Les ministres de l’Agriculture des sept pays les plus industrialisés (G7) se sont réunis les 22 et 23 avril à Miyazaki (Japon). Objectif : renforcer la coopération en matière de sécurité alimentaire.
« Nous nous engageons à promouvoir des politiques qui soutiennent une croissance durable de la productivité » afin de renforcer la sécurité alimentaire, indique le communiqué final des ministres de l’agriculture du G7 réunis à Miyazaki (Japon). Lors de cette réunion qui réunissaient les représentants du Japon, de la France, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie, du Canada et de l'Union européenne auxquels se sont joints quelques invités*, le ministre français de l'Agriculture, Marc Fesneau, a insisté sur la nécessité de renforcer la sécurité alimentaire, affirmant que « l'agression illégale de la Russie avait montré que la nourriture pouvait devenir une arme ». Cette guerre a provoqué « un choc sans précédent pour le système alimentaire mondial », ont convenu les ministres. À l’issue de leur réunion, les ministres ont appelé « à la prolongation, à la mise en œuvre intégrale et à l'expansion » d'un accord crucial pour l'exportation des céréales ukrainiennes via la mer Noire. La Russie menace en effet de ne pas reconduire, le 18 mai prochain, l’accord sur le corridor maritime en Mer Noire, Moscou estimant qu’une « liste de demandes visant à faciliter ses propres exportations de céréales et d'engrais » n'a pas été satisfaite. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, devait discuter de cet accord avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, à New York, les 24 et 25 avril.
Autosuffisance alimentaire
Le G7 agricole a également adopté un plan d'action appelé « Actions de Miyazaki » afin d'accroître la production et d'assurer la durabilité de l'agriculture et des systèmes alimentaires. La crainte des pénuries alimentaires s’est effectivement aggravée dans les pays en développement depuis le début du conflit russo-ukrainien. Des dizaines de pays connaissent une inflation à deux chiffres, tandis que 349 millions de personnes dans 79 pays sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë, a de son côté alerté Qu Dongyu, directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il a proposé la mise en place de cinq actions (lire encadré). Pour aider ces pays, outre l’aide alimentaire indispensable, la ministre canadienne de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, a estimé que « l'innovation est sans aucun doute la clé pour nourrir une population croissante et le faire de manière durable », a-t-elle déclaré évoquant l'initiative canadienne dite des « clusters », qui forme des partenariats entre l'industrie agricole, le gouvernement et le monde universitaire, avec le soutien de l'État. Cette réunion des ministres de l’Agriculture avait aussi vocation a préparer le prochain G7 qui se tiendra du 19 au 21 mai à Hiroshima. Le Japon assure la présidence tournante du G7 pour la première fois depuis 2016.
Christophe Soulard
(*) Notamment, le ministre ukrainien de la politique agraire et de l'alimentation, Mykola Solskyi (à distance) et des représentants de l'Organisation internationale du travail et de l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Les 5 propositions de la FAO
Lors de son intervention, le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, a proposé cinq actions clés. La première concerne le rôle de commerce « essentiel pour la sécurité alimentaire mondiale et toutes les nations doivent s'engager en faveur du bon fonctionnement et de la transparence des marchés », a-t-il déclaré. La FAO souhaite aussi que les pays en développement puissent mieux accéder et bénéficier du Mécanisme de financement des importations alimentaires (FIFF). Qu Dongyu a milité pour « transformer les systèmes agroalimentaires mondiaux et les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résistants et plus durables », inscrits dans l’engagement d'Elmau de juin 2022 lors du dernier G7 en Allemagne. Invitant le secteur privé « à intensifier les interventions et les investissements dans les pays et les régions les plus vulnérables afin d'éradiquer la pauvreté, la faim et la malnutrition », le directeur de la FAO a enfin prôné l'avancement de la science et de l'innovation pour accompagner les objectifs de réduction de la faim dans le monde.