PASTORALISME
Maintenir les pâturages : une question de survie !

Société d’économie montagnarde de l’Ain et chambre d’agriculture poursuivent leur dynamique pour co-construire avec les acteurs du territoire et collectivités une stratégie efficace de gestion des espaces pastoraux.
Maintenir les pâturages : une question de survie !

Société d'économie montagnarde de l'Ain et chambre d'agriculture poursuivent leur dynamique pour co-construire avec les acteurs du territoire et collectivités une stratégie efficace de gestion des espaces pastoraux.
Après cinq années de conférences et de réflexions menées en faveur d'un « développement partagé des espaces pastoraux », l'heure était au bilan, présenté le 5 décembre dernier à Port en présence des principaux acteurs du territoire. La Sema (Société d'économie montagnarde de l'Ain), qui travaille en collaboration avec les services pastoraux des départements voisins, a organisé cinq grandes conférences pastorales de 2014 à 2016 (dans le Revermont en 2014, la Haute Chaîne du Jura l'année suivante, le Retord – Colombier en 2016, le Bas-Bugey en 2017 et pour finir, la Basse Vallée de l'Ain et le Piémont du Bugey l'an dernier), réunissant près de 150 participants (agriculteurs, collectivités, associations...). Au programme de ces conférences : le partage de l'espace, concilier les usages entre agriculture et loisirs, les enjeux du pastoralisme pour le territoire, avec un thème récurrent : la responsabilité civile sur ces espaces.

20 % des surfaces menacées d'abandon !

« Dans l'Ain on totalise 22 700 ha de surface pastorale, pour 14 400 UGB (unités de gros bétail) ; 20 % de ces surfaces sont aujourd'hui menacées d'abandon. Ce sont des espaces privés pour les deux tiers », rappelait Delphine Gudin, chargée de territoire Bugey, Haut-Bugey et Pays de Gex à la chambre d'agriculture. Parmi les problématiques majeures identifiées :
« le problème de l'accès reste un point de fragilité sur la Haute Chaîne du Jura ; la vétusté des équipements sur les alpages gérés par des individuels ; le partage des chemins et sentiers, leur entretien et les responsabilités de chacun ; la sécurité des promeneurs par rapport aux animaux ; les prélèvements : chasse, pêche, cueillette ; l'organisation de grandes manifestations populaires : passage du Tour de France, rallyes... ; les nuisances causées par les rave party... ». Des pistes d'actions ont été dégagées pour améliorer le partage de ces espaces, ajoute Delphine Gudin : « Amélioration des équipements multi usages en lien avec l'Ain à Cheval et des associations de randonneurs, l'entretien des chemins, des concertations locales pour la mise en place d'un planning des manifestations, la signature de conventions de passages pour les chemins de randonnée, ou encore l'éducation et la sensibilisation des utilisateurs ».

Des actions concrètes engagées sur le territoire

« Les espaces pastoraux sont utiles aux territoires, mais ils restent fragiles », rappelle Lionel Manos, vice-président de la Sema.

 

 

A la clé : un certain nombre d'actions concrètes comme la signature de conventions de passage avec la communauté d'agglomération du Pays de Gex, des partenariats avec la communauté de communes Bugey Sud (achat de passage multi usages, charte sur le site Espace naturel sensible du Grand Colombier en lien avec le Département), une grande enquête (toujours ouverte) sur les chiens de protection des troupeaux (Sema et réseau pastoral Auvergne Rhône-Alpes). La Sema est également à l'origine d'un projet de signalétique sur le département, proposant aux éleveurs et aux collectivités des moyens de communication efficaces : flyers pour le topoguide, panneaux (alpage, goya, départ de randonnée, pâturage collectif...) et vidéos. Une réflexion est en cours au niveau départemental pour « mettre en place une nouvelle forme de collectif pastoral pour favoriser la modernisation des alpages ». Objectif : créer des associations loi 1901 d'alpagistes. Un projet est en cours sur la Haute Chaîne du Jura et la réflexion est lancée sur le Retord / Colombier. Et Lionel Manos, vice-président de la Sema et président du comité de territoire Montagne de la chambre d'agriculture de l'Ain, de conclure :
« Les espaces pastoraux sont utiles aux territoires, mais ils sont fragiles ! Ce qui va conditionner la survie de nos pâturages, c'est la réalité économique. Lorsque la pression de pâturage n'est pas suffisante, l'embroussaillement apparaît très vite. D'où l'intérêt de maintenir une agriculture dynamique ! ».

Patricia Flochon

Changement climatique : les forêts de l’Ain impactées

Selon Alain Lyaudet, technicien du CNPF, « l’Ain connaît en ce moment de grosses problématiques de scolytes sur les épicéas. Autre problème sanitaire : la chenille processionnaire du pin. Et de nouveaux prédateurs comme le capricorne asiatique, présent depuis trois ans à Divonne-les-Bains. Quant à la pyrale du buis, les buis ont disparu dans le sud du Bugey, mais sont repartis sur le Haut Bugey ». Les leviers d’action pour anticiper l’évolution du changement climatique : « favoriser les mélanges d’essences, irrégulariser les peuplements et les gérer en tenant compte de la compétition en eau et en éléments nutritifs, veiller à leur bon état sanitaire, choisir des essences forestières adaptées à la station et ne plus planter d’épicéa à moins de 800 m d’altitude ».

 

L’activité pastorale de l’Ain en chiffres

Surface : 22 700 ha – 14 400 UGB
19 AFP (Associations foncières pastorales) – 1 400 propriétaires regroupés – Plus de 3 000 ha (près de 10 500 parcelles). Trois projets en cours : à Belmont-Luthézieu (Valromey-sur-Séran), Grand-Corent et Germagnat (Nivigne et Suran).
21 GP (Groupements pastoraux) – 4 600 ha – 124 membres – 3 610 animaux estivés.

 

Le loup, disparu des radars…
Selon Jean Royer, chef de service Protection et gestion de l’environnement à la DDT, « aucune nouvelle attaque, ni nouvelles observations du loup, n’ont été enregistrées dans l’Ain depuis le 23 juin dernier ». Au total, le loup aura fait 45 victimes (43 ovins et deux jeunes veaux). Les sites d’attaque : La Burbanche (du 21 mai au 22 juin 2019), Armix et Lompnas (du 29 mai au 2 juin) et Hostiaz (du 8 au 18 juin). « Les services de l’Etat ont été très réactifs avec la mise en réseau des acteurs concernés, la prise d’un arrêté par le préfet pour des tirs d’effarouchement, et l’installation d’une cellule de veille « loup » le 12 juin basée sur celle du comité national Loup. Les crédits d’urgence 2019 ont été utilisés pour compléter le stock de clôtures électriques », souligne Jean Royer. Un comité départemental Loup est programmé pour le 31 janvier 2020. Les données sur les dommages sont disponibles sur le site de la Dreal : http://www.auvergne-rhone-alpes.developpement-durable.gouv.fr/dommages-r1326.html