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La pression foncière pointée du doigt aux Jeudis de l’agriculture

Margaux Balfin
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Une trentaine d’agriculteurs, élus locaux et syndicaux, ainsi que les forces de l’ordre se sont rendus au Gaec de Flevieu à Briord, pour l’avant-dernier Jeudi d’agriculture de l’année. Un rendez-vous syndical où la profession rencontre ses représentants. 

La pression foncière pointée du doigt aux Jeudis de l’agriculture
Une trentaine de personnes étaient présentes aux Gaec de Flevieu à Briord jeudi 19 octobre pour les Jeudis de l’agriculture. Photo/MB

C’est par temps plutôt clément pour la saison que Philippe Mellet et ses deux fils, Brice et Anthony, ont accueilli les Jeudi de l’agriculture sous le nouveau bâtiment de leur exploitation à Briord. Ils élèvent 130 laitières et 90 génisses Prim’Holstein et Simmental et livrent leur lait à la coopérative Sodial. 
À 21 ans, Anthony est le dernier à avoir rejoint le Gaec familial en janvier dernier. « J’ai été aidé par la Chambre d’agriculture pour mon dossier et je me suis installé après une formation Gaec et un stage de 21 heures. Au total, j’ai aussi obtenu 38 200 € de la DJA de l’ancienne programmation », explique-t-il. 
Alors que la Dotation jeunes agriculteurs (DJA) est dans la première année de sa nouvelle programmation, c’est tout naturellement que le sujet de l’installation s’est immiscé dans les discussions. Justin Chatard, président des JA de l’Ain, l’un des syndicats organisateurs de l’événement avec la FDSEA, en a profité pour rappeler que la DJA régionale était la plus haute de France. 
 
Le Piémont, un secteur bientôt « sinistré »
 
Toutefois, trouver des repreneurs n’est pas toujours chose aisée, malgré les aides. Le nombre d’installations aidées ne devrait pas excéder 25 dans l'Ain en 2023, contre 45 à 55 d’ordinaire. Dans certains secteurs comme le Piémont, la situation inquiète des agriculteurs. À l’instar de Roger Tétaz, ancien exploitant agricole à Saint-Germain-les-Paroisses : « Nous sommes en plein cœur de la vallée du Gland. Notre secteur sera bientôt sinistré avec des cessations sans reprises. » Aujourd’hui, il appelle la Chambre d’agriculture à recenser les futurs cédants afin d’anticiper et de trouver des jeunes à installer. « On voit régulièrement des anciens s’y prendre un peu tard. Ils doivent impérativement réfléchir à leur cessation en amont », ajoute Théo Morin, membre du bureau JA. 
 
La concentration des terres décriée
 
Mais c’est surtout la pression foncière qui a été pointés du doigt. « Il faut que les agriculteurs fassent l’effort de laisser des terres pour que des jeunes puissent s’installer. Le problème n’est pas tant de trouver des jeunes mais du foncier », relève Xavier Vincent, agriculteur et maire de Saint-Martin-de-Bavel.  
Avec 400 000 € d’investissement moyen sur le département, le coût d’une installation ne facilite pas la transmission, d’autant plus en période d’inflation et de hausse des charges, consent Justin Chatard. Et Gaëtan Richard, trésorier de la FDSEA et élu à la Chambre d’agriculture, de surenchérir : « Il y a deux choses : le manque de surface, et le manque de visibilité à long terme sur les filières. Le gros enjeu aujourd’hui, c’est la rentabilité. On parle par exemple beaucoup de l’HVE, mais pour quelle rentabilité ? On se rend compte qu’on ne sait pas vers quel modèle agricole se tourner, et les politiques ne se positionnent pas clairement à ce sujet ».
C’est pourquoi, autre que le recensement des cédants, la FDSEA et les JA ont entrepris la création d’un Groupement foncier agricole mutuel (GFAM) pour maîtriser le foncier et l’orienter en faveur de nouvelles installations.