ÉVÉNEMENT
Les étangs font leur Salon

Morgane Poulet
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Pour la première fois en France, un Salon des étangs se tiendra en Isère pour mettre en lumière le profil aux multiples facettes de ces lieux. Rendez-vous samedi 27 mai et dimanche 28 mai à La-Côte-Saint-André en Isère.

Les étangs font leur Salon
Le Grand Albert, plus grand étang forestier de l’Isère (un type d’étang spécifique du département), a été restauré pour permettre à la biodiversité de s’y réinstaller. PHOTO/ DR

« Au moment de sa fondation, en 1988, et jusqu’à il y a quelques années, Étangs Isère était un syndicat de défense, car les lois étaient très dures pour les étangs », explique Pierre Jouvenal, vice-président d’Étangs Isère.
Depuis, l’intérêt de l’association est aussi de montrer que les étangs sont indissociables des patrimoines français et isérois, et ce sur de nombreux aspects. C’est pourquoi elle organise le premier Salon des étangs de France au château de La Côte-Saint-André, du 26 au 28 mai, en lien avec les démarches de fonds du Département pour remettre en état les étangs isérois. 
 
Une histoire séculaire
 
« Les étangs sont d’origine humaine, constate Patrice Clavel-Morot, président d’Étangs Isère. Ils font partie d’un milieu anthropisé qui doit être entretenu par l’Homme. » Les étangs de l’Isère, comme ceux de nombreuses autres régions, étaient initialement piscicoles.
En Isère, les étangs ont été créés par les moines de l’abbaye cistercienne de Bonnevaux. « À un moment donné, le clergé a souhaité assainir des zones pour y faire de l’agriculture », explique Joël Robin, chercheur à l’Isara. Pour atteindre cet objectif, des eaux ont été rassemblées dans des trous prévus à cet effet. Ce n’est que plus tard que les moines ont pensé à intégrer des poissons aux étangs ainsi formés pour avoir une source alternative de protéines.
Des étangs ont également été créés dans les années 1960, parfois sur la base d’anciens étangs. Dans ces années-là, l’objectif était plutôt de créer des bases de pêche pour le loisir, mais également des étangs pour des activités de loisir en tout genre. « Finalement, l'Isère s'est orientée vers ce mouvement de création d’étangs de loisirs plutôt que le Forez ou les Dombes, où les étangs sont restés essentiellement piscicoles », ajoute Joël Robin.
En septembre 2020, une charte est rédigée et signée par Étangs Isère et le Département. Elle reconnaît le maintien, la valorisation et la préservation des étangs. Concrètement, elle permet la remise en vidange périodique des étangs afin de les entretenir. Un plan d’aides d'un budget annuel de 280 000 € a été créé afin de fournir un appui aux propriétaires d’étangs, pour qu’ils puissent réaliser des études ainsi que des travaux par le biais d’un conventionnement sur cinq ans.

Entretenir pour faire vivre
 
L’histoire de ces points d’eau remonte à plusieurs siècles, ce qui explique que différents types d’étangs se soient formés, attirant chacun une faune et une flore différentes. « Les usages peuvent être diversifiés pour arriver à un compromis sur un même territoire, explique Joël Robin. Mais tout étang doit être un minimum entretenu : si on en laisse un en eau pendant quarante ans sans rien faire, des arbres pousseront au milieu et l’étang aura tendance à l’atterrissement car il se remplira de matière et se transformera progressivement en sol ».
L’entretien des étangs permet également à la biodiversité de s’y développer.
La chaîne alimentaire qui en découle fonctionne bien lorsque son lieu de vie est entretenu régulièrement.

Le cas des étangs piscicoles

Étangs Isère souhaite que soient conservés des étangs piscicoles, pour se nourrir, mais aussi parce qu’ils peuvent être une source économique et touristique pour un territoire.
La loi sur l’eau a tendance à opposer les « eaux closes », comme les mares, aux « eaux libres », comme les rivières. Or, la production piscicole suppose de vidanger les étangs, donc de rejeter une partie de matières solides accumulées au fond de l’étang. « Cela gêne parfois les syndicats de rivière, par exemple, car ils considèrent que l’eau de mauvaise qualité est rejetée. Mais il ne faut pas oublier que les étangs peuvent aussi être des réservoirs d’eau pour les rivières », précise Joël Robin.
Qui plus est, l'aspect négatif des étangs piscicoles est souvent mis en avant, même si pour le chercheur, ils permettent aussi de conserver un minimum de flux dans les cours d'eau. « Des écologistes veulent protéger les amphibiens à tout prix et pour cela, il ne faudrait pas introduire de poissons, qui deviennent des prédateurs », ajoute-t-il. « Il y a un effet de chaîne alimentaire, mais on peut se demander s’il faut seulement faire des étangs pour protéger les amphibiens, cela ne doit pas forcément être une finalité. »

Une conférence sur les étangs piscicoles

Ce vendredi 26 mai, à partir de 14 h 30, une conférence sur « Les étangs piscicoles, un atout pour la biodiversité » sera animée par Aurélien Tocqueville et Jesabel Laithier de l’Itavi. L’occasion de faire le point sur les aides régionales à la pisciculture en Auvergne Rhône-Alpes. Pierre Lévisse, chargé de mission Natura 2000 à la communauté de communes de la Dombes, s’exprimera également sur le rôle des collectivités dans les dispositifs de gestion des paysages. Joël Robin, enseignant-chercheur à l’Isara et Joël Robin, ingénieur INRAe, apporteront quant à eux un éclairage sur le rôle des étangs piscicoles dans le maintien de la biodiversité.