SOLIDARITÉ
Donner son sang, un engagement citoyen

Patricia Flochon
-

Auvergne Rhône-Alpes conserve la 1ère place en matière de collecte de sang. Dans l’Ain, si le nombre de prélèvements reste stable et l’index de fidélité des donneurs supérieurs à la moyenne nationale et régionale, le défi est de fidéliser encore davantage. Retour sur l’assemblée générale de l’Union départementale des associations pour le don du sang bénévole.

Donner son sang, un engagement citoyen
L’Union a tenu son assemblée générale le 25 mars à Champagne-en-Valromey. L’Ain totalise 58 amicales des donneurs de sang. PHOTO/ PF

L’Union départementale fédérée des associations pour le don du sang bénévole de l’Ain fêtait l’an dernier son 60ème anniversaire. Le 25 mars dernier, bénévoles, membres et responsables des amicales du département se sont retrouvés à Champagne-en-Valromey pour assister à l’assemblée générale de l’Union, présidée par Michel Tirand. « Nous sommes et vous être les maillons indispensables de cette belle chaîne de solidarité qui permet à bon nombre de nos concitoyens de garder espoir dans la guérison, voir la survie », rappelait ce dernier en préambule. Alors que l’EFS (1) lançait en 2022 plusieurs alertes au niveau national suite à la baisse des stocks de produits sanguins, Michel Tirand tient à préciser « qu’il n’y a jamais eu de pénurie » et que « la souveraineté nationale a été préservée grâce à la mutualisation inter-régions et nous pouvons être fiers que Rhône-Alpes y ait grandement contribué ». Seul bémol, si la mobilisation des donneurs se fait plus soutenue à chaque alerte lancée via les médias ou sur les réseaux sociaux, le président rappelle que « les besoins sont quotidiens et qu’il est par conséquent nécessaire d’avoir des dons réguliers », tout en évoquant parallèlement les difficultés à recruter des bénévoles. Et de s’interroger : « Pourquoi le bénévolat en général n’intéresse-t-il plus ? Pourquoi le don du sang en particulier n’est-il plus attractif alors que c’est pour le bien et la santé publique ? Nous n’avons pas la solution mais nous devons réfléchir à ces problématiques et ne pas nous apitoyer sur notre sort. D’ailleurs nous avons ici des amicales (2) qui recrutent régulièrement et nous leur demanderons de partager leur recette… Le travail finit toujours par payer et mon optimisme, conjugué à ma confiance en l’homme, font qu’il reste de l’espoir et qu’il faut le cultiver ». 
 
Éthique et enjeu de souveraineté sanitaire
 
Un optimisme partagé par Jacques Allegra, président de la FFDSB (3) qui, après avoir salué « la sublime coopération en Rhône-Alpes entre nos bénévoles et notre partenaire l’EFS », et s’être avoué « convaincu que nous détenons la recette de la potion magique qui fait de ce territoire la première région transfusionnelle de France », saisira l’occasion de sa présence dans l’Ain pour faire passer un message d’importance. « Notre modèle de transfusion sanguine est en difficulté et se doit de trouver des solutions. Pour le don de sang il y a deux chemins et pas d’autres, et il ne peut y en avoir deux en même temps. C’est soit la pérennisation de notre modèle, basé sur l’éthique, qui je le rappelle est la seule solution permettant dans le respect des donneurs de garantir aux patients le sang et médicament dérivés du sang dont ils ont besoin ; ou alors le glissement vers la rémunération et la marchandisation du corps humain à travers de fausses bonnes idées comme l’indemnisation forfaitaire des donneurs ou la fin du monopole de l’EFS sur la collecte de plasma au profit de collecteurs parallèles », rappelle-t-il. Et d’insister : « Cette solution livrerait, comme nous l’avons vu pour les masques, le paracétamol et beaucoup d’autres médicaments, notre approvisionnement en produits sanguins au bon vouloir des marchés et des laboratoires privés dont la finalité n’est pas la nôtre mais celle des résultats financiers ». Un enjeu fort qui incite la fédération nationale et les fédérations départementales à redoubler d’efforts pour communiquer et avoir plus de visibilité. À ce titre Jacques Allegra annonçait la réalisation prochaine d’un kit de communication à utiliser lors d’évènements et collectes. Un discours qui trouve écho auprès de Damien Abad, député de l’Ain : « Merci de faire vivre au quotidien notre modèle éthique. C’est une conviction profonde. On doit le défendre car il repose sur la gratuité, l’anonymat pour le donneur et le receveur, l’altruisme et le volontariat. J’avais porté une proposition de loi afin d’abaisser l’âge des donneurs. C’est à nous les élus de faire des propositions pour faciliter les démarches et répondre à l’enjeu de souveraineté sanitaire ». 

Objectif : fidéliser les donneurs

Selon Nathalie Jaussaud, responsable des prélèvements sur le site de Bourg-en-Bresse de l’EFS : « Si dans l’Ain les prélèvements ont un peu baissé en 2022, par contre dans beaucoup de vos amicales il y a eu une progression aussi bien du nombre de donneurs que de dons. L’indexe de fidélité de l’Ain reste supérieur à la moyenne nationale et régionale. Le problème reste de fidéliser les donneurs. Si chacun d’eux donnait au moins deux fois par an, nous ne serions pas obligés de lancer des appels aux dons ». Un rendez-vous à ne pas manquer : la collecte « Mon sang pour les autres » organisée les 31 mars et 1er avril à la salle des fêtes de Bourg-en-Bresse. Venez nombreux.