AGRIBASHING
Complément d’Enquête se penche sur des exemples aindinois

Jeudi 27 février, le magazine de France 2, Complément d’Enquête, sera consacré aux rapports en l’agriculture et la société, sur le thème : « Mal aimés, mal payés : qui veut la peau des paysans ? ». Une partie de l’émission a été tournée dans l’Ain, avec notamment un focus sur la marque Viande des Pays de l’Ain.
Complément d’Enquête se penche sur des exemples aindinois

« Ils s'étaient presque habitués aux semaines de 70 heures, aux salaires de misère, aux normes étouffantes. Mais là, c'est la goutte de trop : les Français ne les aimeraient plus ! La FNSEA, leur principal syndicat, dénonce haut et fort l'agribashing.
A cause des militants écolo et des activistes vegans, et avec la bienveillance des médias, les 450 000 agriculteurs seraient désormais perçus comme des pollueurs, des empoisonneurs, des éleveurs cruels avec leurs bêtes.
Au point de devenir des cibles ? Le ministère de l'Intérieur a créé la cellule Demeter, en charge de lutter contre les agressions ou les intrusions des militants animalistes. Mais la profession n'a-t-elle besoin que de gendarmes ?
Longtemps fierté nationale, l'agriculture a-t-elle été lâchée par l'Etat ?
A l'heure des arrêtés anti-pesticides et de la concurrence mondiale, la France a-t-elle encore envie de produire son blé ou son lait ?
C'est en tout cas la volonté affichée d'Emmanuel Macron qui vante le « sol français » et la nécessaire souveraineté alimentaire du pays.
Grâce à sa loi EGalim, cultivateurs et éleveurs français allaient enfin vivre dignement, être payés au juste prix ! Un an plus tard, c'est la douche froide.Complément d'Enquête revient sur la difficile question des prix.
Voici le propos liminaire de la production de Complément d'Enquête pour promouvoir la prochaine émission prévue le 27 février en deuxième partie de soirée.
La rédaction du magazine a souhaité s'attarder sur la création récente, par une association d'éleveurs, de la marque Viande des Pays de l'Ain. L'équipe de tournage a ainsi pu interviewer son président, Jonathan Janichon, le directeur et le chargé de développement, respectivement Edouard Jannot et Louis Bougain et des éleveurs engagés dans la démarche, comme Jean-Pierre Lethenet, de Curciat-Dongalon.
L'occasion, pour Jonathan Janichon, de rappeler les fondements de cette démarche, « juste », en termes de rémunération des éleveurs et « locale », pour répondre, à une aspiration des consommateurs et développer une filière en adéquation avec les aspirations : privilégier les circuits courts.

L'occasion d'expliquer ce que les agriculteurs attendent des EGA

« Notre démarche Viande des Pays de l'Ain a été construite dans le prolongement de la loi issue des Etats généraux de l'alimentation (EGA) particulièrement sur le volet d'un prix basé sur les coûts de production, coûts qui prennent en compte la rémunération de l'éleveur. C'est ce que nous défendons syndicalement depuis plusieurs années maintenant.
La Loi issue des EGA a posé les bases de cette construction de prix dans laquelle l'on intègre les coûts de production, coûts qui ont d'ailleurs été validés par l'interprofession de la viande en ce qui nous concerne. Mais là où la loi pêche, c'est qu'elle indique que nous devons prendre en compte les coûts de production, mais ne dit pas à quel niveau. Il est donc possible de construire un prix basé à 50% sur les coûts de production et 50% sur les prix de marché. Les coûts de production sont pris en compte et la loi est respectée. Et ce point me semble finalement très dangereux. Pourquoi ne pas prendre à 100% les coûts de production ? Est-ce que l'éleveur ou le producteur quelle que soit sa production ne mérite pas d'être payé totalement pour son travail réalisé ? Comment définit-on ce pourcentage ? Comment évalue t'on ce mérite ? Comment peut-on valider tout simplement ce principe de ne pas être payé totalement ce qui nous est du.
Si nous, profession agricole, acceptons de ne pas prendre 100% du coût de production en compte, alors nous ouvrons la porte aux négociations. Il y aura toujours quelqu'un pour accepter 50, puis 40 puis 30%.... Pour au final se faire de la concurrence entre nous même.
Ou alors, cela signifie que le coût de production est trop élevé, mais il me semble que nous avons le droit de gagner 1.5 smic...
C'est pourquoi notre démarche est claire de prendre à 100% le coût de production, et laisser le prix de marché de côté, ou le plus petit possible. Il me semble d'ailleurs important que la profession agricole s'engage sur cet objectif », résume le président de Viande des Pays de l'Ain, en espérant vivement que ce discours soit entendu par le plus grand nombre.

Plus d'infos : [email protected] et www.programme-television.org/magazine/information/complement-denquete