CUMA
Organiser un chantier collectif de récolte : un travail d’équilibriste

Organiser un chantier collectif de récolte de fourrage s’apparente souvent à un travail d’équilibriste : dans un délai restreint, il faut faire coïncider les souhaits des agriculteurs, la disponibilité des machines et de leur chauffeur et prévoir l’imprévisible, la météo.
Organiser un chantier collectif de récolte : un travail d’équilibriste

« Je gère le planning de façon artisanale, confie Alexis Perraud, directeur de la Cuma de l'Abergement Clémencia (Ain). « Les adhérents peuvent réserver le matériel sur Internet tout au long de l'année. Mais lorsqu'il s'agit d'organiser les chantiers d'ensilage, et de fauche en particulier, les plus délicats à gérer, je continue d'utiliser mes grands tableaux pour organiser la location du matériel d'une part et le planning des salariés chauffeurs d'autre part. Il existe bien un logiciel, mais je ne le trouve pas très visuel. »
À la tête de la Cuma de Biziat, Pierre-Louis Dubost consigne dans différents agendas les demandes des adhérents. La gestion informatique envisagée n'est pas encore en fonctionnement. « Pour la fauche et l'ensilage, nous fonctionnons en prestation de service complète, matériel et chauffeur, précise-t-il. Les adhérents doivent procéder à une pré-inscription au moins une semaine à l'avance. Puis dans les 48 heures précédant le chantier, on affine le rendez-vous. Ceci me permet d'avoir une vision globale de toutes les demandes pour organiser et rationaliser les déplacements. Le but est de limiter les coûts, car ceux-ci sont compris dans la location (250 € de l'heure), quelle que soit la distance. C'est un des avantages de la Cuma, les adhérents les plus éloignés ne sont pas défavorisés ».

À la demande

Le printemps avec la fauche et l'automne avec l'ensilage sont deux périodes d'énorme stress pour Alexis Perraud. Il n'est pas rare qu'il reçoive 80 à 100 appels téléphoniques en quelques jours.
« J'organise les chantiers suivant la chronologie des demandes, le premier qui appelle est inscrit en premier et ainsi de suite », indique le directeur de la Cuma. « Toutefois, pour des questions de cohérence de déplacement, il m'arrive d'intervertir l'ordre en accord avec l'adhérent bien évidemment. Cela demande, bien entendu, une connaissance précise de la localisation de chacune des parcelles. Dans mon planning, je veille à conserver un jour de "réserve" en fin de semaine, afin de pouvoir faire des ajustements en fonction des conditions météorologiques. La difficulté, c'est de satisfaire la demande des adhérents qui ont tous besoin des mêmes machines aux mêmes moments ». Pour répondre à la surcharge de travail, la Cuma embauche un ou deux chauffeurs supplémentaires. De son côté, Pierre-Louis Dubost a mis en place une permanence téléphonique tous les matins de 7 h 30 à 9 h 00. « Le téléphone permet de préserver le lien social, mais c'est très chronophage. En concentrant les appels de réservation et de prise de rendez-vous à cette heure et demie, le matin, je libère le reste de la journée pour gérer les autres tâches qui m'incombent. »

Des machines modernes et bien entretenues

Pour répondre au mieux aux attentes de leurs adhérents, les Cuma font en sorte d'adapter au plus juste leurs services. L'agriculteur loue exactement le matériel qu'il souhaite avec ou sans chauffeur. « Nous sommes très souples dans la fourniture des équipements. C'est du sur-mesure. De plus, les machines sont toujours à la pointe de la technologie, elles sont remplacées tous les dix ans. Après chaque usage, le chauffeur responsable de la machine procède à son entretien. Si l'adhérent n'est pas satisfait, il a toujours la possibilité, pour faire évoluer les choses, de faire entendre sa voix lors des assemblées générales », s'accordent à dire les deux directeurs. Une tendance observée depuis quelques années, les adhérents ont de plus en plus souvent recours à la location de main-d'œuvre pour un chantier particulier. « Des agriculteurs à la tête de grosses exploitations, suite aux regroupements de plusieurs fermes, se retrouvent quelquefois bien isolés.
La Cuma remplit désormais, de plus en plus souvent, ce rôle de service de dépannage. »

Magdeleine Barralon