AMÉNAGEMENT
Le drainage agricole impacté par le changement climatique

Patricia Flochon
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La Saaf (Société anonyme d’amélioration foncière), basée à Attignat, a tenu son assemblée générale le 20 juin dernier. Après une importante baisse du nombre d’hectares drainés en 2021, l’activité repart à la hausse. Mais comme l’irrigation, le drainage doit lui-aussi s’adapter au changement climatique.
 

 Le drainage agricole impacté par le changement climatique
Drainage de sols, travaux de terrassement, assainissement individuel, travaux forestiers, étanchéité de fossés et bassins… l’activité de la Saaf évolue. Photo/MLM

Drainage de sols, travaux de terrassement, assainissement individuel, travaux forestiers, étanchéité de fossés et bassins… l’activité de la Saaf évolue. Spécialisée depuis son origine dans les travaux de drainage, elle accuse une baisse régulière de réalisation de chantiers, sachant que le drainage représente plus d’un tiers de son chiffre d’affaires. En effet, si le nombre d’hectares drainés atteignait 922 ha en 2015, en 2021 il chutait à 282 ha, pour remonter à 480 l’an passé (pour 468 063 mètres linéaires). Des chantiers réalisés en majorité dans l’Ain (233,25 ha), mais aussi en Saône-et-Loire (201,19 ha), Haute-Saône (35,33 ha) et en Côte d’Or. Pour 2023, les commandes fermes en drainage portent d’ores et déjà sur 98,39 ha et quelque 200,55 ha supplémentaires de projets chiffrés sont en attente d’accord. Gilles Brenon, son président, se félicitait du développement de la demande en matière de travaux forestiers qui vient atténuer cette diminution : « Heureusement que l’on a cette activité, car les périodes successives de sécheresse ne nous aident pas, sans compter la procédure administrative et les démarches à enclencher derrière qui peuvent freiner certains projets ». La Saaf a effectivement investi l’an dernier dans un deuxième grappin coupeur pour réaliser en bout chaîne de la plaquette forestière. La société travaille aujourd’hui essentiellement pour des coopératives qui produisent du bois énergie et replantent suite aux coupes. 
 
Le drainage, une réglementation stricte dictée par la loi sur l’eau
 
Selon Bernard Sauret, ancien directeur de la Saaf (de 1983 à 2004), auteur d’un document retraçant les origines et de développement du drainage : « Dans l’Ain, de 1975 à 2000, près de 27 000 ha ont été drainés avec aides par l’intermédiaire de l’Association syndicale autorisée d’hydraulique agricole de l’Ain, et environ 8 000 ha drainés sans aides, sur les 278 000 ha de SAU. Le drainage est une opération d’amélioration foncière lourde qui a pour but d’éliminer l’excès d’eau par la pose de tuyaux enterrés. Sa mise en œuvre assure une meilleure exploitation des terres agricoles en régularisant, diversifiant et sécurisant la production agricole, en améliorant les conditions de travail, moins dépendantes des aléas climatiques, ainsi que la maîtrise des charges de mécanisation et intrants, ainsi que le bien-être et la santé des animaux en rendant les prairies saines ».

L’assemblée générale de la Saaf, le 20 juin, présidée par Gilles Brenon. Photo/PF

Il nous rappelle que depuis 1992 le drainage est soumis à la réglementation : « Cet encadrement assurait le respect des milieux aquatiques, tout en tenant compte des exigences agronomiques, la cohérence entre la nature du sol et le besoin en drainage. La loi sur l’eau de 1992 instaura différents types de dossiers administratifs avant l’acception des travaux. Pour toutes surfaces cumulées sur l’exploitation, si l’ensemble drainé (drains enterrés seulement) ne dépasse pas 20 ha, aucune demande n’est nécessaire. De 20 à 100 ha les travaux sont soumis à déclaration ; au-delà, à autorisation ». Une loi sur l’eau qui n’est pas sans susciter quelques craintes, ainsi que l’exprimait Jean-François Chapuis, le directeur de la Saaf : « Cette loi pose des règles supplémentaires et il faut s’attendre à un durcissement de plus en plus contraignant à l’avenir ».