aux équipements, composants, services, nouvelles technologies et énergies permettant de répondre aux besoins de l’ensemble des exploitants agricoles et autres professionnels du monde agricole. Le Salon se tiendra pendant trois jours, du 23 au 25 février 2025. Notre volonté est de le déployer largement et de mettre davantage l’accent sur les échanges, les prises de paroles et ainsi être une véritable vitrine de solutions efficientes et méthodes innovantes pour améliorer l'efficacité, la durabilité et la rentabilité des exploitations agricoles avec un programme permettant de partager les expertises et expériences. »
Les organisateurs du Salon international du machinisme agricole (Sima) ont fait part de leur étonnement sur ce SIA’PRO et ont modérément apprécié ce qu’ils considèrent presque comme une concurrence, selon leurs mots. Que leur répondez-vous ?
J.D. : « Je souhaite être clair et transparent. Nous ne sommes, ni ne serons, concurrents avec le Sima. Nous avons vocation à être complémentaires voire partenaires. Les organisateurs du Sima ont fait le choix, pour des raisons que je comprends, de reporter leur manifestation en 2026 à une date et un lieu pour l’heure inconnus. Avant de lancer SIA’PRO et de renouveler cet événement en 2025, j’avais pris contact avec les organisations, notamment le président d’Axema, qui représente les constructeurs du machinisme agricole. Nous avons discuté et échangé et nous avons convenu qu’il fallait répondre, en partie, à une demande importante des professionnels, ce que nous faisons avec notre nouvelle formule du SIA’PRO. Son objectif est d’être un carrefour de réflexion au travers d’une offre allant du matériel aux solutions accessibles aux agriculteurs, qu’il s’agisse de les accompagner dans la transition agroécologique, les nouvelles techniques génomiques, la robotique… SIA’PRO est un Salon régional par sa géographie, national par son intérêt et international par son offre et son attrait. À noter qu’une campagne de promotion d’envergure auprès des professionnels est prévue à l’échelle européenne par notamment la mobilisation des principaux acteurs de la filière et la venue d’agriculteurs porteurs de projets. SIA’PRO a pour ambition d’offrir à ses visiteurs une expérience conviviale à travers des moments d’échanges et de partages avec notamment une offre de restauration valorisant le terroir français et l’organisation de soirées sur le Parc des expositions. Toute l’équipe SIA’PRO est fortement mobilisée depuis son lancement et les premières réactions de l’écosystème sont positives quant à son évolution d’une part, et sa tenue au mois de février conjointement au Salon International de l’agriculture d’autre part. Le soutien de la filière et des principales organisations professionnelles contribuera au succès du SIA’PRO 2025, un événement certes complémentaire avec d’autres manifestations mais avec une originalité qui lui est propre. Je me réjouis de cette formidable opportunité pour le secteur agricole. »
Concrètement, le SIA’PRO va-t-il rester au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris ?
J.D. : « Comme je vous le disais, le SIA’PRO était à l’étroit dans le pavillon 4 lors du dernier SIA, nous nous installons donc sur un espace certes plus important au Parc des Expositions de Paris-Le Bourget mais qui restera à taille humaine. Des constructeurs et distributeurs de machinisme nous ont d’ores et déjà répondu présents pour présenter quelques-unes de leurs nouveautés. Bien entendu, des synergies entre les deux Salons sont prévues avec notamment des navettes régulières entre Le Bourget et la Porte de Versailles. Pour autant, le Salon international de l’agriculture conserve son offre BtoB. N’oublions pas qu’un grand nombre d’exposants y participent dans un but professionnel, voire institutionnel, en complément de leur présence en direction du grand public. »
Comment allez-vous vous organiser à partir de 2026, date à laquelle une partie du Parc des expositions sera en chantier ?
J.D. : « Effectivement, Viparis, propriétaire des murs du Parc des expositions nous a informés de la reprise des travaux entamés en 2015 et dont la dernière phase devrait débuter en 2026. Celle-ci va entraîner la non-disponibilité des pavillons 2 et 3. Ces deux espaces représentent, avec le pavillon 1, le cœur battant du Salon. Nous réfléchissons donc, à travers un comité de pilotage, à ce que l’impact de ces travaux soit partagé de la manière la plus transparente possible, aussi bien pour les exposants, les professionnels que pour les visiteurs. Des implantations pourraient être revues entre les différents pavillons du parc. L’objectif est de conserver un nombre de mètres carrés suffisant pour accueillir tout le monde dans des conditions optimales. Ce travail se réalise naturellement en étroite collaboration avec Comexposium et Viparis.
Élu depuis quelques mois à la tête du Ceneca, pensez-vous que le format du SIA puisse évoluer ?
J.D. : « Avec l’ensemble du conseil d’administration et des équipes, nous souhaitons mettre l’accent sur le « I » du SIA, c’est-à-dire lui donner une dimension encore plus internationale. Il existe une réelle attente de la part des professionnels, des exposants et du public dans ce domaine. Nous allons travailler à mieux structurer l’offre de partenaires étrangers et pourquoi pas, sur deux ou trois journées, mettre un pays à l’honneur. N’oublions pas non plus que le Salon international de l’agriculture est un événement privé. Or, il a tendance à devenir une tribune publique, comme nous l’avons constaté à plusieurs reprises ces dernières années. Les déambulations avec des délégations de cinquante personnes posent des problèmes et peuvent gêner nos visiteurs qui, alors, nous font part de leur légitime mécontentement. L’objectif est de mieux fluidifier les parcours des délégations qui arpentent les allées de notre Salon. Les politiques sont naturellement les bienvenus mais nous réfléchissons à élaborer une charte qui définisse les droits et devoirs de chacun pour préserver à ce Salon son côté agricole, alimentaire, festif et convivial. Nous la soumettrons au gouvernement et aux partis politiques. Pour le reste, nous reconduirons l’opération SIA’ttitude, un code de conduite collectif qui vise à ce que le plaisir de chacun passe par le respect de la tranquillité de tous ceux qui font et vivent le Salon.